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Le révisionnisme historique, le négationnisme mémoriel et le collaborationnisme colonialiste ne passeront pas !
L'arrière-petite-fille du Bachagha Bengana voulait blanchir sa collaboration active avec le pouvoir colonial
Publié dans La Tribune le 25 - 02 - 2017

Que les choses soient claires d'emblée : Férial Furon, citoyenne française, militante politique de droite en France et -et c'est là tout l'intérêt- arrière-petite fille du bachagha des Ziban et supplétif zélé de la colonisation militaire de l'Algérie, en l'occurrence Bouaziz Bengana, a tout à fait le droit de tout dire, tout écrire et tout faire au sujet de son ancêtre. Y compris de voir en lui un ange séraphin, un parangon de la bravoure et une icône du courage et bien d'autres choses valorisantes à ses propres yeux. Elle a donc droit à tout ça, mais pas au détriment de la vérité historique. Donc, des faits intangibles et reconnus comme tels par les historiens, et notamment les spécialistes français et les acteurs mêmes de la conquête militaire de l'Algérie. Par conséquent, il ne lui est pas permis de faire dire aux faits ce qu'ils ne disent en aucun cas.
Dans un livre paru en janvier à Paris et intitulé Si Bouaziz Bengana dernier roi des Ziban, Férial Furon, née Bentchikou mais affiliée aux Bengana par sa mère, petite-fille du tristement célèbre Bachagha, s'improvise historienne et s'essaye à un exercice de révisionnisme historique et de négationnisme mémoriel. Pour mieux justifier la colonisation et ses crimes, ainsi que les propres méfaits coloniaux de son ancêtre, auxiliaire ardent et assidu de la colonisation, qui a participé activement à la «pacification de l'Algérie», à la pénétration militaire de son Sahara, et mené la guerre contre l'Emir Abdelkader qui a résisté durant 17 ans aux troupes coloniales. Elle justifie, excuse et légitime la félonie de son arrière-grand-père en le présentant comme un simple administrateur de territoires. Elle occulte de même, délibérément, son statut de coadjuteur militaire actif qui a pris part aux campagnes militaires à la tête d'unités de goumiers issus de tribus vassales. Elle justifie même les centaines d'oreilles coupées de résistants algériens qu'il offrait à ses chefs militaires et civils en guise d'acte d'allégeance, de loyauté et de fidélité au pouvoir colonial. Elle appelle cet acte barbare comme faisant partie de ce qu'elle appelle la «loi du sabre» en vigueur selon elle entre tribus du Sahara algérien. Bref, à ses yeux – ce que l'on peut comprendre venant de la part d'une descendante on ne peut plus admirative -, le Bachagha Bouaziz Bengana fut juste «contraint de reconnaître la colonisation» !
Le problème, répétons-le encore, ne réside pas en fait dans l'existence même de ce livre qui fait, sans l'avouer, l'apologie de la colonisation et de ses crimes. Un livre qu'elle avait parfaitement le droit d'écrire même à l'encre de la falsification historique et du blanchiment mémoriel ! Un livre qu'il ne faudrait pas interdire en Algérie, mais laisser circuler pour mieux dénoncer la forfaiture intellectuelle de son auteur et sa tentative de blanchir l'infâme mémoire des Bengana qui ont servi la France coloniale jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Notamment en lui opposant les arguments irréfutables de l'Histoire telle que déjà connue et admise grâce aux historiens français et algériens, et surtout grâce aux témoignages et autres écrits des acteurs politiques et militaires de la colonisation. L'historiographie générale et l'historiographie coloniale en particulier regorgent de documents éloquents à ce sujet. Ce n'est pas ici le lieu de l'inventaire le plus exhaustif qui soit.
Le problème qui nous intéresse nous, Algériens, c'est précisément le fait que la télévision publique se montre légère avec un livre hagiographique qui édulcore, enjolive et triture les faits historiques à la gloire d'une lignée de notables coloniaux qui ont le plus contribué à la consolidation de la colonisation de notre pays. Consciemment ou inconsciemment, la télé nationale a participé à la forfaiture. Si la rédaction a invité Ferial furon après avoir lu le livre, elle se fait donc complice. Si elle n'a pas lu le livre, elle aurait par conséquent fait preuve d'incompétence professionnelle, ce qui est tout aussi significatif. Mais dans les deux cas de figure, le résultat est le même : une publicité gratuite, une amplification médiatique d'une forfaiture historique qui aurait bénéficié ainsi d'une certaine résonnance politique, vu la proximité de la télé publique avec le pouvoir.
