Accidents de la route et modernisation du parc automobile national. Voilà un sujet de société captivant d'autant plus qu'il faudrait additionner au consumérisme général ambiant le débat qui tourne autour d'une mesure gouvernementale visant à mettre de l'ordre dans l'importation des véhicules. Bref tour d'horizon des statistiques annuelles en matière d'accidents de la route et bien entendu de la plus importante des dîmes payées en ce sens, à savoir les décès, qui tout en diminuant en 2012 (4 447) en comparaison avec l'année qui l'a précédée (4 598) n'en a pas moins continué d'alimenter les cimetières de l'ensemble du pays puisqu'en 2014, et selon des statistiques très approximatives (4 000 morts), ce qui, du coup par ladite approximation, rend totalement folklorique tout argumentaire autour d'une lecture préventive, sécuritaire et des mesures subséquentes induites par une étude sérieuse et surtout de solutions idoines et radicale du phénomène. Jusque-là les mesures connues et surtout claironnées en ce qu'offrent des opportunités plutôt ponctuelles telles les bilans annuels de la gendarmerie nationale et de la police et qui consistent en de solennels engagements matérialisés sur le terrain par le lancement de campagne de sensibilisation et parfois de mesures coercitives qui durent le temps que durent les roses et auxquelles s'associent comme dans une fiesta mexicaine bien des partenaires tous genres confondus et dont l'objectif essentiel est plus de fourguer une camelote, la leur, que de traiter en profondeur le plus sournois des drames. Paradoxalement, c'est lorsque le parc était vieillissant que les accidents de la route étaient moindres. Ce qui est logique pour la simple raison que celui-ci était moins important en nombre et en volume de véhicules d'une part et que leur vétusté, si elle constituait en grande partie la cause des sinistres, obligeait quelque part les conducteurs à plus d'attention. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui avec un parc, s'agissant des véhicules légers, presqu'à 80% à neuf renouvelé, mais surtout surpuissants en plus d'être dotés d'artifices technologiques qui servent à tout sauf à sécuriser et le véhicule et surtout son conducteur. Or, c'est sur ce postulat que le gouvernement a pris des mesures qui ne peuvent qu'être qualifiées de rationnelles et d'intelligentes en exigeant des concessionnaires de n'importer que des véhicules, lesquels, même dotés d'équipements sécurisants, ne sont pas toutefois susceptibles, compte tenu de la folie humaine, de garantir une meilleure protection à leur utilisateur. Certaines parties, dont les intérêts ont certainement été bousculés, s'élèvent ici et là pour affirmer que la feuille de route imposée désormais pour l'importation des véhicules ne pénaliserait a fortiori que les familles à revenus moyens. Pourtant, c'est à partir de cette vérité vraie que l'Organisation mondiale de la santé, qui considère que «...les accidents de la route sont un problème de santé publique», a fait un constat selon lequel «c'est dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que la charge des accidents de la route est la plus lourde et le taux de mortalité le plus élevé», concluant ledit constat par une statistique : «91% des décès consécutifs à un accident de la route surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et le taux de mortalité à 32,2% pour 100 000 habitants en Méditerranée orientale.» Dans leur raisonnement, les personnes relevant de la faction considérant que ce sont les faibles revenus qui seraient pénalisés par la mesure gouvernementale, il sera désormais difficile à ces dernières de «s'offrir» un véhicule. Mais n'est ce pas toujours mieux que de s'offrir une place au cimetière ? D'autant plus que la levée de boucliers des concessionnaires et autres s'inscrit non seulement en porte-à-faux par rapport au patriotisme économique, mais ne semble pas faire cas du danger auxquels ces derniers exposent, par égoïsme, voire souci de vénalité inhumain, leurs semblables. Et plus que le beurre et l'argent du beurre, lesdits postulants de la révision de la mesure prise par le gouvernement, ont plutôt un appétit de vampire. A. L.