En tête du podium africain, dans l'ordre, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc forment le trio de tête. Ces trois pays nord-africains ont des scores relevant de la catégorie « faible », c'est-à-dire avec un niveau de famine très bas. Dans l'indifférence d'une communauté internationale résignée, 600 mille enfants risquent de mourir de famine en Afrique, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Vingt millions de personnes « au bord de la famine » au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et au Nigeria, selon l'ONU. « C'est la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale », s'alarme Antonio Guterres. Et pourtant, loin du misérabilisme, certains pays africains ont réussi à vaincre ou presque, la famine, selon un nouveau rapport du Nepad. Voici ces champions africains qui se dressent contre la faim. Des carcasses d'animaux faméliques, des centaines d'enfants efflanqués, des récoltes détruites par les sécheresses, des milliers de personnes sur les routes de l'exode... Les images insupportables qui défilent sur les écrans des télévisions n'émeuvent guère plus une communauté internationale qui fait la sourde oreille devant les tintements assourdissants de la sonnette d'alarme alimentaire tirée par les ONG et les organisations humanitaire sur la famine en Afrique. Au milieu de cette situation de désolation, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique(NEPAD) a rendu public, à Addis-Abeba, son Indice 2016 de la faim en Afrique. Adaptation de l'indice de la faim dans le monde, le rapport du Nepad a été réalisé sur la base de calculs de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). Ces calculs combinent les critères de la sous-alimentation, de l'émaciation (faiblesse du poids par rapport à la taille des enfants), le retard de croissance et la mortalité infantiles dans 42 pays africains. Le rapport fait ressortir dans un premier temps que malgré une réduction du risque de famine depuis l'an 2000, aujourd'hui, 28 pays africains ont encore un niveau de famine très élevé. Le niveau de famine est même alarmant dans cinq pays d'Afrique. Une lueur d'espoir dans ce tableau sombre. A contrario, certains pays africains sont en train d'inverser la tendance pour atteindre le deuxième Objectif de développement durable (ODD 2) : zéro faim d'ici 2030 ! La recette de ces pays ? Le développement du secteur agricole par des grands travaux de construction d'ouvrages d'irrigation sophistiqués. Tout en contrôlant les importations massives de produits alimentaires, les pays d'Afrique du Nord ont mis en place des politiques de protection sociale en subventionnant les produits de base pour permettre un meilleur accès à l'équilibre alimentaire des ménages. Six pays africains ont intégré le club des pays de la catégorie « modérée ». Il s'agit de l'Egypte, du Gabon, du Ghana, de l'Ile-Maurice, du Sénégal et de l'Afrique du Sud. Parmi eux, le Nepad juge les progrès « remarquables » au Sénégal, au Ghana -et au Rwanda- qui ont pu réduire de moitié l'impact de la famine dans leurs pays entre 2000 et 2016. Pour l'ensemble des pays de la catégorie modérée, il faut voir dans cette bonification du score, le résultat de l'amélioration des conditions de vie grâce à des politiques des Etats concernés notamment dans la santé (maternelle et infantile), l'agriculture et la sécurité alimentaire des couches défavorisées. Dans cinq pays d'Afrique au sud du Sahara, le niveau de la famine est particulièrement « alarmant ». Ce sont la République centrafricaine décimée par la guerre, le Tchad et la Zambie aux prises avec la sécheresse et/ou l'avancée du désert, Madagascar balayée régulièrement par des phénomènes climatiques qui mettent en péril les récoltes, la Sierra-Leone, un des pays les plus pauvres d'Afrique. Dans le rouge, le Burundi, les Comores, la RDC, l'Erythrée, la Libye, la Somalie, les deux Soudan, sont dans une situation « préoccupante ». Essentiellement des pays en guerre ou menacés de troubles socio-politiques, ces pays présentent une situation de « sérieuse préoccupation » avec une flambée des prix des denrées quand elles sont disponibles, sinon à la rareté des produits alimentaires de base. Plus que jamais, le monde doit agir. I.B.Jr