On sait, entre autres, grâce à l'historiographie coloniale, que le lieutenant-général baron Galbois, gouverneur militaire de Constantine, ne tarissait pas d'éloges sur le rôle décisif des Bengana dans la percée des Portes des Bibans que ni les Romains ni les Turcs n'avaient réussi à contrôler auparavant. Le général Galbois est un des principaux acteurs de l'expédition des Bibans, une opération de l'armée coloniale en octobre 1839, visant à établir une liaison terrestre entre Alger et Constantine, en passant par deux défilés impressionnants des monts Biban, dits «les Portes de Fer». La conquête de ce territoire s'est faite en violation du Traité de la Tafna signé en 1837 avec l'émir Abdelkader qui fut alors contraint de reprendre les armes. Le général Galbois se rendit alors auprès des Bengana et fut reçu au bruit des canons tonnants récupérés sur le champ de bataille. Les canons lui furent ensuite remis. Bengana reçut à cette occasion la croix d'officier et une somme de 50 000 francs pour services rendus à la France coloniale. Les Bengana et leurs goumiers investirent d'autre part les Zaatchas, avec les troupes françaises, massacrèrent les populations et ramenèrent comme trophée la tête de Bouziane et celle de son lieutenant Si Moussa Al-Darkaoui, chefs glorieux de la résistance.
En témoignage de son propre succès, le Bachagha Bengana envoya au général Galbois son propre yatagan tout ébréché des coups qu'il avait portés aux résistants algériens, trois drapeaux et cinq cents oreilles droites proprement coupées sur les morts. En guise de récompense, Bengana fut fait officier de la Légion d'honneur et reçut une indemnité de 40 000 francs pour les primes qu'il avait dû payer de sa bourse aux coupeurs d'oreilles. «Cet événement, écrivait le maréchal Valée au ministre de la guerre, a une grande importance. Pour la première fois depuis dix ans, un chef institué par nous marche seul contre les troupes d'Abdelkader et obtient sur elles un succès constaté. Désormais le petit désert nous appartient. Bengana, soutenu par nos troupes qui vont se rapprocher des Portes de fer, soumettra toutes les tribus du Djérid et appuiera Tedjini. Je prescris de lui rembourser les dépenses qu'il a faites» (in L'Algérie de 1830 à 1840 : les commencements d'une conquête de Camille Rousset).
Autre exemple de la trahison historique du Bachagha Bouaziz Bengana, sa dénonciation aux autorités coloniales de Chebbah El Mekki, militant messaliste de la première heure et figure de proue du théâtre nationaliste. Chebbah El Mekki retourne en 1929 dans sa région natale, à Sidi Okba, où il ouvre un café qui accueillera le premier «théâtre indigène». Avec sa Société culturelle musulmane, il produit plusieurs pièces, dont Hannibal et Tarek Ibn Ziad. Son café fut l'espace de créations théâtrales véhiculant des messages en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Le secrétaire de la troupe du militant Chebbah El Mekki n'est autre que l'écrivain nationaliste Ahmed Réda Houhou. Les deux patriotes furent surveillés et intimidés quotidiennement par l'armée française. Ils seront dénoncés en 1934 par le Bachagha Bouaziz Bengana qui signala leur «théâtre subversif». Ahmed Reda Houhou s'est alors exilé avec sa famille en Arabie saoudite et Chabbah El Mekki condamné à un mois de prison ferme. Avant de l'incarcérer, l'armée coloniale l'a menotté et attaché à un cheval enfourché par un goumier sous les ordres de Bengana, qui le traina jusqu'à Ouled Djellal, sur une distance de plusieurs dizaines de kilomètres !
A travers l'exemple du livre négationniste de Ferial Furon, se pose finalement le problème, sérieux car grave, du révisionnisme, du négationnisme et du blanchiment historique. Un mouvement rampant qui avait donné, il n'y a pas si longtemps que ça, un signe inquiétant, avec la tentative, heureusement mise en échec, de débaptiser à Oran le rue Fernand Yveton. C'était en septembre 2016 où, à l'initiative d'élus locaux, soutenus par la section locale de l'ONM, des antipatriotes ont supprimé le nom du grand chahid, qui sera le premier algérien d'origine européenne à être guillotiné. C'est ce mouvement révisionniste et négationniste rampant qui a fait que la télé publique se sente inspirée pour mieux assurer la promotion du livre de Ferial Furon sur son arrière-grand-père, grand suppôt de la colonisation. Et c'est ce même mouvement qui lui a permis d'assister, en guest star, à la commémoration du 60e anniversaire de la Révolution du Premier novembre 1954 par l'ambassade d'Algérie à Paris, dans le luxueux Pavillon Dauphine sur les Champs Elysées.
N. K.


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