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Feu vert du Conseil de sécurité pour la force G5 Sahel mais sans soutien financier La France et les Etats-Unis sont finalement parvenus à un consensus sur le déploiement du dispositif
La G5 Sahel, cette force mixte régionale composée par le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, a fini par obtenir, hier, le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU. Le vote du projet de résolution est intervenu à quelques jours du prochain sommet du G5 Sahel, qui doit se tenir le 2 juillet à Bamako. Il coïncide également avec l'annonce, lundi dernier, d'une participation de l'Union européenne au financement de la force africaine anti-djihadiste au Sahel. Présenté par la France, ce projet de force africaine a été rejeté, dans un premier temps, par les Etats-Unis. Il aura fallu plusieurs jours de discussions pour que la France et les Etats-Unis tombent d'accord, permettant ainsi au Conseil de sécurité de donner son feu vert pour le déploiement de cette force sans toutefois lui délivrer un mandat de l'ONU. Autrement dit, le consensus auquel sont parvenus Paris et Washington appuie le déploiement de la force G5 Sahel mais n'inclut aucun soutien financier ou logistique à cette mission militaire. Washington a estimé que cette force devrait fonctionner sans l'approbation de l'ONU, à l'instar du groupe de travail luttant contre le groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. L'administration américaine qui veut réduire sa contribution financière aux opérations de maintien la paix d'un milliard de dollars, a refusé que l'organisation onusienne accorde un soutien logistique ou financier à cette force conjointe, estimant qu'elle est suffisamment généreuse avec les cinq pays du Sahel en matière d'aide à la lutte antiterroriste. Washington a imposé cette condition dans le nouveau projet de résolution qui souligne à ce titre que «les Etats du G5 Sahel ont la responsabilité de fournir à la force les ressources suffisantes», tout en exhortant ces pays à assurer son «opérationnalisation durable et efficace». Le premier projet de résolution proposait que le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, présente dans les deux prochains mois un rapport au Conseil de sécurité sur les meilleures options pour le soutien financier des troupes au Sahel. Le nouveau texte consulté se contente d'un simple appel au soutien «des partenaires bilatéraux et multilatéraux» en les encourageant le cas échéant à tenir une conférence des donateurs. Le projet de résolution demande, par ailleurs, au chef de l'ONU de rapporter au Conseil de sécurité les activités de cette force militaire, y compris son déploiement et les difficultés qu'elle rencontre sur le terrain. Un briefing oral du chef de l'ONU devant le Conseil de sécurité est prévu dans les deux mois suivant l'adoption de la résolution et sera suivi d'un rapport écrit sur la mise en place de cette force. Rappelons que le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, qui composent le G5 Sahel, ont accepté en début de cette année de constituer une force de 5 000 hommes, chargée d'une mission spéciale de contre-terrorisme dans la région du Sahel. En mai dernier, le projet avait été avalisé par le Conseil de sécurité de l'Union africaine. En réalité, la décision initiale remonte au sommet du G5 Sahel en novembre 2015 à N'Djamena. Le projet a été réactivé récemment, en raison notamment de la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences extrémistes. En janvier, ces trois pays ont décidé de créer une force de sécurisation du Liptako-Gourma - zone à cheval sur leurs frontières communes, qui n'a pas encore vu le jour. En février à Bamako, les chefs d'Etat du G5 Sahel ont annoncé la «création immédiate» de cette force conjointe, avec comme «composante» la force tripartite Niger-Burkina-Mali. A préciser enfin que les activités de la force G5 Sahel seront également incluses dans les rapports réguliers établis par l'Unoca (Bureau régional des Nations unies pour l'Afrique centrale) et l'Unowas (le Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'ouest et le Sahel). Washington avait considéré à ce propos que le mandat proposé par la France dans le premier projet était «trop vaste et manquait de précisions», un constat appuyé par plusieurs observateurs qui ont soulevé le problème de coordination entre les différentes forces militaires présentes au Sahel. Au Mali, la coordination entre les forces existantes s'annonce rude, estiment-ils. Il s'agit de mettre en synergie les forces maliennes avec celles de la Minusma (mission multidimensionnelle pour la stabilisation au Mali) et les forces françaises présentes au Mali. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine qui avait autorisé en avril le déploiement de cette force pour une période initiale de 12 mois renouvelable, avait relevé que le projet de Concept d'opérations stratégique de la Force conjointe du G5 Sahel «doit expliciter les relations de soutien mutuel entre la force conjointe du G5 Sahel et la Minusma et les forces internationales en présence dans la région». Le projet de résolution a «reconnu l'impact de la situation au Mali sur la paix et la sécurité au Sahel, en Afrique de l'ouest et en Afrique du nord», en relevant que «les efforts visant à lutter contre le terrorisme au Mali et dans la région du Sahel devraient être poursuivis en vue de soutenir la mise en œuvre intégrale et effective de l'Accord de paix au Mali». Le Conseil de sécurité a exprimé sa «profonde préoccupation» face aux retards persistants dans la mise en œuvre de l'accord malgré les progrès récents réalisés en la matière et a exhorté le gouvernement malien, la plateforme et la coordination des mouvements de l'Azawad à «prendre des mesures urgentes et concrètes» pour s'acquitter, sans plus tarder, de leurs obligations en vertu de l'accord. H. Y.