Au lendemain de l'adhésion du Maroc à l'Union africaine (UA), acté lors du 28e sommet des chefs d'Etat et gouvernement africains à Addis-Abeba, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à Alger, Bechraia Hamoudi, joint, hier, au téléphone par la Tribune, a exprimé l'espoir que cette adhésion soit un «début» pour la fin des hostilités entre le Maroc et le Sahara occidental. Insistant sur «l'échec diplomatique» du Maroc, M. Hamoudi rappelle, à cet effet, les «multiples tentatives du Maroc, notamment lors des sommets au Rwanda et à Dakar, pour déstabiliser la Rasd à l'UA et geler ses activités», trois décennies durant, depuis qu'il a claqué la porte en guise de protestation contre la reconnaissance de la République arabe sahraouie et démocratique par l'Organisation de l'unité africaine (OUA), ancêtre de l'UA. «Chose qu'il n'a pas réussi à faire», nous a déclaré le diplomate sahraoui. «Le Maroc a fini par avouer l'échec de sa politique en rentrant dans le rang africain. Et, c'est cela l'échec de la politique marocaine face à la résistance du peuple sahraoui», ajoutera-t-il. L'ambassadeur voit cependant dans l'adhésion du Maroc à l'UA une lueur d'espoir pour l'avancement de la cause sahraouie. «Le Maroc accepte désormais de siéger avec nous à l'organisation africaine. Il a signé l'Acte constitutif, acceptant le principe des frontières héritées à l'indépendance. Ce qui est une victoire pour le peuple sahraoui», se réjouit-il, émettant le souhait que «cette adhésion mettra fin à l'hostilité entre les deux pays et sera un début de perspectives meilleures pour l'indépendance du peuple sahraoui». Par ailleurs, la fondation Freedom House, organisation américaine des droits de l'Homme, note un «recul important en 2016 dans le respect des droits de politiques et civiques» au Sahara occidental occupé, classé «non libre», dans son rapport, présenté mardi dernier à Washington. L'ONG attribue le score, en matière de respect des libertés démocratiques, de «4 points sur cent, soit le plus mauvais après celui du Tibet». La fondation a intégré le Sahara occidental dans le classement des territoires occupés, dont le statut final reste encore à déterminer, une manière de rappeler à l'occupant marocain que les territoires sahraouis ne font pas partie du Maroc. Le classement s'aligne ainsi sur la position du département d'Etat américain qui avait maintenu fin 2016 les territoires sahraouis occupés dans la liste des dépendances, dont «la souveraineté reste à déterminer». L'admission du Maroc à l'UA ne change rien au fait que le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, «a déjà gagné en étant reconnu par l'Union», a affirmé, hier, le directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (Caraps), Riadh Sidaoui. «Le Polisario a déjà gagné. Le fait qu'il soit reconnu par l'UA, c'est déjà une grande victoire», a-t-il indiqué à la chaine de télévision britannique BBC, à partir de Genève, où est basé le centre de recherche. Il a souligné que le fait que le Maroc ait réintégré l'UA «provoquera certainement des confrontations et accrochages entre diplomates sahraouis et marocains, lors des débats», mais la nouvelle donne ne changera rien au fait que le Sahara occidental «est déjà vainqueur». L'ambassadeur au ministère sahraoui des Affaires étrangères, Sidi Mohammed Omar, a déclaré à la même chaîne que le retour du Maroc à l'UA va permettre désormais de relancer les décisions prises par l'organisation africaine en ce qui concerne le référendum au Sahara occidental, affirmant que le Maroc «ne pourra pas changer la position de l'UA sur la question sahraouie». «Un membre de l'UA ne pourra pas changer unilatéralement l'Acte constitutif de l'UA qui s'oppose à la colonisation», a-t-il ajouté. A. B.