Le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP) est à nouveau désigné centre de référence par l'OMS. Un titre qu'il remporte pour la troisième année consécutive pour une durée de quatre ans. La première en 2001, la seconde en 2005 et la troisième pour cette année 2009. Une grande fierté pour son premier responsable, le Pr Mansouri qui est lui-même le fondateur de cette structure en 1995. Un laboratoire de référence «On était parmi les derniers en Afrique. Nous sommes aujourd'hui une référence pour toute la région. Nous avons relevé un défi majeur et nous nous en félicitons», affirme le Pr Mansouri, non sans mettre en valeur le travail de ses collaborateurs. Des biologistes, des chimistes, des pharmaciens… qui s'emploient au quotidien à vérifier l'efficacité et la toxicité des médicaments et autres produits pharmaceutiques qui arrivent en grandes quantités en Algérie. Le laboratoire gagne de nouveaux espaces et de nouveaux équipements à la faveur d'une politique gouvernementale qui encourage l'investissement en la matière. Ainsi, toute une partie de l'ancienne bâtisse où siège l'Institut Pasteur d'Algérie lui est octroyée et aménagée de façon à rendre agréable le travail de toute l'équipe. Aussi des stages de formation à l'étranger et des cours de recyclage sont-ils offerts régulièrement aux techniciens. Le laboratoire s'offre, donc, de meilleurs espaces, de meilleurs équipements… tout un cadre de travail qui favorise l'exercice de ses activités. Parmi celles-ci, il y a le contrôle des consommables ou plus exactement, les dispositifs stériles à usage unique : seringues, fils de suture, pansement, coton, gaz, perfuseurs, etc. Tout un service qui ne s'occupe que de cette catégorie de produits dont personne d'aucuns ne peut ignorer les risques de leur non-conformité sur la santé. Cela, même si les répercussions directes et indirectes ne se manifestent que tardivement. De l'aveu même du personnel, des cas de non-conformité de seringues ont été déjà découverts, et des cas de non-résistance des fils de suture aussi. Il y a également cette histoire de poches pour malades insuffisants rénaux qui sont fabriquées à partir du papier… Dernièrement, durant l'année 2008, des problèmes de fabrication ont été découverts dans les perfuseurs pour lesquels il a été décidé d'ailleurs un retrait mondial. «Pour les médicaments, je persiste et signe que nous n'avons pas de problèmes de contrefaçon. Du moins pour ce qui est des produits introduits légalement dans le pays. Quant aux dispositifs stériles à usage unique, nous avons rencontré beaucoup de problèmes», rapporte le Pr Mansouri, conforté dans ses dires par la première responsable du service. La non-homologation de ces produits est en partie mise en cause : «Très souvent, les produits n'étaient pas codifiés. Nous ne savions pas grand-chose sur leurs fabrications (le fabricant, le lieu de fabrication, les conditions de fabrication, lacomposition…)», explique notre interlocutrice. Maintenant que l'homologation est entrée en vigueur, il y a moins d'une année, le contrôle se fait de mieux en mieux et les résultats sont plus probants.» «Nous demandons aux fabricants d'homologuer leurs produits», lance le Pr Mansouri. Qu'en est-il du contrôle de ces biberons qui inquiètent des associations du monde entier ? De ces couches bébés qui irritent la peau des nouveau-nés ? De ce lait qui menace de tuer les enfants en bas âge ? «Cela ne relève pas de nos prérogatives. Ce sont les services du ministère du Commerce qui s'en chargent», explique le Pr Mansouri. C'est là justement le grand problème. Ces produits ne font pratiquement l'objet d'aucun contrôle au niveau de ces services bien qu'ils représentent un réel danger pour la santé des nouveau-nés. Le manque d'effectif est l'argument avancé pour justifier la défaillance. Faudrait-il attendre que des maladies ravageuses soient signalées, pour ne pas dire que des familles entières soient endeuillées par la mort de nouveau-nés pour prendre les mesures nécessaires ? Des risques et pas de contrôles Rien n'indique pour le moment que les services du ministère du Commerce comptent intervenir de façon à prévenir les risques. Et pourtant, pour ne citer qu'un seul exemple, tout un ensemble d'organisations est mobilisé dans de nombreux pays à travers le monde pour attirer l'attention sur les dangers du Bisphénol A (BPA) dans le plastique utilisé par de grandes marques dans la fabrication de biberons. Le Canada a déjà interdit ce produit dans les biberons sur la base d'études américaines qui ont montré ses atteintes au cerveau, à la prostate, aux glandes mammaires… même à faible dose. En Algérie, la question n'est jamais évoquée même pour vérification. N'est-il pas temps que les deux ministères de la Santé et du Commerce se mettent d'accord pour une stratégie commune de lutte contre les probables dangers de ces produits fabriqués outre-mer ? K. M.