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Mauvaise prise en charge des fleurons du sport
Régression de la discipline en termes de résultats et de relève de l'élite
Publié dans La Tribune le 04 - 01 - 2009

Le sportif de haut niveau consacre son temps, son énergie et de nombreuses années à atteindre et parfaire de hautes performances. Il vise les plus importantes compétitions et doit se conditionner pour être le meilleur (jeux Olympiques, Championnats du monde ou d'Afrique...). Il travaille son physique et son psychique (car l'un ne va pas sans l'autre), trois à cinq heures par jour. Le ministère de la Jeunesse et des Sports reconnaît à celui-ci sa qualité de sportif de haut niveau en procédant à son inscription sur une liste nationale, mais, qui dit haut niveau ne dit pas forcément professionnel.
Très peu de sportifs sont en effet qualifiés comme tels et rémunérés dans ce cadre, car les disciplines qui confèrent ce statut sont limitées, ainsi que le nombre de places à prendre. L'État apporte sa contribution à la gestion de la carrière du sportif de haut niveau sous forme d'aides financières, dont les montants varient en fonction de la discipline ; les clubs et les sponsors complètent très couramment ces aides sous forme de rémunération. Un sportif professionnel signe un contrat de travail particulier donnant droit à une rémunération allant du SNMG à des sommes très élevées.
Le meilleur athlète algérien a été radié à vie… puis innocenté
Le meilleur joueur algérien du moment est, sans conteste aucun, Lamine Ouahab. Il poursuit sa marche en avant pour entrer dans le Top 100. Cet athlète, aux compétences reconnues, a frôlé la catastrophe le jour où une mauvaise nouvelle l'a sidéré, comme elle a dû avoir le même retentissement sur bon nombre de personnes qui suivent de près le sport algérien. Lamine Ouahab venait d'être radié à vie par le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum. Lamine Ouahab est un de ces jeunes qui aspiraient à atteindre un niveau appréciable dans le sport qu'ils pratiquent. Lamine Ouahab est né le 22 décembre 1984. Il a été exclu de la famille du sport algérien par une institution censée défendre la cause des jeunes et de tout faire pour qu'ils puissent s'épanouir. Pour cette institution, Lamine Ouahab a commis une faute, celle de ne pas avoir répondu à une convocation d'une sélection nationale. Convenons que le tennisman algérien a été, en la circonstance, dans l'erreur, mais a-t-on réellement pesé le pour et le contre avant de jeter l'opprobre sur lui en le radiant à vie ? Il est certain que le ministère dira que oui. On l'a convoqué pour disputer le match Algérie-Finlande de Coupe Davis mais en refusant de répondre à cette convocation, il ne pouvait pas ignorer qu'il risquait une sanction.
Mais de là à songer à sa radiation à vie, il y a un pas que bien des gens n'auraient pas envisagé de franchir. Pour le ministère, Ouahab n'aurait jamais dû demander une prime de participation au match en question mais accepter la proposition consistant à lui donner une autre prime en cas de victoire. Là aussi il aurait, peut-être, mieux fallu attendre que l'athlète s'explique, avant de lui asséner ce «coup de massue». Lamine Ouahab a été ce jeune Algérien finaliste junior, dans un tournoi majeur comme celui de Wimbledon, et demi-finaliste junior à Roland-Garros. Lamine Ouahab est ce tennisman qui a déjà battu des joueurs de la trempe de Rafael Nadal ou Richard Gasquet. Il est 7 fois champion d'Afrique, 3 fois champion arabe, meilleur espoir sportif de l'année 2001, meilleur sportif de l'année 2007, 192e mondial (ATP), n°3 africain, n°1 maghrébin et arabe en 2008, etc… Il est ce sportif médaillé d'argent en double lors des derniers Jeux méditerranéens d'Almeria (2005). Comme beaucoup de sportifs d'élite algériens, il a sollicité une bourse qui lui ouvrait droit à une préparation, conformément aux dispositions du décret 91-415 du 2 novembre 1991. Ladite bourse ne lui était plus versée depuis 2002 ; les services du MJS lui auraient affirmé qu'il était un professionnel et que cet argent, il n'en avait pas besoin. Le décret en question ne parle ni de professionnels ni d'amateurs. Il indique seulement (article 3) que peuvent postuler à cette bourse les athlètes classés dans l'une des catégories de performance de niveau mondial ou international. Concernant le financement de sa
préparation, il a déclaré sur l'honneur que la FAT ne lui a versé aucune bourse ou aide à la préparation depuis 4 années (2005, 2006, 2007 et 2008). Les seules sommes qu'il a touchées représentent les primes de résultats dans les différentes compétitions en équipe nationale et les primes d'athlète d'élite. Il affirme également avoir perçu de la FAT, après décision de justice, le complément de sa bourse de préparation qui date de l'année 2002 quand il était encore junior. Est-ce l'exemple à suivre pour la promotion du sport ?
