La scène énergétique internationale a subi durant la dernière décennie moult bouleversements et mutations sous l'influence d'une multitude d'évènements et de facteurs conjoncturels ou non conjoncturels. L'on peut citer comme événements, l'avènement des hydrocarbures non conventionnels, plus particulièrement celui du gaz de schiste, les progrès technologiques aussi bien en amont qu'en aval, l'apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux marchés, sans omettre les bouleversements économiques et géopolitiques à l'image de la montée en puissance des pays émergents dont les besoins énergétiques connaissent un accroissement rapide et important. C'est ainsi que de nos jours, la sécurité énergétique est pratiquement au cœur de toutes les stratégies de développement. L'Algérie étant un pays dont l'économie est fortement dépendante de sa production pétrolière et gazière, veut, elle aussi, assurer sa sécurité énergétique à très long terme de même que son indépendance financière pour sauvegarder l'autonomie en matière de financement de l'économie nationale. Il est utile de signaler, à ce titre, qu'aux horizons 2020 et 2030, les besoins de l'Algérie en gaz naturel se situeraient respectivement à 54 milliards de mètres cubes et 102 milliards de m3, selon des experts. A ces besoins du marché national s'ajouteraient les volumes à exporter nécessaires pour le financement de l'économie nationale. Aux mêmes horizons, la consommation d'électricité devrait se situer respectivement à plus de 80 TWh et 150 TWh. Pour la seule année 2015, l'Algérie a consommé l'équivalent de 55 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) (dernier chiffre disponible) Dans le détail, la consommation finale par forme d'énergie était, en 2015, composée de 40,5% de gaz, 28,5% de produits pétroliers, 28,2% d'électricité et de 2,8% d'autres produits comme le pétrole, condensat et produits solides. Des chiffres inquiétants lorsque l'on sait que l'économie algérienne repose essentiellement sur la rente pétrolière et gazière et que la demande est sans cesse croissante. Aujourd'hui, les réserves en hydrocarbures du pays assurent 98% de ses exportations, 70% de ses recettes fiscales et 40% de son PIB. Mais pour combien de temps encore? Là est la question principale. Les prévisions d'exportation nécessaires pour assurer le développement économique, et les prévisions de consommation interne, obligent le gouvernement d'opter pour la diversification du mix énergétique national. C'est ainsi que les pouvoirs publics ont mis en place un vaste programme de développement des énergies renouvelables pour diversifier l'offre nationale et réussir sa transition énergétique. Et ce, tout en continuant à investir dans les énergies fossiles. En effet, pour les cinq prochaines années, la production de pétrole devrait connaître une courbe ascendante en atteignant les 75 millions de tonnes en 2017 et 2018, avant de passer à 77 millions de tonnes en 2019 pour s'établir autour de 82 millions de tonnes en 2020. Ainsi, Sonatrach consacre entre 2015 et 2021 des investissements annuels de plus de 9 milliards de dollars dans les projets d'exploration et d'exploitation, dont les premiers résultats ont permis d'enregistrer une augmentation de la production dès 2016 après plusieurs années de baisse. Concernant le gaz naturel, la production nationale est appelée à atteindre 141,3 milliards de mètres cubes (m3) en 2017, puis 144 milliards m3 en 2018, 150 milliards m3 en 2019 et 165 milliards m3 en 2020. En plus de l'amont, le Groupe pétrolier national se développe de plus en plus dans l'aval du secteur des hydrocarbures à travers plusieurs projets de raffinage et de pétrochimie. C'est ainsi qu'en matière de raffinage, Sonatrach a lancé un programme de réalisation de quatre raffineries d'une capacité de cinq millions de tonnes chacune, à Hassi Messaoud, Tiaret, Skikda et Arzew. Outre l'exploitation des énergies fossiles, l'Algérie va-t-elle s'orienter vers le développement de ses ressources en schiste? Selon le patron du Groupe Sonatrach, Amine Mazouzi, cette question «n'est pas à l'ordre du jour». Dans une interview publiée, il y a quelques jours, dans le rapport Algérie 2016 du groupe britannique d'expertise économique, Oxford Business Group (OBG), M. Mazouzi, interrogé sur les perspectives pour le gaz de schiste en Algérie, a précisé, citant un rapport de US Energy Information Administration publié en 2013, que le pays occupait la troisième place dans le monde en termes de ressources techniquement récupérables de gaz de schiste avec 707 trillions pieds cubes. «Selon l'évaluation faite par Sonatrach en collaboration avec des entreprises spécialisées, ce chiffre pourrait être revu à la hausse. Le potentiel du gaz de schiste de l'Algérie est énorme», a-t-il affirmé tout en ajoutant que Sonatrach est en train d'évaluer ce potentiel. B. A.