Les exportations hors hydrocarbures de l'Algérie ont enregistré une hausse de 42,12% en 2008, passant à 1,89 milliard de dollars contre 1,33 milliard de dollars en 2007, selon les chiffres publiés par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des douanes. De ces produits hors hydrocarbures exportés, la majorité est constituée de dérivés des hydrocarbures alors que les produits alimentaires ne représentent que 0,16% du volume global des exportations dont la valeur est de seulement 121 millions de dollars. Mieux, les importations algériennes de céréales et dérivés, de médicaments et de lait et produits laitiers ont presque doublé en 2008, atteignant près de 40 milliards de dollars. Même si le CNIS a imputé cette augmentation à la forte hausse des cours des matières premières sur les marchés internationaux, il n'en demeure pas moins que l'économie nationale reste otage du développement des exportations hors hydrocarbures qui est tributaire de l'effort de mise à niveau des entreprises, de la modernisation de l'outil de production, de l'adaptation qualitative et de prix aux exigences des marchés étrangers. Qu'en est-il des exportations agricoles en Algérie à titre d'exemple ? Selon le ministère de l'Agriculture, la valeur de ces exportations est estimée entre 25 et 30 millions de dollars par an. Des résultats dérisoires par rapport aux potentialités nationales. Quelles sont les principales raisons ? L'ex-ministre de l'Agriculture, M. Saïd Barkat, avait, lors d'une rencontre, déclaré que «les Algériens ne savent pas exporter». Il avait ajouté que «l'Algérie est passée, durant les quatre dernières années, d'une politique agricole de pénurie à une politique agricole d'abondance mais le temps est venu de faire preuve de professionnalisme pour pouvoir accéder aux marchés internationaux où les normes d'exportation deviennent de plus en plus rudes». Mais qui doit faire du professionnalisme et permettre l'accès aux marchés internationaux ? Ne s'agit-il pas là d'une stratégie générale et à long terme qui doit être préconisée pour le secteur ? N'est-ce pas là le rôle de l'Etat que de promouvoir une filière, de la soutenir et d'instituer les règles qui la régissent ? Depuis 1962, les politiques agricoles autant que les gouvernements se suivent mais sans permettre à l'Algérie d'assurer une sécurité alimentaire. L'Algérie se classe toujours parmi les dix premiers pays les plus grands importateurs de céréales. Il en est de même pour d'autres produits agricoles tels que le lait en poudre, les huiles, le sucre et le café. Cette situation aurait été moins intenable si l'Algérie arrivait à exporter ce que ses terres produiraient afin d'équilibrer sa balance commerciale agricole. Mais seulement une quantité marginale de dattes, de vin et de quelques produits maraîchers a pu se frayer une petite place dans les marchés étrangers. Pour le directeur d'Algex (Agence algérienne de promotion du commerce extérieur), la structure des exportations n'a pas évolué. «Nous sommes toujours orientés vers des exportations traditionnelles même si ce n'est pas de l'artisanat, c'est traditionnel. En l'occurrence des minerais, de plus en plus de produits issus du raffinage des hydrocarbures, des produits bruts et des déchets ferreux. En termes de produits manufacturés, façonnés, industriels, c'est très peu. L'exportation de produits agricoles, c'est dérisoire. Nous exportons un peu de produits agroalimentaires», avait-il déclaré en novembre dernier. Au sujet de ces derniers, justement, ce responsable avait fait remarquer : «Qu'il s'agisse de boissons, de laitages ou de pâtes alimentaires, les intrants sont importés». Donc même sur le plan des exportations des produits agroalimentaires, l'Algérie est dépendante, vu l'absence d'une dynamique d'investissements. Il est donc primordial d'aller vers la création d'industries pour exporter nos produits après transformation et faire baisser ainsi les exportations des produits bruts. «Il faut exporter d'avantage les produits agricoles et les transformer localement, parce que justement s'il devait y avoir un impact sur la crise mondiale, les industries dépendantes de l'importation seront touchées. Si le prix des intrants augmentent, nos yaourts ou encore nos pâtes seront plus difficiles à vendre», avait-il expliqué avant d'ajouter que les PME et PMI algériennes disparaissent non pas parce qu'elles n'ont pas de marché à l'extérieur mais parce qu'elles sont concurrencées localement par des produits de mauvaise qualité, bas de gamme et qui ne sont pas soumis aux droits de douane. Il n y a donc pas de politique pour préserver la production locale. Par conséquent, il n y a pas de climat permettant le développement des entreprises algériennes et d'aller vers la pénétration du marché extérieur. H. Y.