Atteindre l'autosuffisance à partir de l'activité agricole passe nécessairement par un assainissement du foncier, l'extension des périmètres irrigués, la création de véritables entreprises agricoles, l'introduction de la technicité à tous les niveaux, l'encouragement de l'investissement dans le secteur de l'agroalimentaire avec un engagement d'une stratégie de labellisation en vu de conquérir des marchés extérieurs. C'est un avis d'experts qui gagnerait à être mis en pratique au plus vite par les pouvoirs publics dans cette conjoncture où la forte contraction de la rente pétrolière risque de perdurer. L'inquiétude provoquée par la chute brutale des recettes pétrolière vient conforter ceux qui préconisent de miser sur la croissance de la production agricole comme moyen efficace pour, sinon juguler, ou du moins amoindrir les effets négatifs de la crise financière que traverse le pays. Une approche qui tient la route car de nombreux experts expliquent à l'unanimité «puisque les devises se font rares, il faut essayer de les économiser en faisant de l'import – substitution». En clair : au lieu d'importer selon les années 60 à 70% de la nourriture pour les besoins de consommation de la population, il faut produire localement plus de céréales, plus de lait, plus de légumes et de fruits. C'est d'ailleurs ce que les pouvoirs ont tenté de faire depuis deux décennies à travers la mise en place de multiples programmes de développement de notre secteur de l'agriculture confortés par des aides financières conséquentes au secteur à des fins d'accroître les rendements, c'est-à-dire un soutien financier pour encourager la production végétale et animale. Il est utile de rappeler au passage que l'aide financière de l'Etat au secteur est passée ces dernières années de 200 milliards à 300 milliards de dinars et que le ministère de tutelle a pris l'initiative de rendre plus accessible le crédit bancaire aux gens de la terre. Des crédits baptisés sous l'appellation de «Rfig» et de «Ettahdi». A travers ces dernier (Rfig* et Ettahdi*), les pouvoirs publics ont visé à faire bénéficier de manière progressive le plus grand nombre de gens de la terre d'un accompagnement financier anticipé de leurs campagnes agricoles annuelles. Mais force est de croire que ces aides ont été parfois mal exploitées car n'en déplaise à beaucoup d'agriculteurs, toute l'aide accordée ne s'est pas intégralement traduite sur le terrain. Cela est d'autant plus évident quand on constate que dans beaucoup d'exploitations agricoles, les méthodes de travail ont continué d'être archaïques. Et ce n'est pas avec de telles pratiques que l'on peut atteindre de meilleurs rendements à l'hectare cultivé tout au moins sur l'ensemble des terres arables que compte le pays. Ce refus d'opter pour de nouvelles techniques culturales va à contre-courant des réformes engagées dans le secteur. C'est pourquoi, il devient urgent d'interpeller les exploitants agricoles mis en cause pour qu'ils comprennent qu'il est de leur intérêt d'adopter des techniques agricoles nouvelles. C'est par ailleurs ce qui leur est demandé : produire plus et mieux. Une orientation des plus indiquées quand on sait que le pays n'est plus en mesure d'assurer en totalité le financement des achats externes des produits de base (céréales, légumes secs, lait, oléagineux, alimentation fourragère et complément alimentaire pour les animaux d'élevage). Cet objectif de produire plus et mieux est d'autant plus réalisable dans la mesure où le pays dispose d'un fort potentiel agricole qui ne demande qu'à être exploité. Certes des avancées considérables ont été enregistrées sur le terrain jusqu'ici et celles-ci faut-il le souligner sont le fruit de la rénovation des différentes politiques sectorielles dans l'agriculture et le développement rural. En effet, notre secteur de l'agriculture connaît depuis quelques années une croissance sensible dans beaucoup de ses filières. Des performances qui ont laissé comprendre à plus d'un titre que l'agriculture représente un secteur important pour l'économie algérienne. Cependant, il est admis qu'il reste beaucoup à faire si l'on veut devenir autosuffisant dans certaines cultures. Pour ce faire, il va falloir accentuer le taux de croissance dans le secteur de l'agriculture. Un travail de longue haleine car exigeant une continuité et un renforcement conséquent des capacités de production et la multiplication d'unités de transformation des produits agricoles (animale et végétale). En somme, il va falloir dans un premier temps faire en sorte que les systèmes de cultures en vigueur enregistrent des transformations de grande ampleur. En seconde priorité : relancer les investissements dans le secteur et en dernier renforcer et moderniser l'outil de production au sein des exploitations. Il s'agira donc de mettre en place un nouveau modèle de croissance du secteur agricole. Une stratégie qui, selon les experts, va permettre «une sortie du productivisme vers le passage à une intensification durable des systèmes de production agricole», recommandent les experts en matière de production agricole. Une feuille de route à suivre impérativement compte tenu du fait que les recettes extérieures du pays ne sont pas à la veille de retourner à la hausse pis encore : l'hypothèse de voir leur baisse s'inscrire dans la durée n'est pas à exclure. C'est pourquoi, il va donc falloir produire plus, mieux, avec moins de facteurs de production mobilisés et améliorer la productivité rapportée à la même superficie. Des défis qui somme toute doivent être relevés si l'on veut garantir durablement la sécurité alimentaire du pays sur la base de la production locale. Z. A. *Crédits Rfig et Ettahdi Le prêt à taux bonifié Rfig a pour but d'encourager les exploitations agricoles individuelles ou collectives, les coopératives, les groupements, les associations et les fédérations agricoles de large consommation. La formule permet également le financement des acquisitions d'intrants nécessaires à l'activité des exploitations agricoles, d'aliments de bétail, de moyens d'abreuvement, de produits médicamenteux vétérinaires et de produits agricoles à entreposer dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). En ce qui concerne le crédit d'investissement Ettahadi, c'est un financement bancaire qui vise en fait à financer la création, l'équipement et la modernisation de nouvelles exploitations agricoles et d'élevage, et à renforcer les capacités de production existantes ou insuffisamment valorisées. Ce produit destiné à l'adresse des concessionnaires bénéficiaires d'exploitations de plus de 10 hectares est plafonné à 200 millions de dinars. C'est pourquoi les investisseurs détenteurs de projets approuvés par l'Office national des terres agricoles (ONTA) et retenus dans le cadre de la mise en valeur des terres agricoles sont nombreux à s'être intéressés à ce crédit qui offre, comme principaux avantages, une bonification du taux d'intérêt pour les projets à moyen terme. Il faut savoir, dans ce cadre, que pendant les trois premières années du projet, Ettahadi a été octroyé à des taux bonifiés à 100%. Lors des quatrième et cinquième années, le taux passera à 1%, avant d'atteindre 3% les sixième à septième année, délai à partir duquel le bénéficiaire aura à rembourser la totalité des intérêts au taux du marché.