«Préservons notre environnement», «Protégeons la nature», «Veillez à la propreté de la cité», «Interdit de jeter les ordures», «Décharge interdite»... Autant de panneaux plantés un peu partout en ville, au niveau des espaces verts encore «verts», sur les plages, au bord des routes, mais apparemment cela n'a pas vraiment incité les citoyens à adopter ces comportements et la situation empire de jour en jour. En effet, il n'y a qu'à voir l'état dans lequel se trouve la ville d'Annaba qui baigne dans les ordures de toutes sortes pour comprendre que l'incivisme a pris le dessus et est devenu un comportement tout à fait normal et admis par presque tout le monde. Dans la rue qui est balayée et nettoyée chaque jour par les agents de la commune, juste après leur passage tout redevient comme avant. Mégots de cigarettes, épluchures d'oranges ou de bananes, bouteilles en plastique, canettes de boissons, restes de sandwiches jetés sur les trottoirs, cartons d'emballages et autres scories traînent tout le long des rues. Les espaces publics comme la place Alexis Lambert avec ses bancs sous les platanes et ses kiosques est aujourd'hui un véritable dépotoir où l'on se débarrasse de tout, ordures ménagers dans des sacs éventrés que se disputent chiens et chats, résidus de poudres à cafés jetés par les serveurs des établissements alentour, des déjections animales de béliers que des jeunes font paître sur le semblant de plantes rescapées du vandalisme, des bouteilles, des canettes de bière et autres transforment cette place publique en décharge. Le soir, les lieux se transforment en bar à ciel ouvert où les beuveries durent jusqu'au petit matin avec tout ce que cela suppose comme désagréments pour les riverains qui s'en plaignent. Du côté des cités, poussières et boues, moustiques, gros rats, saletés, ordures ménagères qui s'accumulent, odeurs nauséabondes se dégageant des avaloirs, des fuites d'eau et des eaux usées provenant d'égouts que des engins avaient détruits lors de travaux. Ici plus d'espaces verts, pas le moindre arbuste, les aires de détente construites ont disparu. Le cadre de vie y est déplorable. Sur le littoral censé être propre, c'est une suite de décharges tout le long des plages, à Fellah Rachid (Ex Saint-Cloud), Rizzi Amor (ex-Chapuis) Toche ou Aïn Achir, plage de Sidi Salem ou la cité Seybouse tout est pollué. Ce sont surtout les buveurs qui abandonnent sur le sable ou les rochers leurs canettes ou les bouteilles en verre qu'ils brisent laissant des tessons tranchants sur les lieux. Une inconscience et un incivisme qui perdure en l'absence de mesures contre ces individus. La pollution due à l'activité industrielle se manifeste en premier lieu au niveau du complexe pétrochimique Fertial dont des colonnes de fumée s'échappent des cheminées pour se disperser dans l'air emportées par le vent jusqu'aux localités voisines, la cité Seybouse (ex-Joannonville), Sidi Salem et El Bouni où l'on a recensé une nette augmentation de maladies respiratoires chez les nouveau-nés. Le complexe sidérurgique d'El Hadjar avec ses cheminées qui dégagent des fumées qui enveloppent la localité de Sidi Amar, une commune populeuse située à 1 km de l'usine. Les cités à l'exemple des tours Aadl sont recouvertes d'une épaisse couche de poussière ocre provenant du minerai de fer, matière première du haut fourneau. La Seybouse polluée par les rejets et les déchets industriels dont on se débarrasse dans cette rivière qui se déverse dans la mer avait pendant l'été dernier provoqué une catastrophe écologique. Des tonnes de poissons le ventre en l'air flottaient sur l'eau avaient été échoués sur les plages de Sidi Salem rejetés par les vagues. Il avait fallu faire appel à des engins pour enfouir ces animaux marins au grand dam des pêcheurs de cette localité. Dans tout cela, ni les associations à l'exemple de l'Anpep qui se dit protectrice de l'environnement et encore moins la direction de wilaya ne se sont manifestées ne serait-ce que pour dénoncer cette situation. L'absence de réactions et de mesures coercitives contre ces pollueurs a fait empirer les choses et le cadre de vie des citoyens continue à se dégrader. Ce sont les citoyens qui, hélas, participent eux-mêmes à cette dégradation M. R.