Selon un rapport de l'ONU, des entités spécialisées et des banques ont continué à opérer dans le contexte des sanctions en utilisant des agents qui sont très expérimentés et bien formés au déplacement de l'argent, des personnes et des marchandises La Corée du Nord réussit à contourner les sanctions internationales grâce à un réseau sophistiqué de sociétés à l'étranger et continue à avoir accès au système bancaire international, révèle un rapport de 100 pages des Nations unies. Le régime communiste dynastique est sous le coup de sanctions sévères des Nations unies et d'un embargo sur les armes visant à l'empêcher de poursuivre son programme nucléaire et ses projets de missiles. La Corée du Nord «fait fi des sanctions en faisant le commerce des marchandises interdites, avec des techniques de contournement de plus en plus importantes en termes de taille, de portée et de sophistication», lit-on dans le rapport, non encore diffusé. «Des entités spécialisées et des banques ont continué à opérer dans le contexte des sanctions en utilisant des agents qui sont très expérimentés et bien formés au déplacement de l'argent, des personnes et des marchandises.» Le rapport souligne en conséquence que l'application des sanctions contre le régime de Pyongyang «reste insuffisante et très incohérente» et demande de nouvelles mesures pour faire face à ces failles. Les experts qui l'ont rédigé recommandent notamment aux Etats membres de l'ONU d'«exercer une vigilance accrue» envers les diplomates nord-coréens qui se livrent à des activités commerciales, dans la mesure où un certain nombre d'entre eux pourraient fournir un soutien financier à des réseaux illégaux. Le rapport décrit par exemple la saisie d'équipements pour les communications militaires fabriqués en Corée du Nord et destinés à l'Erythrée qui remonte à juillet dernier. C'est la seconde fois que de l'équipement militaire nord-coréen à destination de l'Erythrée est intercepté, ce qui indique qu'il existe un commerce des armes entre les deux pays, souligne le rapport. Les équipements interceptés, livrés par avion, contenaient 45 caisses de systèmes de communication militaires par radio. Les radios étaient fabriquées par une société-écran basée en Malaisie appelée «Glocom», qui est contrôlée par le Bureau général de reconnaissance, l'agence de renseignements nord-coréenne chargée des opérations à l'étranger et de trouver des armes, indique le rapport. Le rapport identifie deux sociétés de négoce nord-coréennes qui, selon un Etat membre des Nations unies non précisé, sont liées à des entités sous le coup de sanctions, dont le Bureau général de reconnaissance. Le rapport étudie aussi l'utilisation du système financier par la Corée du Nord pour payer ses activités sous le coup de sanctions. «Derrière ses activités illicites, il y a l'accès au système bancaire international de la République populaire démocratique de Corée (Rpdc) qui se poursuit», lit-on dans le rapport. «Malgré le renforcement des sanctions financières en 2016, les réseaux du pays s'adaptent, en faisant preuve d'une ingéniosité accrue pour accéder aux réseaux bancaires habituels», écrivent les experts. Dans les cas où l'accès financier est plus difficile, les agents nord-coréens utilisent le paiement en espèces ou en or. Parfois, des ressortissants de certains pays sont utilisés comme intermédiaires. Le rapport accuse aussi la Corée du Nord de poursuivre ses exportations de minerai interdit malgré les sanctions prises l'an dernier qui ont plafonné les exportations de charbon, source très importante de devises pour le programme nucléaire et de missiles de la Rpdc. La Chine vient d'annoncer qu'elle allait cesser ses importations de charbon en provenance de Corée du Nord jusqu'à la fin de l'année. Jeudi, Pyongyang en a fait le reproche à Pékin, fait rare, compte tenu du fait que la Chine est son dernier grand allié. Reuters Mort de Kim Jong-nam : vers un mandat d'arrêt contre un Nord-Coréen La police malaisienne a annoncé, hier, son intention de demander un mandat d'arrêt à l'encontre d'un diplomate nord-coréen qu'elle souhaite interroger dans le cadre de l'enquête sur le meurtre du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Mercredi dernier, les autorités malaisiennes ont annoncé que Hyon Kwang-song, deuxième secrétaire à l'ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur, était recherché pour être interrogé dans le cadre de l'enquête sur la mort de Kim Jong-nam, le demi-frère de Kim, assassiné le 13 février à l'aéroport international de Kuala Lumpur au VX, un agent neurotoxique rangé par les Nations unies dans la catégorie des armes de destruction massive. Le chef de la police de l'Etat malaisien de Selangor, Abdul Samah Mat, a précisé que si le diplomate recherché ne se présentait pas à la police, alors il serait demandé à la justice d'émettre un mandat d'arrêt à son encontre. Huit Nord-Coréens sont recherchés en relation avec le meurtre de Kim Jong-nam. L'un d'entre eux est détenu par la police malaisienne, quatre se sont apparemment enfuis en Corée du Nord et deux se trouvent toujours en Malaisie, dont le diplomate en question. On ne sait rien du huitième, Ri Ji-u, indique le chef de la police. Une Indonésienne et une Vietnamienne sont également sous les verrous. L'une d'elles, touchée par le VX, est sujette à des vomissements, a indiqué la police. Les responsables de l'ambassade d'Indonésie en Malaisie ont rencontré leur ressortissante, Siti Aishah hier. Selon eux, elle a reçu 400 ringgits (85 euros) pour participer à ce qu'elle croyait être une farce. Selon l'ambassadeur adjoint d'Indonésie, Andreano Erwin, Siti Aishah s'est vue confier «une sorte d'huile, comme de l'huile pour bébé». Les autorités vietnamiennes ont aussi rendu visite à leur ressortissante mais n'ont pas fait de commentaire.