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Le bing bang Macron
PRESIDENTIELLE FRANÇAISE: IL PART FAVORI FACE À MARINE LE PEN
Publié dans L'Expression le 25 - 04 - 2017


Emmanuel Macron a mis son bulletin dans l'urne
Sauf coup de théâtre, Emmanuel Macron qui n'a jamais été élu pour quelque fonction que ce soit est en pole position pour succéder à François Hollande et devenir ainsi le plus jeune président de l'Histoire de France, devant Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873).
Emmanuel Macron, pro européen et jeune ovni catapulté par la finance internationale, part favori dans la bataille lancée depuis hier pour le second tour de l'élection présidentielle française, le 7 mai prochain, face à la dirigeante d'extrême droite anti-mondialisation Marine Le Pen. Un duel dont sont exclus les deux grands partis traditionnels que sont le PS et les Républicains.
Marine Le Pen qui réalise ses meilleurs scores dans les zones rurales, les petites communes, les régions qui ont pâti de la mondialisation n' a pas perdu de temps pour battre la campagne avec un déplacement dès hier dans le nord de la France qui n'est pas encore tout à fait remise du choix sorti des urnes: deux candidats aux antipodes l'un de l'autre que le désir de renouvellement de la classe politique aura servi au-delà des espérances, après une campagne riche en suspense et en rebondissements. «En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française», a dit Emmanuel Macron devant ses partisans réunis dimanche soir, à Paris. Le résultat de l'ancien ministre de l'Economie, à moins de deux points devant la représentante du FN, et les pronostics de victoire basés sur les reports pressentis des voix en sa faveur pour contrer l'extrême droite est «le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément», après le vote du Brexit, en juin dernier, au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis.
Face à lui, Mme Le Pen s'est réjouie d'avoir obtenu un résultat «historique», affirmant que «la première étape est franchie» alors que tous les sondages l'avaient donnée partante pour le duel du second tour. Mais elle doit tenir compte du fait que la majorité de la classe politique française, de droite comme de gauche, a aussitôt appelé à «faire barrage» à l'extrême droite, notamment les candidats battus François Fillon et Benoît Hamon. Pour les communautés musulmanes, l'enjeu est crucial et elles sont unanimement en faveur du triomphe de Macron dont le programme est, malgré quelques inquiétudes, plus sensible à leurs attentes que celui de la candidate du FN, appelée à radicaliser encore plus son propos habituel contre l'immigration, l'islam et le terrorisme. D'ailleurs, les pays d'origine soutiennent unanimement la candidature du leader «d'En Marche alors que l'Algérie» seul pays à l'avoir accueilli avant le début de la campagne électorale, se félicite d'ores et déjà, de sa victoire anticipée. Pour les Algériens, la relation avec Macron a une qualité première, en ce sens qu'elle garantit la poursuite de la relation apaisée qu'a apportée François Hollande. Sauf coup de théâtre pour le moment improbable, Emmanuel Macron, qui n'a jamais été élu pour quelque fonction que ce soit, est en pole position pour succéder à François Hollande et devenir ainsi le plus jeune président de la République de l'Histoire de France, devant Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873). «Cette élection est un référendum pour ou contre la mondialisation sauvage» a averti Marine Le Pen qui entend confronter les suffrages des «nationalistes» et ceux des «patriotes», dans une France coupée en deux. Le pays s'est en effet réveillé avec un nouveau paysage politique, marqué par le coude-à-coude entre les partisans du Frexit et les adeptes de l'ancrage européen, d'une part, et par l'effondrement des partis traditionnels, d'autre part.
Dans ce contexte, l'aveu de Benoît Hamon confronté à un «désastre» de son propre camp et la colère latente de Jean-Luc Mélenchon qui espérait beaucoup de la percée fulgurante engrangée par la «France insoumise» ont fait l'effet d'une douche froide chez le «peuple de gauche». Réaction à froid ou prise de position, on le verra dans les prochains jours, au-delà des propos divergents de Hamon qui appelait sur le champ à voter Macron et de Mélenchon qui refusait de se prononcer n'ayant pas eu mandat de ses compagnons à ce sujet. Mais aussi à droite, le débat sur la nécessité d'un front républicain contre l'élection de la représentante de l'extrême droite a pris de l'ampleur, rappelant l'élection présidentielle de 2002 qui avait vu le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, père de Marine, se qualifier au second tour du scrutin face à Jacques Chirac, porté par la toute nouvelle UMP, avant d'être battu à plate couture (17,79%), par un immense rassemblement contre lui.
Marine Le Pen ne fera pas dans la dentelle pour tenter d'acculer son rival en l'entraînant sur ses thèmes de prédilection, son «ouverture» face à sa volonté de repli, sa diversité face à son socle identitaire, et surtout son libéralisme face à sa logique protectionniste. En somme, l'Europe face au Frexit, la France «patriote» face à la mondialisation dont Macron serait le chantre parachuté. «Soit nous continuons sur la voie de la dérégulation totale, soit vous choisissez la France», a-t-elle prévenu dimanche soir l'ensemble des Français. Emmanuel Macron, pour sa part, s'en tient à son discours d'espoir, gage de pacte avec la jeunesse du pays à laquelle il promet le renouveau. Fort de l'appui de la chancelière allemande Angela Merkel et du coup de téléphone attentif de Barack Obama, il sait qu'il incarne, bon gré mal gré, la rupture attendue avec le «système». Sauf que son problème, ou plutôt son dilemme, après avoir agglutiné les soutiens de tous bords sans trop y regarder, sera de convaincre qu'il est bien l'homme de la rupture, cerné qu'il est par nombre de figures telles que Robert Hue, François Bayrou, Gérard Collomb, Alain Madelin, le chanteur Renaud et sa collègue Line Renaud!
Autre défi, la liste des législatives pour laquelle Macron s'est engagé à réserver la moitié des places à des candidats sans étiquette aura des conséquences certaines sur l'homogénéité de la majorité dont il aura besoin pour gouverner. Jusqu'ici, tous les présidents qui l'ont précédé ont disposé d'une majorité, soit absolue, soit relative. Mais avec une composante new look, allant de la gauche à la droite, en passant par un centre divers, le jeu paraît quelque peu compliqué. A moins que les Républicains et la France insoumise ne jouent leur propre partition, conduisant à une assemblée dominée par la droite ou par la gauche et imposant une cohabitation qui achèvera de rendre la situation brinquebalante.


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