Emmanuel Macron a été élu avec 65,5% de voix, selon les résultats provisoires. Une victoire nette, malgré un taux d'abstention important estimé à 25,3% et 8% de votes blancs ou nuls. Lors de l'élection de 2012, les votes nuls et blancs s'étaient limités à 5,8% – 4,2% en 2007, 5,4% en 2002, 6% en 1995 et 3,6% en 1988. La France a choisi le plus jeune chef d'Etat depuis l'avènement de la République. Un record, eu égard à la jeunesse du nouveau chef d'Etat français et de son entrée en politique toute récente. Cette élection marque aussi la défaite des partis traditionnels de gouvernement et la percée du Front national. Pour la deuxième fois en 15 ans, le Front national accède au second tour de la présidentielle. Bien que défaite, Marine Le Pen enregistre un score en progrès pour le FN par rapport aux précédents scrutins avec 11 millions de voix. Il est de fait le premier parti d'opposition, à moins que la droite et la gauche se recomposent, entreprise extrêmement délicate pour cette dernière tant le Parti socialiste est sorti abîmé de ses divisions et de la cuisante défaite de son candidat au premier tour de la présidentielle. L'entre-deux-tours a été marqué par de nombreux ralliements à M. Macron (24,01% des suffrages au premier tour le 23 avril), pour faire barrage à Mme Le Pen (21,30%). Environ 47,5 millions de Français étaient appelés à voter à partir de 6h GMT. C'est sur l'esplanade du Louvre que le jeune Président a donné rendez-vous à ses soutiens et à ceux qui ont cru en lui pour fêter cette victoire inattendue il y a quelques semaines. Dès aujourd'hui, Emmanuel Macron devra s'attacher à construire une majorité de gouvernement cohérente. Et adresser un message de rassemblement à un pays fracturé. Les électeurs qui ont donné la victoire à Emmanuel Macron ont rejeté le populisme, le repli et la division de la société. A charge pour Emmanuel Macron de redonner confiance à ceux qui souffrent, à ceux qui sont en marge du progrès social et du bien-être, de redonner du sens au vivre-ensemble, de mettre en échec la méfiance, la suspicion et la défiance alimentées par le discours xénophobe et exclusif du FN qui a surfé sur les peurs (de l'insécurité, du chômage, du terrorisme…). L'heure de traduire les engagements électoraux en actes est venue «Nous avons fini avec cet ordre ancien et nous devons aller au bout de la refondation politique en cours», affirmait Emmanuel Macron en meeting à Paris, le 1er mai. Et aussi : «La République nouvelle sera une République unifiée, réconciliée», plaidant pour «une France de l'égalité», de la «fraternité». Il devra prouver qu'il est celui qui «rassemble au-delà des clivages politiques», celui qui «peut apaiser la société». Sa campagne, il l'avait voulue une campagne de «rassemblement, de réconciliation» et de dénonciation du projet de la candidate FN, ne manquant pas une occasion de confronter le Front national à son passé. Dans la profession de foi annonçant sa candidature à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron écrit : «Et ma vie aujourd'hui, c'est d'abord un combat pour des valeurs que j'ai chevillées au corps.» Ces valeurs sont pour le Président nouvellement élu «le travail», «la liberté», «la fidélité» et «l'ouverture». «Ces valeurs me constituent, mais elles ne m'appartiennent pas. Elles ne sont pas originales. Elles sont chaque jour le moteur quotidien de l'immense majorité d'entre nous. Mais c'est pour ces valeurs et pour permettre à chacun de les faire vivre pour soi-même que je m'engage en politique.» Et c'est sur ces valeurs qu'Emmanuel Macron a construit son programme présidentiel. Emmanuel Macron a confié, vendredi, avoir déjà choisi le futur chef de son gouvernement, sans toutefois le nommer. Aussi, le prochain Premier ministre sera chargé de mener la campagne des législatives des 11 et 18 juin, avec l'objectif de donner une majorité au nouveau chef de l'Etat pour mener sans heurts les réformes inscrites à son programme électoral. Pour «renouveler la vie politique et la vie démocratique», Emmanuel Macron avait affirmé sa volonté de présenter aux législatives des candidats pour «moitié nouveaux et au moins pour moitié des femmes». Comme d'instaurer «une part de proportionnelle dès le début par une réforme profonde». Les deux finalistes d'une élection à rebondissements ont assuré, tout au long de leur campagne, qu'ils incarnent le renouvellement du paysage politique. C'est plus vrai pour Emmanuel Macron, quasi inconnu il y a trois ans et fraîchement venu à la politique (son mouvement En marche ! a été créé il y a à peine un an), contrairement à sa rivale, Marine Le Pen, qui est dans la vie politique depuis 20 ans et qui a hérité du parti fondé par son père, Jean-Marie Le Pen. Fait inédit, les deux grands partis traditionnels de la gauche et de la droite ont été éliminés dès le premier tour. A signaler que le 10 mai, ce sera le dernier Conseil des ministres présidé par François Hollande. Une journée qui sera marquée également par la commémoration de l'abolition de l'esclavage, en présence de son successeur à l'Elysée. La passation de pouvoir devrait avoir lieu le 14 mai, date ultime du mandat de François Hollande. L'investiture du nouveau locataire de l'Elysée suivra. A partir du 15 mai, le Premier ministre sera nommé, le nouveau gouvernement devrait être annoncé rapidement par la suite. Emmanuel Macron défend le libéralisme économique et veut approfondir l'intégration européenne. Marine Le Pen, pour sa part, n'a eu de cesse de dénoncer la «mondialisation sauvage» et l'immigration dont elle souhaite l'arrêt et plaide pour une sortie de l'euro et de l'Union européenne dans sa configuration actuelle.