Photo : Raid Par M. Gemmill Comme l'a si bien dit le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, lors de l'une de ses sorties sur le terrain, à Alger, «le professionnalisme des clubs algériens est l'issue de secours du football national, qui a traversé de grandes difficultés. Certes, le professionnalisme est la seule alternative, mais derrière la professionnalisation des clubs se cachent beaucoup de choses, si l'on considère que tout professionnel doit pouvoir vivre de son métier.» Mais dans le sport de haut niveau, on ne peut pas passer sous silence le fait que celui-ci est devenu un spectacle comme tout autre spectacle artistique, et le footballeur va au-delà du simple travailleur rétribué avec une fiche de paie. Le professionnel évoluant dans des grands clubs comme le Real Madrid ou Manchester United ne vend pas sa force de travail, c'est-à-dire ses courses ou ses dribbles, ses passes ou ses buts, mais négocie son «droit à l'image», comme toute marque de produit manufacturé ou de services. Derrière ce «droit à l'image» du professionnel, on retrouve le club entreprise, le conseil d'administration avec ses objectifs de résultats financiers, l'agent de joueur ou d'entraîneur, les publicitaires, les sponsors, la relation avec les médias, les indemnités faramineuses de transfert ou de prêt, les sociétés de gestion et de communication de l'image, des milliers de permanents rémunérés de fédérations ou de ligues, des syndicats professionnels, et également, bien entendu, des joueurs payés plus que de raison. M. Djiar, qui a souhaité travailler en étroite collaboration avec le mouvement sportif national lors d'une rencontre avec les présidents des clubs de football de division une, a estimé que, face à la crise qui secoue le football algérien, l'heure est à la mobilisation générale. «Le football national traverse une crise, et je pense que la solution serait de professionnaliser cette discipline. L'Algérie est malheureusement à la traîne de ce côté par rapport à d'autres pays arabes et africains», a souligné M. Djiar devant les responsables des clubs de l'élite. Les problèmes que traverse le football algérien sont l'affaire de tous. Les efforts doivent converger dans le même sens ; chacun doit mettre la main dans la main de l'autre pour tenter de sauver le football algérien et cela nécessite bien sûr le dialogue et la transparence la plus totale. Il faut restructurer les clubs en leur donnant des assises solides sur le plan de l'organisation administrative. Nombre de nos clubs souffrent beaucoup plus du manque d'encadrement en matière de gestion. Il faut mettre en place des cadres et des gestionnaires. Grâce à cette bonne prise en charge, nos clubs retrouveront leur vrai niveau en effectuant un travail de professionnel, en se mettant, pour ainsi dire, au-dessus des querelles inutiles. Il y a aussi le manque d'infrastructures sportives qui pénalise certaines équipes au point qu'elles rencontrent parfois des difficultés à trouver un terrain d'entraînement. La capitale est la moins dotée en matière d'infrastructures sportives. Certains clubs comme le MC Alger, créé en 1921, n'ont toujours pas leur terrain de football, contrairement à d'autres de la capitale tels que l'USM Alger, l'USM El Harrach, le CR Belouizdad, le RC Kouba ou le NAHD. Le principal frein au développement des clubs tient dans la vétusté et dans la capacité d'accueil insuffisante des stades et des salles. A titre de comparaison, un club de football anglais, grâce à son stade, gagne en un match ce qu'un club algérien gagne en quinze ans. Le rapport sur la compétitivité des clubs de football professionnels, pointait du doigt ces manques et voyait dans les stades la plus grande faiblesse. En outre, les enceintes algériennes sont loin de correspondre à la dernière génération de stades qui, alliant multifonctionnalité et multiactivité, multiplient les sources de profits. A ce jour, le seul qui pourrait répondre à ces critères (quoiqu'il mériterait quelques aménagements), est celui du complexe Mohamed Boudiaf (5 Juillet), qui n'accueille aucun club résident, ce qui paraîtrait comme une hérésie chez nos voisins, la Tunisie mise à part. Le manque de modernité est assez criant : nos clubs sont à l'étroit dans leurs infrastructures. Ce constat ne concerne pas le seul football et est à élargir à l'ensemble des équipements sportifs, tous sports confondus. La salle omnisports Hacene Harcha a plus de 20 ans et, à ce jour, aucun équipement plus moderne n'est venu l'améliorer tant en termes de capacité, de qualité de l'infrastructure que de confort. A l'heure où dans d'autres pays on se penche de plus en plus sur la création, dans le court terme, aucune ville algérienne n'est en mesure d'accueillir une compétition de haut niveau en raison de l'absence d'infrastructures modernes alors que l'Algérie compte parmi les grandes nations sportives. Aujourd'hui, la réussite d'une nation dans le sport de haut niveau dépend fortement des montants investis pour garantir la détection et la formation des jeunes talents. Les performances décevantes des jeunes catégories dans presque toutes les disciplines, ainsi que l'absence de résultat de nos équipes nationales (catégories jeunes) ont suscité énormément de réactions. Ainsi, de nombreuses voix se sont fait entendre pour rappeler le manque de soutien financier dont pâtissent les jeunes athlètes algériens talentueux et l'absence d'un véritable concept sport-études coordonné sur le plan fédéral. Pour fréquenter une école offrant un programme d'enseignement sportif et général performant, adapté à la discipline et à l'âge, un jeune talent devra souvent se rendre dans une autre wilaya autre que celle où il réside. Or, les grandes wilayas imposant généralement des frais de scolarité