«Beaucoup d'entreprises algériennes fabriquent le même produit sur lequel il y a certes une forte demande, mais il faut réguler cette question. Les autorités ont en pris conscience et il s'agit d'aller vers des investissements qui répondent aux besoins de la santé publique, notamment s'agissant des biotechnologies et des anticancéreux.» La déclaration émane du P-dg du groupe pharmaceutique national, Saidal, Yacine Tounsi «Beaucoup d'entreprises algériennes fabriquent le même produit sur lequel il y a certes une forte demande, mais il faut réguler cette question. Les autorités ont en pris conscience et il s'agit d'aller vers des investissements qui répondent aux besoins de la santé publique, notamment s'agissant des biotechnologies et des anticancéreux.» La déclaration émane du P-dg du groupe pharmaceutique national, Saidal, Yacine Tounsi. Dans un entretien accordé à l'APS, M. Tounsi a estimé, à ce titre, qu'il est primordial de «commencer par des projets pilotes plutôt que de faire l'erreur d'investir dans plusieurs projets». Pour les biotechnologies et les anticancéreux, des produits pour lesquels les «multinationales détiennent un savoir-faire», l'Algérie peut s'y mettre «si on s'en donne les moyens nécessaires», a-t-il indiqué avant d'ajouter: «Il suffit de savoir quels types de partenariats on veut.» Selon lui, il faut aller vers des partenariats qui tiennent la route, «c'est une question cruciale», a-t-il souligné, faisant savoir que dans la perspective de l'élargissement de sa gamme de production, le Groupe pharmaceutique qu'il dirige envisage de revoir le «schéma de partenariat» qui le lie depuis plus de 20 ans à des partenaires étrangers, de sorte à le faire «évoluer en les incitant à plus d'investissement et de formation». Estimant nécessaire la promulgation de textes de lois «plus adaptés» dans ce sens, le même responsable considère que l'Algérie «n'a pas d'autres choix» pour faire face à des maladies en perpétuel développement comme le cancer. M. Tounsi a fait part, dans ce contexte, d'un projet de partenariat entre Saidal et un partenaire jordanien spécialisé en études cliniques de bioéquivalence, devant aboutir à la création d'une société mixte, à même d'apporter une «valeur ajoutée» au groupe. Il en est de même avec la société émiratie, Julphar, avec laquelle le groupe est en discussion sur un projet de société à Alger, avec une prise de participations émiratie. Au sujet du partenariat liant Saidal à la firme danoise Novo Nordisk, M. Tounsi a indiqué avoir soumis, «il y a deux mois, pour approbation, au ministère de l'Industrie et des Mines, un projet d'accord» avec ce partenaire étranger portant sur la création d'une joint-venture pour la production d'insuline à Constantine, mais également de stylos à insuline à l'usine de Blida. «Il s'agit d'un partenariat complet et d'une nouvelle stratégie, avec une prise de participations de Saidal, pour donner un nouveau souffle à ce partenariat », a-t-il ajouté, annonçant que le premier flacon d'insuline, fabriqué dans l'usine de Constantine par Saidal en partenariat avec Novo Nordisk, sera mis sur le marché national le 1er semestre 2018. Et ce, une fois les premiers lots validés et enregistrés au cours du 2e semestre 2017. Il a précisé, à ce titre, que la volume de production de cette entité est de 2 à 2,5 millions d'unités de 10 millilitres chacune. Cette quantité devra permettre «une couverture à 100%» des besoins nationaux en insuline humaine, et une partie sera destinée à l'exportation vers des pays arabes et africains, a-t-il assuré, ajoutant «avoir mis tous les moyens pour l'entrée en service de cette unité au courant de cette année», se félicitant que «depuis avril dernier, celle-ci est en phase de production-essai». Revenant sur le retard accusé par le projet de production d'insuline en Algérie qui devait intervenir en 2012, M. Tounsi l'explique par la nature du partenariat qui liait à l'époque les deux parties : «Le projet portait sur une assistance technique seulement et non pas sur un investissement.» Il a déploré, à ce propos, les «attaques infondées» dont a fait l'objet le groupe au sujet de ce retard, citant «le temps long, la haute technicité et les compétences» que nécessite ce type d'investissements. M. Tounsi a ajouté que le deuxième projet inscrit à Constantine, concernant toujours ce traitement destiné aux diabétiques, consiste en la production de cartouches pour stylos d'insuline, soit «toute la gamme de l'insuline moderne» de Novo Nordisk. Le stylo sera, quant à lui, fabriqué à partir de l'usine de Saidal, sise à Blida et dont le taux d'avancement est de 