Synthèse de la Rédaction internationale Dans la rue en Europe, à la télévision au Gabon ou menacées de mort dans des villages du Pakistan, les femmes ont célébré hier leur journée internationale de manière éparse et inégale, manifestant notamment pour l'égalité des droits et la fin des violences à leur endroit. La plus importante manifestation a eu lieu en Pologne, où près de 6 000 personnes réunies dans le centre de Varsovie ont dénoncé le non-respect des droits des femmes dans le pays, en particulier celui à l'avortement, contesté par la puissante Eglise catholique. Plusieurs milliers de manifestants ont aussi défilé hier à Madrid pour l'égalité des sexes et des salaires et contre le machisme. La veille, ils avaient été plusieurs centaines à Paris. «Les femmes ne doivent pas être les perdantes de la crise», a souligné à Berlin l'une des vice-présidentes du puissant syndicat allemand IG Metall, Helga Schwitzer, en déplorant que «quand les emplois se font plus rares, les femmes sont souvent celles qui doivent partir en premier». En Grèce, les transports publics d'Athènes et de Salonique étaient gratuits pour les femmes hier. Une maigre consolation pour les Grecques, dont le taux de chômage est deux fois plus élevé que celui des hommes. En Italie, quelque 15 millions de brins de mimosa, traditionnel symbole de la Journée de la femme dans le pays, ont été distribués ou vendus hier, selon la principale fédération agricole du pays, la Coldiretti. A Rome, la relève de la garde devant le palais du président de la République a été exceptionnellement assurée par des femmes militaires. Le pape Benoît XVI a célébré la prière de l'angélus en espérant voir les femmes «toujours plus respectées et valorisées». Quant au quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, il a célébré cette journée à sa façon en estimant que la machine à laver était l'un des objets qui a «le plus participé à l'émancipation des femmes occidentales au XXe siècle». En Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika a gracié pour l'occasion des femmes détenues qui avaient encore un an de prison à purger. De rares mobilisations ont été organisées en Asie, où les femmes sont souvent victimes de mariages forcés et de violences, en particulier dans des pays comme l'Afghanistan, le Pakistan ou le Bangladesh. La lutte contre les «violences contre les femmes et les filles» était le thème central retenu cette année par l'ONU pour célébrer cette journée. «Le silence sur cette question a été brisé. C'est un premier pas», a noté Yakin Erturk, rapporteur spécial de l'ONU sur la violence faite aux femmes. En Inde, des féministes ont dénoncé la récente vague d'attaques contre les femmes perpétrées par des extrémistes religieux pour «moraliser» leurs comportements jugés indécents. La Journée de la femme ne risquait pas d'être célébrée dans la vallée pakistanaise de Swat, où le gouvernement local s'est résolu à mettre en place la loi islamique (charia) en échange de l'engagement des extrémistes talibans à mettre fin aux violences.