importants aux étudiants originaires de l'intérieur du pays. Les communes et les wilayas d'origine ne sont toutefois pas toujours disposées à financer la formation de leurs jeunes sportifs partis étudier dans une autre localité. Bien souvent, les familles de jeunes athlètes doivent donc prendre à leur charge la totalité ou une partie de ces frais d'études, auxquels s'ajoutent des dépenses onéreuses en logement, déplacement et matériel notamment. Pas étonnant dans ce cas que bon nombre d'athlètes prometteurs finissent par renoncer au sport de compétition qui semble, en Algérie pour le moins, demeurer accessible uniquement aux personnes issues de familles privilégiées en matière de revenus, ou encore à ceux bénéficiant de connaissances. Compte tenu de la manière dont le sport est organisé en Algérie, il nous paraît fort difficile de parvenir, dans un délai raisonnable, à régler la question complexe de la péréquation des frais de scolarité à l'échelon national. Dans ce contexte, il semble que la manière la plus efficace de permettre à chaque jeune talent de suivre une formation adaptée à ses besoins demeure l'attribution de bourses d'études. Actuellement, le COA, en partenariat avec le MJS, délivre des soutiens financiers, appelés bourses d'études, aux athlètes les plus prometteurs. Même si cet effort est à saluer, cette aide n'en demeure pas moins nettement insuffisante en rapport avec les coûts réels, qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros annuellement, auxquels doivent faire face certains jeunes talents pour se former tant dans leur discipline qu'au plan scolaire. Une hausse des montants alloués nous semble dès lors indispensable pour apporter une aide vraiment efficace à la relève du sport d'élite algérien. L'aide au sport d'élite n'a pas uniquement des conséquences appréciables pour l'athlète soutenu. L'obtention de bons résultats sportifs par un pays sur la scène internationale permet de valoriser son image. La réussite sportive d'une équipe nationale a des conséquences positives pour la population. Les scènes de liesse collective qui suivent les grands succès sportifs suffisent à s'en persuader. Par leur médiatisation, les athlètes de haut niveau encouragent de nombreux jeunes à s'inscrire dans des clubs de sport. Il est grand temps que l'Algérie prenne conscience de son retard en matière de soutien aux jeunes sportifs prometteurs et entreprenne sans plus attendre des mesures appropriées pour le combler. Le ministre de la Jeunesse et des Sports a, par ailleurs, abordé le problème de l'encadrement technique des équipes, de la médecine sportive, du fléau de la violence dans les stades, qui reste selon M. Djiar un problème à éradiquer «en urgence» avant qu'il ne soit trop tard. Le programme sport-études pour les athlètes de la future élite, permet à ceux-ci de profiter d'un horaire adapté à l'entraînement de haut niveau. Entre 8h et 12h30, les jeunes assistent à leurs cours d'enseignement général, puis pratiquent leur spécialité sportive de 13h30 à 16h30. Cet emploi du temps permet aux jeunes d'optimiser leur temps d'entraînement, qui est d'au moins 15 heures par semaine. Le programme sport-études permet aussi de rattraper facilement les absences motivées pour cause de compétition. La Fédération de la discipline se porte garante de l'encadrement sportif des athlètes inscrits au CPEQ. Il est à noter qu'un étudiant athlète en situation d'échec sur le plan scolaire n'aura pas accès à l'entraînement ni aux compétitions. L'encadrement technique sera assumé par des entraîneurs certifiés niveau 3 et 4 du programme national de certification des entraîneurs qualifiés. Ces entraîneurs seront en service auprès des jeunes pour une tâche complète. Ils auront le mandat d'élaborer le programme de développement du groupe d'athlètes mais surtout d'élaborer un plan de développement individualisé pour chacun des athlètes inscrits, le développement et le perfectionnement de la profession d'entraîneur, par le biais de la présence à temps plein d'entraîneurs compétents. Pour superviser tout en étant présents à tous les niveaux du développement, les entraîneurs détecteront plus rapidement les athlètes talentueux et pourront faire profiter de leur expérience le reste des entraîneurs. Les entraîneurs cadres sont responsables du développement des athlètes impliqués dans une démarche d'excellence et soutiennent les entraîneurs qui œuvrent dans le développement du sport de performance. Ils veillent à l'encadrement des athlètes, plus spécifiquement au suivi des programmes individuels de développement global des habiletés de chaque athlète. La Fédération concernée assure la présence de spécialistes en science du sport pour compléter l'encadrement sportif des athlètes. Ces services sont offerts quotidiennement (thérapeute sportif, entraîneur en conditionnement physique) et hebdomadairement pour certains autres services (psychologue sportif, spécialiste en nutrition, spécialiste d'autres domaines relatifs au développement des athlètes). D'autre part, comme l'a préconisé le ministre de la Jeunesse et des Sports M. Djiar aux présidents de clubs de la division 1, une feuille de route relative à la politique nationale du sport qui porte globalement sur l'évolution du système de compétition qui doit intégrer les jeunes catégories (6-18 ans) et les catégories féminines. Il a également abordé les projets de création de centres de formation, la nécessité pour les clubs de s'intégrer dans cette politique nationale de jeunes et la mise en place de centres de formation (pour le football) au sein des OPOW. En outre, le ministre a recommandé la création d'un 4e groupe dans le championnat interrégions pour les régions du sud du pays, en plus de la création de nouvelles ligues régionales.