40%. Sa réception est attendue pour avant fin 2018. Cette entité est conçue également «selon les standards du partenaire étranger», a ajouté le premier responsable du groupe public pharmaceutique, notant que le taux de couverture en matière d'insuline stylo sera «également de 100%», insistant, par ailleurs, qu'il s'agit de «production et de formulation et non pas d'assemblage» . M. Tounsi a, par ailleurs, fait savoir que le coût d'investissement des unités de production d'insuline avoisine les 5 milliards de dinars, relevant que le partenaire étranger «s'engage à assurer la formation continue» aux cadres de Saidal impliqués dans le projet de la production d'insuline. Le volet formation étant «l'essentiel» de ce projet, a-t-il observé, informant que des équipes de Constantine et de Blida ont déjà bénéficié de plusieurs sessions en France et au Danemark. Toujours sur le volet «formation», il a fait état de son souci de renforcer la formation des effectifs du Groupe, à travers la création d'une école interne au Groupe, qui sera dispensée par des intervenants nationaux et étrangers, dans le cadre des partenariats, pour pallier à un «déficit» en matière de formation spécialisée. Interpelé sur la question des perturbations cycliques en produits pharmaceutiques, ce responsable a attribué cette situation à deux facteurs majeurs : la rupture en approvisionnement, elle-même due à des considérations liées aux autorisations des douanes, aux consultations pour les achats, etc., ainsi que par la vétusté des moyens de production et le manque de capacités en la matière. Cette question, a-t-il rassuré, devant être réglée avec l'entrée en production des nouvelles unités. «Nous sommes en train de mettre en place l'ensemble des éléments pour éviter les ruptures, à travers notamment l'amélioration des conditions de travail qui a permis une reprise de la confiance chez nos cadres», s'est-il félicité, promettant la prise en charge des situations en instance. Saidal table sur une production de 300 millions d'unités et un chiffre d'affaires de 30 milliards de dinars en 2019 M. Tounsi a fait savoir que son Groupe pharmaceutique ambitionne d'atteindre une production de 300 millions d'unités et un chiffre d'affaires de 30 milliards de dinars à l'horizon 2019, contre 13 milliards de dinars actuellement et ce, grâce à l'entrée en service des nouvelles unités de production, dont 3 d'une capacité de plus de 100 millions d'unités/an, devant être réceptionnées avant fin 2017. Il s'agit des unités de Z'mirli (Alger) et de Cherchell (Tipasa) pour la production des médicaments en forme sèche et celle de Constantine pour la forme liquide, notamment en spray. D'autres unités spécialisées, dont la production d'insuline et d'anticancéreux qui connaissent une forte demande, ainsi qu'une nouvelle génération d'antibiotiques devront permettre d'agrandir la gamme actuelle de Saidal, selon son premier responsable, qui cite, en outre, la réalisation en cours d'un nouveau Centre de recherche et de développement à Sidi Abdellah (Alger), lequel devrait apporter une «plus-value certaine» au groupe pharmaceutique public. «Nous nous sommes inscrits dans une démarche de qualité et d'efficacité, l'essentiel de la production nationale couvrant actuellement 50% des besoins. Le but est d'aller vers la fabrication de nouveaux produits, à l'instar des biotechnologies et des anticancéreux», a-t-il poursuivi, notant que Saidal demeure le «leader» industriel pharmaceutique avec 16% de parts du marché local et une valeur de près de 3%, s'engageant à «récupérer la place prépondérante» que détenait le Groupe par le passé. «Ce secteur peut répondre en partie aux besoins nationaux et envisager l'exportation, ce qui permettrait d'alléger la facture des importations et drainer des devises», a-t-il poursuivi, relevant que des pays africains manifestent «un grand intérêt» pour les produits Saidal. Il a, à ce titre, affirmé la volonté du Groupe pharmaceutique de «se replacer en 2018 sur les marchés arabe et africain», faisant rappeler que ce dernier avait déjà effectué des opérations dans ce sens, dans un passé récent. Selon lui, cette volonté est encouragée par la «réputation» des produits de Saidal lesquels, a-t-il assuré, «sont connus et très demandés», ainsi que «par les perspectives de développement de la gamme de produits du groupe». Dans cette optique, le même responsable en appelle aux pouvoirs publics afin d'«accompagner et de protéger» ce fleuron de l'industrie nationale dans son ambition à l'externe, par des dispositions relatives au transfert de la devise et aux facilités douanières etc. B. A./APS