Le Brésil est divisé entre défenseurs et pourfendeurs de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, accusé d'avoir bénéficié de pot-de-vin dans le scandale de corruption Petrobras. Le Brésil semble plus divisé que jamais, deux jours après l'interrogatoire fleuve de son emblématique ex-président. Le Brésil est divisé entre défenseurs et pourfendeurs de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, accusé d'avoir bénéficié de pot-de-vin dans le scandale de corruption Petrobras. Le Brésil semble plus divisé que jamais, deux jours après l'interrogatoire fleuve de son emblématique ex-président. L'audience devant le juge anticorruption Sergio Moro, à Curitiba, s'est déroulée à huis clos et l'icône de la gauche brésilienne de 71 ans, qui a dirigé le pays de 2003 à 2010, est venu se défendre d'accusations selon lesquelles il aurait reçu un appartement en triplex dans une station balnéaire en guise de pot-de-vin du groupe de construction OAS. «Je n'ai jamais sollicité et je n'ai jamais reçu le moindre appartement», a assuré l'ancien ouvrier métallurgiste durant l'interrogatoire. «Je considère que ce procès est illégitime et je dénonce une mascarade», a-t-il ajouté. Les partisans de Lula estiment qu'il «existe une persécution politique pour empêcher que Lula soit candidat en 2018» à la présidentielle, au moment même où il est en tête des intentions de vote, résume l'analyste politique. Ses adversaires affirment au contraire que «les principaux responsables de tout ce réseau de corruption sont le PT et Lula», car ils étaient au pouvoir ces 13 dernières années, de 2003 à 2016. Pendant l'interrogatoire, Lula a reconnu avoir visité l'appartement incriminé avec un représentant d'OAS, mais affirmé que ni lui ni son épouse n'ont souhaité l'acheter, notamment à cause de «nombreux défauts» de fabrication. Il a précisé que sa femme Marisa Leticia, décédée en février, a pu manifester de l'intérêt pour le triplex, s'attirant ainsi de dures critiques de la presse. Les grands journaux brésiliens ont ainsi commenté que l'ex-président avait tenté de faire porter le chapeau à sa défunte épouse, ironisant sur son argument selon lequel «personne ne savait» qu'il existait un vaste réseau de corruption autour de Petrobras. Au total, Lula est visé par cinq procédures judiciaires et les accusations concernant le triplex ne constituent qu'un seul volet de l'enquête. Le verdict n'est pas attendu avant plusieurs semaines. S'il est reconnu coupable et la décision confirmée en appel, il encourt une peine de prison et ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle de 2018. «Si j'ai commis un crime, prouvez-le. Exposez-le à la société et Lula sera puni comme n'importe quel citoyen (...). Mais pour l'amour de Dieu, présentez une preuve !», a lancé l'ancien chef d'Etat dans les dernières minutes de son audition. La défense de Lula assure que le juge Sergio Moro, devenu pour une partie des Brésiliens «le héros de la lutte contre la corruption», cache des «intentions politiques», la principale étant d'écarter leur client de la course à la présidentielle. «Cela n'a pas été un interrogatoire normal, non seulement en raison du caractère politique des questions formulées, mais aussi à cause des diverses déclarations du juge tout au long de l'audience, qui ont montré que clairement, c'est une personne qui juge par avance l'ex-président Lula», a déclaré la défense. R. I.