De plus en plus de pays affirment que le départ de Bachar al-Assad du pouvoir, pour régler la crise syrienne, n'est plus une priorité pour eux. Affaiblie militairement, l'opposition dite modérée dispose d'une marge de manœuvre très minime à Genève. Les négociations inter-syriennes se sont ouvertes jeudi à Genève, sous l'égide de l'ONU, alors que la situation sécuritaire demeure chaotique en Syrie à la veille du septième anniversaire du début de la crise dans ce pays, le 15 mars 2011. Hier, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, a reçu la délégation du régime de Damas, dans le cadre de ces discussions indirectes, a rapporté l'agence de presse officielle syrienne Sana. "La délégation de la République arabe syrienne, présidée par Dr Bachar Jaafari, a tenu, aujourd'hui au siège de l'ONU à Genève, une séance de pourparlers avec l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, dans le cadre du 4e round des pourparlers inter-syriens à Genève", lit-on sur le site de Sana. Dans son allocution jeudi, à l'ouverture du 4e round de ces négociations, M. de Mistura, a formellement affirmé qu'"il n'y a pas de règlement militaire de la crise en Syrie et que la seule issue est le règlement politique". Tout en saluant les "avancées" enregistrées en matière de respect du cessez-le-feu, grâce notamment aux discussions d'Astana 1 et 2, il a estimé que les pourparlers de Genève sont une "opportunité historique" pour un règlement définitif et pacifique de la crise syrienne. "La réunion d'Astana a offert l'opportunité de voir s'il y a un volet politique pour aller de l'avant et il ne faut pas la rater", a-t-il déclaré dans son allocution jeudi à Genève. L'infatigable et souriant Staffan de Mistura, qui a déjà organisé en 2016 trois sessions de négociations indirectes, toutes soldées par un échec, devait rencontrer hier aussi les représentants de l'opposition dite modérée pour les convaincre d'entrer dans la discussion, et si possible en face-à-face. Affaiblie et divisée, l'opposition syrienne est tiraillée par les ingérences de certaines puissances régionales et internationales qui réclament la tête de Bachar al-Assad, avant l'entame de tout processus de transition en Syrie. Mais cette perspective s'éloigne de plus en plus, après les récentes victoires de l'armée loyale au régime de Damas, appuyées par les forces russes, l'Iran et le Hezbollah libanais. Ceci sans compter le revirement diplomatique de la Turquie, de l'Allemagne ou encore de la Grande-Bretagne qui ne font plus de l'éviction d'Al-Assad une priorité. L'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis change aussi la donne, en raison de son penchant vers la Russie. Hier encore, un conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé le changement de la vision de son pays par rapport au conflit en Syrie, dans lequel Ankara s'est impliqué militairement, en organisant la chasse aux Kurdes, sous-couvert de lutte contre le terrorisme islamiste de l'autoproclamé Etat islamique (Daech). "La Turquie ne cherchera pas la confrontation et n'envisage pas d'écarter Assad du pouvoir par la force", a déclaré Ilnur Çevik, conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, dans une interview à la chaîne Russia Today. "Le recours à la force à l'égard d'Assad n'est pas à l'ordre du jour", a-t-il insisté. Lyès Menacer