Steve Eisman, du fonds Neuberger Berman, connu pour avoir fait fortune en pariant sur l'effondrement du marché immobilier au 2008, relativise le danger des subprime auto et explique que cette classe d'actifs n'est pas assez importante pour mettre en danger l'ensemble du système financier. Et si quelque chose ne tournait pas rond dans le marché du crédit automobile américain ? Certes, l'économie outre-Atlantique se porte bien et les Américains continuent de s'endetter à bon marché malgré la hausse des taux de la Fed. Mais les derniers chiffres du crédit aux Etats-Unis montrent qu'ils sont de plus en plus nombreux à être en retard sur le remboursement de leurs crédits auto, dont l'encours total s'élève à 1 157 milliards de dollars. Et notamment dans la catégorie «subprime», (179 milliards de dollars), c'est-à-dire des prêts accordés aux emprunteurs les plus fragiles. A la fin de l'année 2016, 23,27 milliards de dollars de nouveaux crédits auto étaient en souffrance, un plus haut depuis... 2008. Le mouvement n'est pas près de s'arrêter : les banques américaines anticipent encore des hausses de défaut en 2017. Autre source d'inquiétude, la production de crédit «subprime» a été plus élevée pour l'automobile (27,2 milliards de dollars) que pour l'immobilier (22,8 milliards) au dernier trimestre. Enfin, les analystes de Morgan Stanley tirent la sonnette d'alarme sur le boom des «deep subprime», des crédits à risque car accordés aux ménages les moins solvables. Ils représentent près de 33% des crédits titrisés, contre seulement 5% en 2010. Dans une note adressée à ses clients inquiets de voir une nouvelle bulle se profiler, UBS explique que «cette situation est liée à l'augmentation des inégalités de revenus aux Etats-Unis et à l'assouplissement agressif des conditions de crédit». Selon les analystes de l'établissement suisse, la banque centrale américaine, pour relancer l'inflation, a plus réussi à soutenir la création de richesses au profit des consommateurs les plus aisés qu'à stimuler l'économie en général. Du coup «nous avons peut-être saturé la demande de crédit venant des emprunteurs de première qualité», expliquent-ils. La situation est-elle pour autant grave ? «De 2004 à la crise financière, la part des ‘‘subprime'' immobiliers dans la production est passée de 10% à 25%, A l'inverse, les prêts auto ‘‘subprime'' sont restés stables (ces dernières années, ndlr) à près de 20%», soulignent les analystes de Deutsche Bank. UBS va dans le même sens : «Nous estimons le total de la dette ‘‘subprime'' (immobilier, prêts étudiant et auto) à un niveau significatif de 1 250 milliards de dollars. C'est toutefois moins que le sommet atteint en 2009, à 1 900 milliards de dollars.» La banque helvète rappelle également que ces crédits sont essentiellement à la charge du gouvernement et non des banques. Steve Eisman, du fonds Neuberger Berman et connu pour avoir fait fortune en pariant sur l'effondrement du marché immobilier au 2008, relativise aussi le danger des subprime auto. Lors d'un entretien avec Bloomberg, il explique que cette classe d'actifs n'est pas assez importante pour mettre en danger l'ensemble du système financier. E. G. In lesechos.fr