Le Maroc, adhérant à l'Union africaine (UA) lors du 28e Sommet, se voit engagé, comme tout autre Etat membre, à respecter les fondements de l'UA contenus dans son Acte constitutif et à la mise en œuvre du plan de paix ONU-UA pour la décolonisation du Sahara occidental, loin de toutes tentatives visant à porter atteinte à l'organisation. Devenu le 55ème membre de l'UA lors des travaux de la 28ème conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement à Addis Abeba par "consensus" et non un "vote", le Maroc n'a pas posé de conditions et n'a pas fait de réserves sur l'Acte constitutif, basé sur le respect des frontières héritées à l'indépendance et la non utilisation de la force pour l'acquisition de territoires, l'obligeant à se conformer aux "Fondements et principes" du texte de l'organisation panafricaine. En vertu des mêmes dispositions, Rabat est tenu de coopérer activement aux efforts des deux organisations (UA-ONU) dans la recherche d'une solution définitive juste et durable au conflit. Lors du sommet, qui a vu l'adhésion du Maroc à l'UA, les dirigeants africains ont appelé le Conseil de sécurité à "trouver des réponses à la question des droits de l'homme et à celle de l'exploration et de l'exploitation illégales des ressources naturelles du territoire", et souligné "la nécessité urgente" d'efforts internationaux additionnels pour faciliter un règlement "rapide" du conflit, en restaurant le plein fonctionnement de la MINURSO qui est indispensable à la supervision du cessez-le-feu et organiser le référendum d'autodétermination. A cet égard, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a estimé que l'UA "a atteint un degrés de maturité et d'indépendance suffisant pour contrer les plans et tentatives du Maroc d'attenter aux dispositions de l'Acte constitutif de l'organisation panafricaine", et que "la majorité sinon tous les Etats africains s'attendent à ce que le Maroc s'engage au respect de ce qu'il a signé et ratifié (Acte constitutif)".
Respect de l'Acte constitutif de l'UA Après l'adhésion du Maroc à l'UA, M. Ould Salek a fait remarquer qu'"une dynamique s'ouvre et Rabat n'aura aucun argumentaire à employer pour changer la position de l'Union vis-à-vis du Sahara occidental". "Même les Pays qui le soutiennent ne seront pas en mesure de le défendre, partant du fait que le gouvernement marocain a ratifié et signé sans condition et sans réserve aucune de l'Acte constitutif", a soutenu M. Ould Salek. En dépit de ce que le Maroc essaye de véhiculer à travers les médias, pour "la consommation interne", selon les observateurs, sa réintégration après 30 ans d'absence à l'UA aux côtés de la République arabe sahraoui démocratique (RASD), représente une "victoire diplomatique très importante pour les Sahraouis" et les défenseurs de la cause sahraouie, car "le Maroc a finalement accepté de s'asseoir à coté de son voisin la République sahraouie", se félicite Ould Salek. "...C'est un fait le Maroc siège sous le même toit africain aux cotés de la RASD, et le hasard a fait que la coordination entre les pays de la zone 5 de l'UA (Afrique du Nord), est assurée par la République sahraouie. C'est un fait accompli auquel le Maroc doit s'en accommoder". Le directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (CARAPS) basé à Genève, Riadh Sidaoui, a de son côté estimé que la nouvelle donne, ne changera en rien au fait que le Sahara Occidental "est déjà vainqueur". Si pour le Maroc, son retour à l'UA était une tactique afin d'amender ou de réviser les principes de la Charte constitutive de l'Union, cela relèverait de la "fiction" compte tenu des objectifs ayant sous-tendu sa création, a affirmé le représentant du Front Polisario au Royaume uni, Mohamed Limam Mohamed Ali. Les tentatives vaines du Maroc d'entraver la stabilité de l'UA, et d'expulser la République sahraouie ou geler sa qualité de membre, pour le représentant du Front Polisario "est un objectif irréalisable car les pays qui ont accepté la qualité de membre du Maroc ont réitéré que cela ne saura se faire au détriment de la République sahraouie". Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes des Nations unies, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.