Le 19 février, les députés européens devraient esquisser les contours d'un «FMI européen». Un des concepts qui divisent les Européens : lui permettre de restructurer les dettes des Etats. Le 19 février, les députés européens devraient esquisser les contours d'un «FMI européen». Un des concepts qui divisent les Européens : lui permettre de restructurer les dettes des Etats. On n'est pas obligé d'être d'accord avec lui, mais il faut concéder au ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, qu'il a de la suite dans les idées sur la création d'un «Fonds monétaire européen», qu'il avait mis sur la table, en 2010, au début de la crise de l'euro. A l'époque, il avait prêché dans le désert. A présent, le FME est sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes. Il faut dire que, entre-temps, les Européens se sont dotés d'une grosse cagnotte de 550 milliards d'euros, le Mécanisme européen de stabilité, tout indiqué pour se muer en petit frère européen du FMI. En devenant mainstream, le FME attise également les polémiques, comme le montrent les débats qui agitent depuis des mois le Parlement européen au sujet de la création d'une «capacité budgétaire» pour la zone euro. Le 19 février, les députés devraient en effet adopter le rapport cosigné par une socialiste française, Pervenche Berès, et un chrétien-démocrate allemand, Reinhard Böge, une double paternité (ou maternité) censée être un gage d'équilibre. Pourtant, ce petit texte très politique de 11 pages en discussion depuis des mois a fait l'objet de plus de... 830 amendements, dont une bonne partie porte sur l'utilité et les fonctions du fameux FME. Fidèle à sa vieille idée Wolfgang Schäuble, lui, a saisi l'occasion des remous provoqués en Allemagne par l'interminable suspense qui entoure la participation du FMI au programme grec pour préciser ses vues. Fidèle à sa vieille idée, il voudrait que ce fonds soit capable d'opérer des restructurations de dette souveraine. L'idée devrait réjouir ceux qui, en France notamment, pensent comme Benoît Hamon que les Etats devraient pouvoir bénéficier de remises de dettes, un peu comme les entreprises en difficulté. Il n'est toutefois pas certain que les plans du premier collent avec ceux du candidat socialiste à l'élection présidentielle. Les restructurations envisagées par le ministre iraient de pair avec une mise sous tutelle, comme le fait, du reste, le FMI. Le ministre allemand suggère, de surcroît, de confier à son FME une autre fonction : celle de la surveillance budgétaire, aujourd'hui assurée par la Commission européenne qui, s'assumant «politique», a tendance à appliquer les règles budgétaires de façon de plus en plus «flexible». L'idée d'«externaliser» la surveillance budgétaire est pour l'instant ultraminoritaire... Son premier adversaire étant, naturellement, la Commission européenne elle-même. Quant à l'idée de faciliter les restructurations des dettes, elle soulève bien des questions. Les députés sociaux-démocrates néerlandais et allemand Paul Tang et Jakob von Weizsäcker estiment, dans un amendement au rapport Berès-Böge, que celle-ci devrait viser à «restaurer la viabilité budgétaire et offrira la possibilité d'un nouveau départ aux Etats membres surendettés». Mais qui donnera le top de ce «nouveau départ»? Le gouvernement ainsi soulagé ou... le FME et son conseil d'administration composé des ministres des Finances de la zone euro ? La seconde option est la plus probable. Finalement, l'idée d'un FME, qui pourrait être discuté dans les mois qui viennent, va tirer derrière elle son lot de critiques sur les effets de l'union monétaire sur la souveraineté budgétaire des Etats.