Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi devrait s'attacher à recalibrer son message sur la sortie progressive de l'assouplissement quantitatif à l'issue de la réunion de politique monétaire de jeudi. Son discours à l'occasion du Forum de la BCE à Sintra au Portugal, le 27 juin, avait provoqué une vive réaction des intervenants de marché qui l'avaient interprété comme le signal d'un ralentissement prochain des achats d'actifs de la BCE. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi devrait s'attacher à recalibrer son message sur la sortie progressive de l'assouplissement quantitatif à l'issue de la réunion de politique monétaire de jeudi. Son discours à l'occasion du Forum de la BCE à Sintra au Portugal, le 27 juin, avait provoqué une vive réaction des intervenants de marché qui l'avaient interprété comme le signal d'un ralentissement prochain des achats d'actifs de la BCE. L'euro s'était vivement apprécié et les rendements obligataires tendus, suscitant un rétropédalage de plusieurs responsables monétaires européens. «Nous nous attendons à ce que les ajustements graduels de la communication de Draghi se poursuivent», écrivent des analystes de Nordea dans une note de recherche.Aucun changement majeur n'est attendu quant aux paramètres actuels de la politique monétaire à l'issue de la réunion de jeudi mais le conseil des gouverneurs pourrait décider d'abandonner la référence à sa disposition à augmenter la taille ou la durée de son programme d'achat d'actifs. Il préparerait ainsi une annonce à l'automne sur le calendrier et les modalités d'un ralentissement de l'assouplissement quantitatif (QE). «Jusqu'à présent la BCE avait un biais implicite en faveur d'une augmentation de la taille de son programme d'achats d'actifs, mais cette orientation pourrait évoluer vers plus de neutralité, la BCE essayant de préparer le terrain à la prochaine annonce d'un ralentissement (des achats) à l'automne», poursuivent les analystes de Nordea. Prenant acte de la nervosité des marchés après le discours de Draghi à Sintra et des récents ajustements dans la communication de la Réserve fédérale américaine, ils ajoutent : «il sera non moins intéressant de voir les réactions des marchés avant et après la réunion... Draghi devra ouvrir la voie à une annonce sur un ralentissement des achats sans trop effrayer les marchés obligataires.» La moitié des économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que la BCE annonce en septembre qu'elle va progressivement réduire ses achats. Un peu plus d'un quart ont déclaré qu'elle n'annoncerait aucun changement en septembre et une proportion similaire prédit une extension de son programme au-delà de décembre mais avec une réduction du montant des achats mensuels. Jusqu'à présent la BCE a dit que ses achats se poursuivraient à leur rythme actuel de 60 milliards d'euros par mois jusqu'en décembre 2017 «ou au-delà, si nécessaire», et qu'une phase de ralentissement interviendrait ensuite. Si la croissance de l'économie de la zone euro est au plus haut depuis l'éclatement de la crise financière en 2008 et que le chômage recule plus rapidement qu'attendu, l'absence de hausses de salaires significatives maintient l'inflation bien en-dessous de l'objectif de la BCE, proche mais inférieur à 2% l'an. Les prévisions actuelles tablent sur une faiblesse persistante de l'inflation au moins jusqu'à la fin 2019. Les nouvelles projections de croissance et d'inflation des équipes de la BCE seront publiées à l'occasion de la réunion de politique monétaire du 7 septembre. Pour les analystes de Bank of America Merrill Lynch, la BCE va devoir de plus en plus distinguer entre les mesures de stimulation extraordinaire et la politique traditionnelle de taux d'intérêt dans sa communication, en soulignant la dissipation des risques de déflation pour justifier le ralentissement des achats d'actifs tout en maintenant les taux à un bas niveau pour tenir compte de la faiblesse de l'inflation. «Nous pensons que pour acclimater plus encore le marché à cette approche, Draghi devra ''assumer Sintra'', c'est-à-dire continuer à préparer le marché au ralentissement (des achats) et en pratique renoncer dans le même temps au biais accommodant du QE - tout en disant clairement que la ‘'patience'', la ‘'persistance'' et un soutien monétaire prolongé resteront nécessaire», estiment-ils. Reuters