Infatigable, puisant ses forces dans sa conviction profonde que la réconciliation entre les frères-ennemis est possible et même proche, l'Algérie accueille aujourd'hui la 11e réunion des pays voisins de la Libye pour débattre justement de l'évolution de la situation sécuritaire et politique dans ce pays, en proie à une crise multiple depuis la disparition de son président, Mouammar Kadhafi. Dès le début du conflit, l'Algérie a plaidé pour une solution politique à travers le dialogue inclusif et la réconciliation nationale. Et elle a vu juste. Son opposition ferme à toute résolution du conflit par la voie des armes a donné des résultats positifs si bien que de nombreux pays, y compris ceux qui ont appelé à l'intervention militaire, ont fini par adhérer à sa démarche. La 11e réunion des pays voisins de la Libye se tient donc aujourd'hui à Alger, sous l'égide des Nations unies et de la Ligue arabe, en présence des représentants des différentes régions libyennes en conflit. Faïz El-Serradj, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'entente nationale, arrivera, lui, demain. Ce sera sa quatrième visite dans notre pays, depuis décembre 2015. Le maréchal Khalifa Haftar n'est pas cité mais les dernières informations assurent que les deux responsables politique et militaire libyens se sont rencontrés ces derniers jours en Libye, alors que la chose était pratiquement impossible jusqu'à il y a quelques mois. Les deux opposants, notamment le maréchal, affichaient un total refus de se mettre autour d'une table et négocier, voire discuter simplement. Les choses semblent avoir changé et, fort heureusement, positivement, grâce à la médiation algérienne, entre autres. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a particulièrement joué un rôle très important dans le rapprochement des différentes parties. Samedi dernier, il était dans la région sud du pays. Sa deuxième visite de l'année, après celle d'avril dernier (du 19 au 21), dans les villes d'En Bayda, Benghazi, Zentan, Misrata et Tripoli. Une visite qui lui a permis de constater «la forte volonté des Libyens de régler les problèmes auxquels est confrontée la Libye dans le cadre du dialogue pour la paix et la stabilité». C'est ce qui l'a décidé à poursuivre son périple, en se dirigeant vers le côté sud du pays où il a rencontré les notables des tribus du Fezzan, des personnalités politiques et des militaires de la région. Ces derniers ont «salué les efforts de l'Algérie en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale en Libye» et «ont valorisé l'expérience algérienne dans la réconciliation nationale et la lutte antiterroriste». Les notables du Fezzan, a rapporté le ministre algérien Abdelkader Messahel, l'ont chargé de «transmettre un message aux pays frères et voisins de la Libye, les appelant à accompagner les libyens pour régler la crise que vit le pays et à consentir davantage d'efforts en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale». C'est dans ce cadre que se tient la réunion qui s'ouvre aujourd'hui à Alger. Messahel a reçu hier les chefs de délégations des pays voisins de la Libye, ainsi que le représentant de l'Organisation des nations unies pour ce pays, Martin Kobler. Ce dernier, dans une déclaration à la presse, a salué le rôle de l'Algérie dans le processus de règlement de la crise dans ce pays voisin. «Je suis très reconnaissant au ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, d'avoir arrangé cette 11e réunion» a-t-il dit. Il ajoutera : «Toutefois, le règlement de la crise en Libye ne peut se faire sans le soutien des pays voisins et de la communauté internationale.» Manière de relancer l'appel de l'organisation onusienne à la communauté internationale pour y apporter sa contribution et que cette contribution soit réellement efficace. Au cours de cette réunion d'Alger qui sera certainement suivie par d'autres, à Alger et ailleurs, les participants examineront l'évolution de la situation sécuritaire et politique dans le pays, et des discussions et des négociations pour l'unification de la direction politique et des forces armées libyennes. Il sera aussi question de passer en revue «les menaces des groupes terroristes, les organisations criminelles, l'immigration illégale et le crime organisé». Lors de son déplacement, samedi, dans la ville de Ghat, dans le sud du pays, le ministre algérien, Abdelkader Messahel, a souligné «la nécessité d'édifier des institutions libyennes fortes à travers le dialogue inclusif et la réconciliation nationale globale», assurant que la «Libye est capable de surmonter sa crise grâce à ses cadres, ses ressources humaines et ses potentialités, à condition que les parties étrangères n'interfèrent pas dans ses affaires internes». Messahel a indiqué également que «l'Algérie est pour une armée libyenne unifiée et un gouvernement fort capable de satisfaire les revendications des citoyens et un Parlement qui représente tout le peuple libyen». K. M.