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Il y a deux ans partait en long voyage le Gavroche de la Casbah !
Publié dans La Tribune le 30 - 03 - 2017

Ces jours-ci, le printemps est lumières d'un ciel d'azur et d'une Méditerranée d'opaline. Il incite irrésistiblement au farniente algérois, ce «grand bonheur dans l'espace» décrit par Albert Camus dans Noces suivi de l'Eté. Noces de l'homme avec la mer, le ciel et le relief. Mais ce printemps précocement installé n'est pas seulement celui de la vie en couleurs et en sensations de bonheur à voler au temps qui passe. C'est aussi celui du souvenir de la mort des meilleurs des Algériens. Et, ces jours-ci, celui de l'homme de théâtre et de cinéma, Sid-Ali Kouiret, ravi aux siens et à notre admiration, il y a deux ans. Et Sid-Ali, enfant de la rue de la Marine mais Gavroche de la Casbah, est né à l'art, rue Randon, dans le cœur haussmannien de vieille citadelle d'Alger. La rue de la «Mosquée des Juifs» comme l'appellent les Algérois pour évoquer son ancienne synagogue. Et raviver le souvenir de «Khouya Ali», c'est forcément songer à la madeleine de Proust. C'est faire un «arrêt sur image», comme le suggère le titre de la chronique. Normal, la mention même du nom de Kouiret et de la rue qui l'a vu naître d'abord au théâtre, incite justement à partir à la recherche du temps perdu. Pas du «Côté de chez Swann», mais du côté de cette rue de la «Mosquée des Juifs». Rue Randon, cette veine urbaine qui fut jadis une artère culturelle, aujourd'hui Amar Ali, Ali La Pointe de la Bataille d'Alger, mythifiée par le film de l'Italien Gillo Pontecorvo. A «la Mosquée des Juifs », nom générique de tout un quartier d'architecture mixte, c'est-à-dire haussmano-mauresque, ce fut surtout la culture et l'histoire. Tenez, par exemple, c'est là, dans une échoppe de soie, de satin, de taffetas et de tussor, qu'un Mozabite, poète de fine étoffe, écrivit «Qassaman», l'hymne de la Libération. Si cet Omar El Khayyâm algérien n'y a pas fait fortune, un autre Algérien eut, lui, la chance d'y rencontrer des Juifs fortunés. Djilali Mehri n'y est pas né, mais il a croisé un jour la famille de Prosper Amoyal, le bien prénommé futur roi du luxe et empereur des arts de la table et de la cristallerie en France. La rue Randon, ce fut aussi une rue de théâtre : dans un local où la contrefaçon chinoise expose désormais la richesse de sa gamme, Mustapha Kateb répétait naguère ses pièces. Il y a surtout lancé la carrière artistique de Sid-Ali Kouiret. Mais, avant plus de six décennies de théâtre et de cinéma, ce fut pour le petit Sid-Ali une enfance bien difficile qui le vit vivre d'expédients et de menus larcins. A l'orée de l'adolescence, il est déjà un «hozzi», un «rédjla», un gouapeur qui avait du cœur et un grand sens de l'honneur. Et c'est durant cette vie aventureuse qu'il rencontra un beau jour Mustapha Kateb qui dirigeait, dans les années 1950, une troupe de théâtre amateur, au Café de Daniel, rue de La Marine. Il se retrouva ensuite à la rue Randon où Kateb faisait ses répétitions de théâtre. Depuis, c'est la connexion avec les planches et le mariage avec la scène artistique qui se conjugua avec celle de sa vie faite de pérégrinations et de rencontres. 1951, à Berlin, avec la troupe EI-Messrah EI-Djazairi, puis à Paris, en 1952, entonnant dans les cafés algériens, et de plus belle, «Min Djibalina», le bel hymne patriotique écrit par l'artiste polymorphe et le poète et parolier polychrome Mohamed Mahboub Stambouli (1913-2002), père de notre confrère Nadjib, le journaliste culturel de l'inoubliable Algérie-Actualités. En 1954, il est à Bucarest pour le second festival de la jeunesse et des étudiants pour la paix, avant de devenir professionnel en signant avec la troupe municipale d'Alger, dirigée alors par le grand Mahieddine Bachtarzi. 1955, et alors que la guerre d'Indépendance faisait rage, la DST coloniale surveillait le local de la rue Randon et le fiche ainsi que tous ses camarades artistes. Il quitte donc Alger, débarque à Marseille et rejoint Paris où il s'associe à des artistes moudjahidine tels Mohamed Boudia, Hadj Omar, Khaled Amraoui dit El Missoum et Nourreddine Bouhired. Il résumera cette époque de lutte, par la modeste et sobre formule «On faisait les cafés FLN». Et c'est tout naturellement qu'il fit partie de la troupe artistique du FLN, créée pour sensibiliser l'opinion internationale. A l'Indépendance, il est déjà au TNA et entame, dès 1963, ce qui sera une brillante carrière cinématographique. Premier rôle à l'écran, sous la houlette de Mustapha Badie, dans «Les Enfants de la Casbah» d'Abdelhalim Raïs, pièce adaptée pour la télévision. Mais la consécration ne viendra que huit ans plus tard, avec «L'Opium et le Bâton» d'Ahmed Rachedi où il s'impose avec le rôle d'Ali le maquisard qui sera auréolé de la gloire du martyr. Sid-Ali Kouiret se fondit et se confondit tellement avec son personnage que ses admirateurs et autres cinéphiles ne l'appelaient plus que par le sobriquet affectueux de «khouya Ali» quand ils le croisaient dans la rue ! La suite est du même tonneau artistique, celui d'une carrière d'acteur qui aura joué dans plus d'une dizaine de films algériens et étrangers pour le cinéma et dans cinq autres longs métrages pour la télévision algérienne et française. Notamment, en 1971, «Décembre» de Mohammed Lakhdar-Hamina, 1974 : «L'Evasion de Hassan Terro» de Mustapha Badie ; 1975 : «Chronique des années de braise» de Mohammed Lakhdar-Hamina et Palme d'or au festival de Cannes. Prestations remarquables suivies en 1976 de «Echebka» (Les Pécheurs) de Ghaouti Bendéddouche et surtout de «Retour de l'enfant prodigue» de Youssef Chahine, «Les Ambassadeurs» de Naceur Ktari (1977) et en 1980 «Destins sanglants» de Kheiri Bichara, «Les Sacrifiés» d'Okacha Touita (1983). Sans oublier bien sûr «Les Enfants du soleil» de Mohamed Ifticene (1991), «Les Suspects» de Kamal Dehane en 2004 et enfin en 2007, «Morituri», une adaptation du polar de Yasmina Khadra par Okacha Touita. A la télé, il y avait bien évidemment «Les Enfants de la Casbah», «Le Retour» de Benamar Bakhti (1979), «La Famille Ramdam» de Ross Elavy pour M6 en 2006 et, enfin en 2008 «Le Joueur» (El Laïb) et en 2009 «Imarat El-Hadj Lakhdar» de Mahmoud Zemmouri. Tout compte cinématographique fait, le multistandard Sid-Ali Kouiret aura été le seul acteur algérien à avoir été dirigé par des cinéastes d'Algérie, Tunisie, Egypte et de France, notamment par Mohamed Lakhdar Hamina, Youssef Chahine et Kheiri Bichara. Chapeau bas khouya Ali !
N. K.

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