«Cinq groupes financiers français - BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale, Bpce, AXA- gèrent des participations financières ou détiennent des actions auprès de banques et entreprises israéliennes qui contribuent au financement des colonies dans le territoire palestinien occupé et fournissent des services vitaux au maintien et au développement des colonies, tels que la construction d'habitations ou d'usines, la connexion aux réseaux téléphoniques et internet, ou encore l'aménagement en équipement de surveillance.» Tel est le constat accablant que dévoile le rapport publié hier à Paris sur «les liaisons dangereuses des banques et assurances françaises avec la colonisation israélienne». A l'origine de cette révélation, plusieurs associations dont la Ligue des droits de l'Homme, l'association France-Palestine solidarité, le syndicat CGT et l'Union syndicale solidaire. Fruit d'une analyse financière menée par le cabinet de conseil néerlandais Profundo de mars à juin 2016, en partenariat avec les organisations signataires, le rapport révèle aussi qu'«au-delà de ces participations, les quatre premières banques françaises - en l'occurrence BNP Paribas, Société générale, LCL (filiale du groupe Crédit agricole) et Natixis (filiale du groupe Banques populaires-Caisse d'Epargne)- ont accordé des prêts d'un montant de 288 millions d'euros sur la période 2004-2020 à l'entreprise publique israélienne Israël electric corporation (IEC) pour un projet d'extension de deux centrales électriques au gaz, alors même que IEC approvisionne en électricité l'ensemble des colonies en Cisjordanie occupée». Les organisations signataires du rapport indiquent dans le document qu'elles ont exhorté, sans succès à ce jour, «ces banques et assurances françaises à se conformer aux principes internationaux en cessant tout financement de la colonisation israélienne». Le rapport fait également état «des risques de nouveaux financements, notamment à l'extension du tramway de Jérusalem-Est par Alsthom, détenu à 20% par l'Etat (français) lui-même» qui «renforce l'urgence d'engagements forts», face à ces banques et assurances, pour qui l'argent n'a pas d'odeur, seul l'appât du gain prime, quitte à braver les interdits internationaux. Le Rapport n'épargne par l'Etat français qui est jugé responsable à trois niveaux. Le premier relève des «obligations de droit international», le second de «l'obligation de protéger contre les violations des droits humains par des tiers, y compris des entreprises et des banques», le troisième de «l'obligation particulière en tant qu'actionnaire d'Alsthom à 20%» d'agir pour un désengagement de cette société de ses activités illégales en Palestine occupée. «L'Etat français, en laissant les institutions financières françaises financer les entreprises impliquées dans le maintien et le développement des colonies israéliennes, soutient indirectement la colonisation», accusent les organisations à l'origine du rapport. M. M.