«Accidents de la route : un mort et 53 blessés en deux jours», titrait l'APS vingt-quatre heures auparavant un communiqué qu'allait suivre un autre où le bilan passait à 21 personnes décédées et 982 blessées. Les fléaux de l'asphalte ont pris une telle ampleur depuis une dizaine d'années que l'ONU s'en est plus qu'inquiétée. En effet, la cause des décès imputables à la route est la septième dans un classement morbide des horreurs qui vient rappeler que l'Humanité n'arrête plus de perdre ses repères et forcément ce qui fait son essence même : l'Homme. Selon des statistiques établis au mois de novembre 2016 par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) «1,25 million de décès sont recensés en moyenne chaque année», soulignons que ce nombre a été actualisé, il y a deux jours, pour passer à 1,4 aux premiers mois de l'année en cours. Par ailleurs, «l'âge des victimes se situe entre 15 et 29 ans» et fait des jeunes les premières victimes déclarées dudit fléau. Pis encore, «90% des décès ont lieu dans les pays à revenu faible» dont paradoxalement la particularité de disposer de la moitié du parc mondial de véhicules, sauf qu'il faudrait sans doute rappeler qu'il s'agit beaucoup plus de corbillards comme si cela relevait de l'ordre normal des choses même si d'aucuns imputeront tout cela au destin (mektoub). Et, toujours, selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé «50% des victimes sont des usagers vulnérables» dont les piétons. Autant dire quand même que ce n'est pas tellement le cas en Algérie où les victimes font pratiquement partie des personnes transportées notamment des moyens collectifs : taxis et bus. Enfin en conclusion de ces statistiques l'Organisation concernée prédit aux accidents de la route d'occuper la 7e place des causes de décès si entre-temps rien n'est fait pour les juguler. Mais en réalité que peut-il être fait en ce sens sachant qu'en Algérie tous les moyens ont été utilisés : mesures coercitives, répressives, sensibilisation et rien n'y a fait ou suffi, le bilan d'un jour, comme celui d'une semaine, d'un mois bat celui précédent et les services de gendarmerie et de police ont donc beau appeler les conducteurs à la vigilance, au respect des dispositions du Code de la route, rappeler leur numéro Vert que rien n'y fera. Enfin, dans ses statistiques l'OMS ne se limite pas seulement au nombre de victimes décédées, mais s'appesantit encore plus sur les conséquences des accidents de la route sur le plan économique et en ce qu'elles (conséquences) peuvent avoir sur les proches des victimes en termes de coûts de traitement le cas échéant et de manière générale des enquêtes, de pertes de productivité, voire de revenu de la victime, à telle enseigne que quoi qu'arbitraires les estimations a posteriori de ces accidents seraient de l'ordre de 3% du produit national brut. C'est dire. Toutefois, l'OMS évacue toute forme de fatalisme estimant qu'il est plausible que des mesures anticipées peuvent être prises pour peu que s'associent harmonieusement pour ce faire les secteurs des transports, de la police, de l'éducation et de la santé sauf qu'il faudrait également disposer d'un réseau routier fiable, c'est-à-dire des voies en bon état. Or, si pour la première mesure l'Algérie a toujours été à l'avant-garde, il ne saurait hélas être soutenu la même chose s'agissant de l'état des routes et plus particulièrement depuis ces trois dernières années. A. L.