Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a déclaré, jeudi, qu'une telle institution aurait pour but de protéger les intérêts de la zone euro dans son ensemble et non l'un des ses membres en particulier. L'impossibilité pour un Etat membre d'être renfloué par ses pairs est un principe inaliénable, inscrit dans le traité de Maastricht, a rappelé Jean-Claude Juncker. Il a estimé, jeudi, que de très nombreuses questions restaient à clarifier au sujet de la création éventuelle d'un Fonds monétaire européen. «Nous n'envisageons pas avec la création du FME - pour laquelle encore des milliers de questions restent à clarifier - de contourner la clause sur le renflouement» a-t-il assuré au micro de la radio allemande NDR. «Ce ne serait pas un instrument pour des solutions du type de la Grèce, si cela devait être nécessaire, mais un instrument qui aurait pour vocation de protéger la zone euro dans son ensemble et pas un seul pays». De son côté, Yves Mersch, gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), a rappelé que la BCE n'attribuerait pas de fonds d'urgence aux pays en difficulté budgétaire. Il a, également, émis des doutes quant au financement du FME. Selon lui, les citoyens de la zone euro seraient probablement peu enclins à accepter que leur gouvernement verse des fonds au FME. «Il faut se garder de penser que c'est simple d'agir avec l'argent des autres. J'aimerais savoir quel seront les besoins de financement d'un tel projet» a-t-il déclaré. Yves Mersch a ajouté que «chaque pays reste responsable de son propre équilibre budgétaire. Ce n'est pas le rôle de la politique monétaire de prendre sur elle cette responsabilité.» Mercredi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet n'avait pas écarté le principe d'un FME mais il estimait qu'il fallait étudier l'idée en profondeur. Il avait estimé que le nom de FME ne reflétait pas exactement le rôle que pourrait jouer l'organisme qui, selon lui, devrait apporter une aide financière mais suivant des conditions strictes. Jean-Claude Juncker a, par ailleurs, estimé que l'Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro) devait développer la surveillance des finances publiques des pays de la zone. La création du FME a, notamment, été mise en avant par une partie de la classe politique allemande comme le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, et par la chancelière Angela Merkel. Cette dernière a rappelé jeudi, après une entrevue avec le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, à La Haye, que les sanctions du pacte de stabilité et de croissance étaient insuffisantes et qu'il fallait rendre ce pacte «valable pour tout un chacun».