L'un des problèmes fondamentaux qui fait que le sport algérien est en permanente régression est sans conteste l'absence de formation au sein des clubs – un phénomène qui n'est plus propre au football, car même les autres disciplines sont touchées – qui ne sont plus intéressés que par les résultats immédiats. Ainsi, la majorité des dirigeants, du moins ceux qui disposent de moyens financiers, ne font que recruter à coup de milliards durant l'intersaison ou au mercato, délaissant complètement les petites catégories. Résultat : les clubs n'arrivent plus, à de rares exceptions, à s'imposer, aussi bien sur le plan régional que continental, et notre équipe nationale, de l'aveu même du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, est majoritairement composée de joueurs évoluant à l'étranger (des joueurs formés, en grande partie, en France). Bien évidemment, il n'est nullement question de dénier à ces derniers le droit d'évoluer en équipe nationale, bien au contraire, leur apport est très important, mais rien n'empêche de faire ce constat. L'Algérie n'arrive plus à former et à exporter des joueurs d'un niveau appréciable. Même s'ils sont pétris de talent, les footballeurs algériens manquent énormément de formation académique leur permettant éventuellement d'évoluer et arriver à rivaliser avec le haut niveau. Ce constat est partagé par tout un chacun, même s'il y a une différence d'approche, entre les différentes parties, au sujet des solutions à apporter. A ce propos, il faut dire que les plus hautes autorités du pays sont conscientes de l'enjeu et du degré de déliquescence de notre football. D'ailleurs, depuis sa prise en main des affaires du secteur de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar fait de la formation sportive une priorité incontournable. Récemment encore, précisément le 5 novembre dernier, lors d'une rencontre qu'il a organisée avec les présidents des clubs de la division une de football, le ministre a présenté à ses invités une sorte de «feuille de route» relative à la politique nationale du sport portant globalement sur l'évolution du système de compétition qui doit intégrer les jeunes catégories (6-18 ans) et les catégories féminines. Une manière comme une autre de forcer les uns et les autres à accorder une attention particulière aux petites catégories. Il a également abordé les projets de création de centres de formation, la nécessité pour les clubs de s'intégrer dans cette politique nationale de jeunes et la mise en place de centres de formation (pour le football) au sein des OPOW. A ce propos, il est à signaler que les travaux du Centre national de la formation sportive en football, sis à Sidi Moussa, sont achevés. Il ne reste que l'installation des équipements afin qu'il soit fonctionnel. Ce centre comprend trois terrains de football (deux en gazon naturel et un en tartan), des chambres pour l'hébergement, des salles de récupération, etc. Il sera certainement d'un grand apport pour le football national. Durant cette même rencontre, le ministre a également indiqué qu'auparavant il y a eu une rencontre avec le directeur technique national de football et que toutes ces questions relatives à la formation et aux compétitions de jeunes ont été abordées. C'est dire que tout le monde est conscient de la gravité de la situation actuelle. La nécessaire mobilisation du mouvement sportif national Dans ce même ordre d'idées, le premier responsable du département de la Jeunesse et des Sports a ajouté que «le professionnalisme est la sortie de secours du football national.» Djiar, qui a souhaité «travailler en étroite collaboration avec le mouvement sportif national», a estimé, face à la crise qui secoue le football algérien, que «l'heure est à la mobilisation». «Le football national traverse une crise, et je pense que la solution serait de professionnaliser cette discipline. L'Algérie est malheureusement à la traîne de ce côté par rapport à d'autres pays arabes et africains», a déclaré M. Djiar avant d'ajouter qu'«il y a un manque d'infrastructures sportives qui pénalise certaines équipes, au point où elles rencontrent parfois des difficultés à trouver un terrain d'entraînement. La politique de formation des futurs footballeurs n'existe malheureusement pas chez nous, c'est un aspect auquel il faudra trouver une solution». Le ministre a soulevé d'autres points qui ont empêché le football national de se débarrasser de «ses vieux démons». «Le problème financier est l'un des volets importants qui doit nous pousser à nous concerter pour trouver les solutions adéquates. Cet aspect comprend les droits de retransmission des rencontres de football à la télévision, sans oublier la publicité et surtout les subventions de l'Etat qui restent la réclamation majeure des clubs», a-t-il encore indiqué. Quelques jours auparavant, répondant à une question d'un député qui s'interrogeait sur le manque d'écoles de formation sportive en Algérie, notamment en football, le ministre a précisé que depuis une vingtaine d'années, c'est-à-dire depuis le «désengagement» de l'Etat de la chose sportive, si l'on ose l'appeler ainsi, «les clubs et associations s'intéressent beaucoup plus au résultat immédiat, au détriment du travail à long terme et de leur mission essentielle, celle de créer des centres de formation». «Il est vrai qu'il existait auparavant un certain déficit en matière d'infrastructures, mais l'Etat déploie actuellement de gros efforts pour pallier ce manque, dans le cadre des différents programmes de développement du secteur, notamment depuis le début de cette décennie», a souligné M. Djiar. A ce titre, il est à rappeler que le MJS a promis aux clubs de l'Algérois, lesquels, signalons-le, font face à d'énormes problèmes de manque d'infrastructures, notamment des terrains et lieux d'entraînement ainsi que d'assiettes de centres de préparation. L'opération suit son cours. D'autre part, le ministère de le Jeunesse et des Sports, en collaboration avec celui de l'Education nationale, avait lancé, en septembre dernier, les classes «sport–études» au niveau d'une trentaine de wilayas. Une initiative qui sera élargie à d'autres wilayas dès la prochaine rentrée scolaire. Il est a signaler, en dernier lieu, que la Fédération algérienne de football (FAF), à travers la DTN, avait lancé, il y a deux ans, une première promotion d'école de formation, appelée Académie de la FAF (ACFAF), celle censée être l'équipe nationale de football «cadette» qui doit disputer, en Algérie, l'année prochaine, la Coupe d'Afrique des nations. Participant à un tournoi nord-africain, durant le mois de juillet dernier en Tunisie, cette équipe s'est classée à la deuxième place derrière les Libyens, plus âgés qu'eux d'une année, précisons-le. En tout état de cause, il ne reste que quelques mois maintenant pour voir si réellement cette équipe a été bien prise en charge. Lors de l'audience qu'avait accordée le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, au ministre de la Jeunesse et des Sports, durant le mois de Ramadhan dernier, il a été mis en exergue la «nécessité de chercher d'autres moyens de financement dans le football». C'est d'autant plus important que la majorité des clubs se plaignent du manque de moyens financiers. Bien évidemment, il y a aussi un problème de «mauvaise gestion» au niveau d'une bonne partie des clubs. Mais là, c'est une autre histoire… A. A.