Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ne délivrera aucun nouveau message lors de la traditionnelle réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, aux Etats-Unis, à la fin du mois, a-t-on appris de deux sources proches du dossier. Un porte-parole de la BCE a déclaré que Mario Draghi se concentrerait sur le thème de la réunion, à savoir la promotion d'une économie mondiale dynamique, dans son intervention prévue le 25 août. Les deux sources ont ajouté qu'il devrait s'abstenir d'alimenter le débat sur la politique de la BCE jusqu'à l'automne, comme prévu lors de la réunion du Conseil des gouverneurs en juillet. Sur le marché des changes, l'euro a effacé ses gains face au dollar en réaction à ces informations pour revenir brièvement sous 1,17 dollar. A 08h55 GMT, il était toutefois pratiquement stable à 1,1725 dollar. Certains investisseurs espéraient que la réunion de Jackson Hole donne l'occasion à Mario Draghi de relancer le débat sur la réorientation de la politique monétaire. "Ceux qui s'attendent à un grand discours de politique monétaire ont tort", a dit l'une des sources. Selon une autre source, Mario Draghi a déclaré lors de la réunion de juillet qu'il respecterait la décision du Conseil des gouverneurs de suspendre la discussion publique sur la politique monétaire jusqu'à l'automne.
Prudence après la réaction au discours de Sintra Mario Draghi a peut-être décidé de ne délivrer aucun nouveau message à Jackson Hole car la réaction des marchés au discours qu'il a prononcé fin juin à Sintra, au Portugal, lors d'une conférence organisée par la BCE, a été très différente de celle à laquelle s'attendait l'institution. Il avait alors déclaré que l'accélération de la croissance apporterait un soutien accru à l'économie, des propos interprété comme un message ouvrant la voie à la réduction et à la fin des achats d'actifs de la BCE. Le programme d'achats d'actifs de l'institution de Francfort doit s'achever à la fin de l'année mais les responsables des 19 pays partageant la monnaie unique ont décidé le mois dernier d'ajourner pour l'instant les discussions sur les prochaines étapes, entretenant ainsi volontairement le flou sur les décisions qu'ils pourraient prendre entre septembre et décembre. Des responsables de la BCE, s'exprimant auprès de Reuters sous le sceau de l'anonymat, avaient dit auparavant que le mois d'octobre était la date probable pour la décision la plus importante au regard du calendrier des statistiques à venir, notamment celles sur les salaires. La BCE est confrontée à un dilemme: l'économie de la zone euro a connu sur avril-juin un dix-septième trimestre de croissance d'affilée et l'emploi progresse plus rapidement que prévu mais la croissance des salaires reste faible, ce qui freine la remontée attendue de l'inflation. Les économistes tentent à présent de déterminer si la croissance des salaires est simplement en retard sur celle de produit intérieur brut (PIB) ou si sa faiblesse reflète une évolution durable liée à la mondialisation depuis la crise financière.