Cinq mois sont passés depuis le début des travaux de réalisation du projet de l'autoroute Est-Ouest et le constat est très satisfaisant. Les travaux de terrassement ont débuté ce mois-ci et 104 kilomètres d'études topographiques sont déjà réalisés sur le couloir Est. Ce qui laisse supposer que le projet pourra bel et bien être livré dans les délais impartis. Deux groupements d'entreprises l'un chinois et l'autre japonais ont décroché le marché. D'une valeur de 805 milliards de dinars, le projet de l'autoroute Est-Ouest est qualifié du plus grand chantier dans l'histoire du pays, de part sa taille et de ses coûts. Ces groupements ont désormais trente cinq mois pour installer le tapis autoroutier qui reliera Tlemcen à Annaba sur une distance 1 216 kilomètres. Rappelons que sept groupements industriels avaient répondu à l'appel d'offres international lancé le 25 octobre 2005, parmi lesquels on note une société allemande, une américaine, une italienne et une portugaise. Sur le plan des critères techniques (60%) et financière (40%), c'est le consortium japonais Cojaal ayant présenté la meilleure offre a remporté le lot Est qui s'est étend sur 399 kilomètres. De son côté, le chinois Citic/Crcc, ayant présenté un dossier financier défiant toute concurrence, s'est assuré les lots Centre de 169 kilomètres et Ouest de 359 kilomètres. Sur les 1216 kilomètres d'autoroute prévus, plus de 102 ont déjà été réalisés et livrés, alors que le reste est en cours d'achèvement. Un impact important sur l'économie nationale Le chantier devrait créer près de 100 000 emplois directs en Algérie. L'autoroute Est-Ouest ne modifiera pas le paysage routier national, puisqu'elle va pour l'essentiel suivre le tracé des nationales 4 et 5, qui relient Alger à Oran et Alger à Constantine. En revanche, elle risque de bouleverser la vie économique des 19 wilayas traversées directement et des 32 autres desservies, dans un pays où 85% des échanges commerciaux s'effectuent par voie terrestre. Onze tunnels devront être percés pour laisser passer deux fois trois voies sur une longueur de 20 kilomètres, 390 ouvrages d'art seront réalisés, dont 25 viaducs, et ce pour joindre les frontières tunisiennes, et marocaines. Cette infrastructure routière est prévue pour relier les deux villes frontalières d'El-Tarf, et de Tlemcen , en transitant par Annaba, Constantine, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Boumerdès, Alger, Khemis Miliana, Aïn Defla, Chlef, Relizane et Sidi Bel-Abbès. L'autoroute passe aussi par Chelgoum Laïd dans la wilaya de Mila et Mohammadia dans la wilaya de Mascara. Des bretelles autoroutières appelées pénétrantes relieront les villes étant loin du tracé à l'autoroute, comme Béjaïa et Oran. L'autoroute empruntera les tronçons autoroutiers déjà réalisés, comme l'évitement de Lakhdaria, de Bouira et de Aïn Smara près de Constantine. Le gouvernement veut une autoroute moderne aux normes européennes, avec une soixantaine d'échangeurs pour la relier au réseau routier existant. Des aires de stationnement, de péage, des stations-service sont prévues tout au long du tracé. L'autoroute Est-Ouest devrait être payante. Une étude a été lancée pour déterminer le prix du kilomètre et les sections concernées par le péage mais pour l'instant le coût n'a pas été déterminé. La vitesse de base sur l'autoroute variera entre 100 km et 120 km/h, selon les sections et les conditions climatiques. L'autoroute sera réalisée en deux fois trois voies, avec des bandes d'arrêts d'urgence et des clôtures de protection contre le passage des animaux sauvages et domestique et permettra la réduction du temps de parcours entre les villes du nord du pays, ce qui signifie une circulation rapide. Le strict respect des normes européennes Le premier responsable du secteur des Travaux publics, M. Amar Ghoul, qui chapeaute le projet à travers l'ANA (Agence nationale des autoroutes) insiste souvent lors de ses sorties médiatiques sur le respect impératif des délais de réalisation et notamment sur le système de protection de l'autoroute contre l'érosion en plantant le maximum d'arbres le long de cet ouvrage. "Mais il ne s'agit pas de planter n'importe comment, il faut que cela soit un travail parfait, en ayant recours à des études préalables" souligne-t-il constamment. La nouveauté dans ce mégaprojet c'est que le Gouvernement ait décidé que l'autoroute soit faite en trois voies dans chaque sens. Ce qui par ailleurs engendre des coûts supplémentaires soit 30 et 35% de plus au budget par rapport à une route à deux fois deux voies. Alors que les aménagements nécessaires à apporter pour les péages induisent un coût de plus estimé entre 10 et 15% alors que la transparence hydraulique avec les normes européennes vaut 5% de plus. Autre particularité, l'autoroute est-ouest sera réalisée suivant les normes européennes ave les volets sismicité et la sécurité qui ont été pris en considération, engendrent en plus un coût variant entre 10 et 15 %. Il y a aussi les conditions imposées par l'Algérie aux constructeurs et qui obligent à des concessions financières. Le délai ferme de 40 mois exigé pour l'achèvement du projet vaut 15 à 20% de plus. Les cadres des ministères des Travaux publics et des Finances qui ont travaillé ensemble sur les volets économique, juridique et technique des contrats lors des négociations avec les deux groupements retenus ont réussi à arracher des concessions aux groupes. Ainsi le coût global a été ramené à 805 milliards de dinars alors qu'il était estimé à plus. Les négociateurs ont également réussi à imposer certaines conditions portant sur les coûts qui sont plafonnés et qui ne subiront donc aucune réévaluation. Ce qui est une première en Algérie. Les pénalités de retard qui étaient de 2% ont été revues à la hausse à 10%. La caution de bonne exécution passe de 5 à 10% alors que les avances forfaitaires ne seront pas accordées sur la globalité du projet. Il faut savoir en somme que, le secteur des travaux publics s'est engagé à ouvrir le plus grand chantier de l'histoire du pays. Jamais un tel défi n'a été relevé par l'Algérie depuis l'indépendance. De plus, un délai record a été fixé aux deux groupements qui ont décroché le marché et vraisemblablement l'infrastructure sera livrée comme prévu.