Un Fonds monétaire européen (FME), censé aider les pays en difficulté, finira bien par être mis sur pied un jour, mais un tel processus prendra beaucoup de temps, déclare Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Celui qui est également Premier ministre luxembourgeois a ajouté que l'idée d'un FME n'était pas à l'ordre du jour de la prochaine réunion mensuelle des 16 ministres des Finances de la zone euro prévue lundi. "Elle n'est pas inscrite à l'agenda de lundi parce qu'il nous faut attendre une proposition formelle de la part de la Commission européenne, de l'Allemagne, de la France (...)", a-t-il poursuivi. Il faut dire que des responsables européens ont apporté un regard distancié à l'idée d'un Fonds monétaire européen (FME), en soulevant la question du financement de l'institution et en rappelant l'interdiction de renflouer un pays en difficulté financière. Yves Mersch, gouverneur de la banque centrale européenne (BCE), a rappelé que la BCE n'attribuerait pas de fonds d'urgence aux pays en difficulté budgétaire. Il a également émis des doutes quant au financement du FME. Selon lui, les citoyens de la zone euro seraient probablement peu enclins à accepter que leurs gouvernements verse des fonds au FME. "Il faut se garder de penser que c'est simple d'agir avec l'argent des autres. J'aimerais savoir quel seront les besoins de financement d'un tel projet" a-t-il déclaré. Yves Mersch a ajouté que "chaque pays reste responsable de son propre équilibre budgétaire. Ce n'est pas le rôle de la politique monétaire de prendre sur elle cette responsabilité." Mercredi, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, n'avait pas écarté le principe d'un FME mais il estimait qu'il fallait étudier l'idée en profondeur. Il avait estimé que le nom de FME ne reflétait pas exactement le rôle que pourrait jouer l'organisme qui, selon lui, devrait apporter une aide financière mais suivant des conditions strictes. Jean-Claude Juncker a par ailleurs estimé que l'Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro) devait développer la surveillance des finances publiques des pays de la zone. La création du FME a notamment été mise en avant par une partie de la classe politique allemande comme le ministre des finances Wolfgang Schäuble et par la chancelière Angela Merkel. Cette dernière a rappelé jeudi, après une entrevue avec le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende à la Haye, que les sanctions du pacte de stabilité et de croissance étaient insuffisantes et qu'il fallait rendre ce pacte "valable pour tout un chacun".