Depuis plusieurs mois, ces tout derniers jours avec plus d'insistance et une certaine inquiétude encore, les Algériens ont le regard braqué sur l'élection présidentielle en France. Il faut comprendre, l'arrivée au pouvoir de la «digne» fille de son père a de quoi déranger et inquiéter beaucoup de nos compatriotes qui entretiennent des liens avec la France de nature familiale ou autre. Un chiffre, un seul, justifie amplement cet intérêt : les statistiques ethniques étant interdites chez notre voisin du nord de la Méditerranée, les estimations approximatives, mais approchantes donnent un chiffre de quatre à cinq millions d'Algériens ou de Français d'origine algérienne élisant domicile dans l'Hexagone. Mais Il se peut que ce soit plus, car beaucoup d'Algériens ou de binationaux ne prennent pas la peine de se faire immatriculer dans les représentations consulaires. Ceci pour dire qu'il y a plus d'une raison pour l'Algérie et les Algériens de se tenir le ventre, ce 23 avril, jour du premier tour de l'élection présidentielle française, un scrutin sur lequel pèse et a pesé de bout en bout l'ombre de la dynastie revancharde, haineuse et mafieuse des Le Pen qui ne trouve ses aises que dans la culture, sur une terre brûlée et fumante, du souvenir de l'Algérie française. Mais il faut croire que, malgré son score élevé, anormalement élevé, l'héritière génétique et idéologique de son père n'arrive pas encore à percer un certain plafond de verre. Il n'empêche, en arrivant deuxième avec un score de 21,5% des voix derrière Emmanuel Macron qui engrange 23,8% des suffrages, elle réunit sur sa personne et sur l'extrême-droite française près de 8 millions des voix sur 47 millions de votants. Certes, on s'achemine vers une victoire d'Emmanuel Macron au deuxième tour le 7 mai prochain, mais la victoire relative de Marine Le Pen est pour le moment la traduction d'un type de vie politique et de la classe qui la représente, arrivée à son terme. C'est un système qui a vécu et le triomphe arithmétique de la candidate des nostalgiques de l'Algérie française n'en est que la traduction la plus significative et le signe visible d'un symptôme annonciateur d'une rupture inévitable. Et 2022, année de la prochaine échéance présidentielle, est toute proche, mine de rien. L'extrême droite française continuera-t-elle à tenir le haut du pavé à cette date ? Pour le moment, les Algériens n'ont en principe pas trop à s'en faire. Le plus que probable prochain Président français, en l'occurrence Emmanuel Macron, est un ami sincère de l'Algérie, très éloigné des idées de «préférence nationale» et du revanchisme en sommeil par rapport à une guerre perdue par le raciste nonagénaire Jean-Marie Le Pen qui ne quittera pas ce bas-monde sans avoir légué à sa descendance un racisme idéologisé et les braises d'une haine générationnelle. A. S.