Pour le diplomate sahraoui, la demande d'adhésion à l'UA, 34 ans après son retrait de l'Organisation de l'unité africaine au prétexte de la présence de la RASD, intervient dans une conjoncture où le royaume est confronté à plusieurs problèmes à différents niveaux. L 'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, Bouchraya Biyoune Hamoudi, a indiqué que le Maroc serait «le bienvenu dans l'Union africaine (UA) dans la mesure où il se pliera aux dispositions de l'Acte constitutif de l'organisation panafricaine». Lors d'une rencontre d'information organisée par le Comité des journalistes algériens de soutien au peuple sahraoui, s'articulant autour du thème de la demande d'adhésion du Maroc à l'UA et ses visées, animée conjointement avec l'ancien diplomate algérien Abdelaziz Rahabi et le professeur en droit international de l'université de Tizi Ouzou Amari Tahar-Eddine, l'ambassadeur sahraoui a affirmé que «le Maroc est le bienvenu dans l'UA dans la mesure où il se plie aux dispositions de l'Acte constitutif de l'organisation panafricaine», estimant qu'une opportunité s'offrait «à l'occupant d'engager des négociations avec les représentants du Sahara occidental pour le règlement du conflit». Pour le diplomate sahraoui, la demande d'adhésion à l'UA, 34 ans après son retrait de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) au prétexte de la présence de la RASD, intervient dans une conjoncture où le royaume est confronté à plusieurs problèmes à différents niveaux. M. Biyoune Hamoudi s'est, en effet, interrogé pourquoi le Maroc a choisi ce moment précis pour introduire sa demande, d'autant plus que la RASD siège dans l'UA en tant que membre à part entière. L'ambassadeur sahraoui a précisé que le Maroc était isolé en raison de sa politique au Sahara occidental dont il occupe une bonne partie des territoires, citant par exemple le refus de la visite dans les territoires sahraouis occupés de l'ex-secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les entraves aux efforts de l'envoyé onusien Christopher Ross et le refus d'intégrer la surveillance des droits de l'homme dans les missions de la Minurso, outre les incidents qui ont eu lieu (violation du cessez-le-feu) dans la région de Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental, et qui menacent de mener à une confrontation militaire. L'échec de la politique marocaine Exigeant un calendrier pour la tenue du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, M. Biyoune Hamoudi est revenu sur les tentatives «désespérées et vaines» du Maroc de s'imposer de manière illégitime à l'UA, rappelant que lors du sommet de Kigali, l'occupant a tenté de s'inviter de force, mais que l'UA a fait échec à cette tentative. Un fait pareil s'est produit au sommet de Malabo et, là aussi, l'occupant marocain a été contraint de se retirer seul ; pas même le Sénégal, le Gabon ni la Côte d'Ivoire ne sont sortis avec lui, a encore détaillé le diplomate sahraoui. «34 ans après, le Maroc constate l'échec de sa politique coloniale et qu'il doit respecter les Africains et se soumettre aux décisions de l'UA», a soutenu l'ambassadeur sahraoui, pour qui la demande du Maroc d'adhésion à l'organisation panafricaine constitue «une victoire et un acquis grandioses pour les Sahraouis». Concernant les allégations de l'occupation marocaine que cette demande constituait pour lui une victoire au plan africain, l'ambassadeur sahraoui a considéré que «tout ce manège est destiné à l'opinion publique marocaine dans un pays sans gouvernement, en proie depuis des mois à une situation peu enviable». «Qu'il intègre ou non l'UA, le Maroc ne saurait en aucun cas modifier l'Acte de l'organisation concernant les frontières (...) il est tenu de respecter les frontières héritées de la colonisation», a-t-il martelé. Les avertissements de Rahabi La demande d'adhésion du Maroc à l'UA «est (en soi) une reconnaissance indirecte de la République arabe sahraouie démocratique (RASD)», a indiqué l'ancien diplomate algérien, Abdelaziz Rahabi, s'interrogeant sur «l'éventualité que cette nouvelle situation conduise à un dialogue entre les Sahraouis et le Maroc» et que l'UA constitue de ce fait «un espace de rapprochement entre les deux parties». Cependant, M. Rahabi n'a pas exclu le fait que la demande d'adhésion du Maroc à l'UA puisse cacher une stratégie visant à discréditer l'UA. M. Rahabi a indiqué que «le Maroc est tenu de se conformer aux dispositions de l'Acte constitutif de l'UA et ses principes, dont l'égalité entre les pays, le respect des frontières héritées à l'indépendance», «Autrement dit, a-t-il expliqué, le Maroc ne peut avoir plus de droits que la RASD au sein de l'organisation continentale.» «Aucun pays n'a reconnu à ce jour la souveraineté du Maroc sur le Sahara accidental», a-t-il ajouté, précisant que «le Maroc doit respecter ses frontières héritées à l'indépendance (1956) et reconnues à l'échelle internationale».