L'autoroute Est-Ouest a creusé son chemin et arrivera bientôt à destination, son ouverture étant prévue pour l'année en cours. Cet immense et bel ouvrage qui traverse le pays n'a pas fait que des heureux, les conducteurs qui économiseront du temps pendant leur parcours sur cette autoroute et éviteront les embouteillages. Les autres, ce sont les expropriés qui ont dû être déplacés et recasés, puis relogés, tandis que certains séjournent encore dans des chalets. Ce n'est certainement pas de gaîté de cœur qu'ils ont accepté de renoncer à leurs habitations, même pour un projet d'utilité publique. Il est en tout cas difficile d'en convaincre les concernés, mais le nœud gordien réside très souvent dans la question d'indemnisation autour de laquelle il y a rarement un consensus rapide. Le projet de l'autoroute Est-Ouest n'y a pas échappé, lui qui a buté sur la question des expropriations. Des craintes et des refus ont marqué son lancement çà et là. Certains avaient peur de ne pas être indemnisés à hauteur de la valeur qu'ils souhaitaient ou qu'ils avaient investie, alors que d'autres avaient carrément refusé de quitter leur logement. D'autant plus qu'il y avait ceux qui n'étaient pas propriétaires de leur habitation, comme c'était le cas des habitants de la ferme sur laquelle a été érigée la cité des Bananiers. Leur cas n'a d'ailleurs toujours pas été réglé. Il ressort des différentes déclarations du ministre des Travaux publics que 95% des cas d'expropriation ont été réglés à l'amiable et que près de 11 900 familles ont été indemnisées, pour un montant de 18 milliards de dinars. Mais comme dans toutes les situations d'expropriation, il y a eu également des cas litigieux qui ont fait l'objet de recours à la justice. L'autre question épineuse qu'a soulevée le projet de l'autoroute Est-Ouest est son passage sur le parc national d'El Kala. Des tractations avaient eu lieu, une rencontre ayant regroupé en 2008 les défenseurs du parc, qui prônaient un contournement du site, avec l'ex-chef de gouvernement, M. Belkhadem, et le ministre des Travaux publics, M. Amar Ghoul. Sans succès, puisque l'argument de «l'impérieuse nécessité de la jonction» avec la Tunisie leur avait été opposé, alors qu'en juillet 2007 Amar Ghoul avait affirmé que l'autoroute n'allait pas passer par le parc. Le tracé a été maintenu et, après ce revirement, le ministre a multiplié les déclarations, toutes aussi rassurantes les unes que les autres à propos de «la garantie de la protection de l'environnement» à El Kala. Si certains s'interrogent sur ce dilemme, soit privilégier l'aspect environnemental ou économique, d'autres n'hésitent pas à affirmer qu'un autre tracé était possible.