Dans un rapport dressé par la Gendarmerie nationale à Annaba pour les 6 premiers mois de l'année, il a été fait mention de neuf cas d'irrigations de cultures maraîchères avec des eaux usées. Les agriculteurs concernés ont vu leurs récoltes détruites sur champ et des dossiers de poursuites judiciaires ont été constitués pour être transmis à la justice. Ce sont principalement des cultivateurs de fruits de saison, comme la pastèque et le melon, qui utilisent ces eaux usées pour l'irrigation de leurs cultures. Or, l'utilisation de ces eaux chargées d'agents pathogènes peut être à l'origine de maladies graves et d'épidémies, dont la moindre est l'intoxication alimentaire. Un ouvrage publié par les presses de l'Université du Québec (Canada) fait d'ailleurs mention de ces pathologies. «Les maladies les plus couramment associées aux eaux usées et aux excrétas sont les maladies diarrhéiques. Parmi les exemples se trouvent plusieurs types d'helminthiases causées par l'infestation intestinale de vers parasite qui ont souvent des conséquences graves, comme la déficience cognitive, une dysenterie ou une anémie sévère Une autre maladie importante est le choléra, causé par la bactérie Vibrio cholerae. Cette bactérie provoque non seulement des épidémies, mais elle est aussi responsable de plusieurs pandémies. Le choléra est fortement associé à l'utilisation d'eaux polluées pour l'irrigation ou à l'évacuation inadéquate des boues et des excrétas», note l'ouvrage. Par ignorance ou par cupidité, ces agriculteurs utilisent ces eaux usées dans l'irrigation de leurs cultures sans se douter ou tenir compte des graves conséquences que cela induit sur la santé de milliers de consommateurs. Ni la direction des services agricoles de la wilaya, encore moins la Chambre de l'agriculture et la direction de l'environnement ne s'en sont inquiétés, ne serait-ce que qu'en organisant des journées de sensibilisation pour expliquer aux exploitants les risques liés à l'utilisation des eaux usées dans l'irrigation des cultures. Il faut dire aussi que le manque d'eau pour l'irrigation est un vrai problème pour les exploitants, dont les moins scrupuleux et plus cupides n'hésitent pas à utiliser, malgré l'interdiction, les eaux des oueds et cours d'eau qui sont souvent pollués par les rejets des usines mais aussi par toutes sortes de déchets qui y sont jetés. Ces oueds, comme c'est le cas de la Seybouse, sont hautement pollués et sont à l'origine de la destruction de la faune et de la flore. La dernière catastrophe écologique a été enregistrée au mois d'août 2016, quand on a découvert des milliers de poissons ventres en l'air flottant sur les eaux, à l'embouchure de l'oued, à hauteur de la localité de Sidi Salem, là où se déverse la Seybouse dans la Méditerranée. M. R.