Le ministère de la Jeunesse et des Sports met de l'ordre dans les fédérations
Le ministère de la Jeunesse et des Sports, après maintes tentatives pour ramener la concordance au sein des fédérations porteuses pour le sport algérien et au vu de la situation négative qui y prévaut, notamment la régression de la discipline en termes de résultats et de relève de l'élite et suite à un certain nombre de requêtes formelles sérieuses émanant de membres de l'assemblée générale, tente de remettre de l'ordre dans certaines institutions
relevant de son secteur. Il est relevé le non-respect flagrant des clauses de la convention d'objectifs souscrite, la gestion anachronique du dossier des bourses des athlètes de haut niveau, la mauvaise prise en charge des sélections nationales et les conditions approximatives de préparation des athlètes et le désintérêt flagrant de certains présidents de fédérations quant à l'optimisation des conditions de préparation technique aux échéances et la mauvaise planification. Le MJS a toute la latitude et l'obligation de mener la politique et la démarche qu'il accomplit actuellement pour assainir le sport national. D'ailleurs, dans le cadre du renouvellement des instances, une commission d'observateurs indépendants, désignée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, est déjà à l'œuvre. Elle a tenu des réunions à l'issue desquelles elle a dégagé un certain nombre de principes devant guider son action.
Cette commission, composée d'hommes intègres et figures emblématiques du sport, comme Cherif Tifaoui, qui a tant donné au karaté, Abdelhamid Oussedik, Noureddine Nemeur, Mokhtar Boudina, Rachid Bouabdallah, Mohamed Maouche, estime qu'il est temps et nécessaire que ses membres inscrivent leur contribution dans le strict respect de la mission qui leur a été confiée et ce, dans un cadre indépendant, loin de toute pression ou subjectivisme. Ils ont indiqué qu'ils ont pour mission la résolution des problèmes inhérents aux contradictions profondes qui minent le mouvement sportif national et l'arrêt du naufrage qui le menace. Car, la solution réside indiscutablement dans l'union des pouvoirs publics et de l'ensemble des partenaires du sport national. Pour la bonne marche du sport algérien, le ministre de la Jeunesse et des Sports n'exclut aucune compétence susceptible de contribuer à l'essor du sport national. M. Hachemi Djiar a reçu les athlètes de haut niveau, qui ont tous répondu à son appel. «Ceux qui ont été marginalisés ou ont décidé de se retirer doivent être associés aux projets d'avenir. Leur expérience doit être capitalisée», leur a dit M. Djiar. Un rappel qui répond aux doléances des athlètes qui se disent «écartés ou marginalisés par une faune de prédateurs qui ont conquis les
fédérations pour se servir du sport sans le servir». «On ne veut pas de nous. Sinon, comment expliquer qu'un champion du monde ou olympique, qui a raccroché, ne peut même pas disposer de la qualité de membre de l'AG de sa propre fédération ?» Le message des champions est sans équivoque. «Je vous demande de vous impliquer dans la vie sportive de votre pays», a répliqué le ministre de la
Jeunesse et des Sports.
L'Algérie, cette source qui tarit sans être exploitée
Le service des sports, affirme le ministre de la Jeunesses et des Sports, Hachemi Djiar, œuvre à travers son programme opérationnel à concrétiser les orientations du chef de l'Etat M. Abdelaziz Bouteflika, visant le raffermissement, la généralisation et l'enracinement de la culture sportive dans les esprits de tous les Algériens, hommes et femmes, à quelque niveau qu'ils soient. Le premier responsable du secteur du sport a affirmé que tous les moyens sont disponibles pour concrétiser ces idées, dont un réseau d'infrastructures sportives intégrées, en plus de multiples autres projets en voie de réalisation à travers toutes les régions du pays et de grands projets, parmi lesquels des salles omnisports, des piscines et des terrains gazonnés.
Les résultats récemment obtenus par les sportifs algériens aux JA et JO montrent, a-t-il ajouté, que le sport national accomplit constamment des pas en avant grâce à la politique mise en œuvre, aux efforts déployés et à la volonté et au désir d'honorer le pays lors des compétitions internationales. Mais cela ne saurait occulter que le tennis algérien est très «pauvre» en joueurs classés au niveau mondial. Cela n'est pas du tout étonnant quand on connaît la situation calamiteuse de ce sport dans notre pays. Dans les classements
masculins, ils ne sont que deux à figurer : l'incontournable Lamine Ouahab qui, dépité, ne comptant plus que sur sa propre personne, continue, bon gré mal gré, à démontrer ailleurs tout son talent. Un talent dont l'équipe nationale était privée lors de la récente Coupe d'Afrique des nations disputée au Maroc.
En dépit de son grand potentiel humain, des grandes capacités qu'elle possède et qui restent, pour leur grande majorité, inexploitées, l'Algérie, contrairement à ses voisins, ne progresse pas. Le classement mondial qui fait de Lamine Ouahab le numéro 1 maghrébin ne peut être l'arbre qui cache la forêt. Si l'Algérie possédait 2 joueurs classés dans le Top 10 maghrébin, le Maroc en possède 16 et la Tunisie 6. Chez les féminines, la situation ne plaide guère à l'optimisme. Après la défection de l'une de nos espoirs du tennis féminin
algérien, Feriel Esseghir, partie aux Etats Unis, l'autre espoir, Samia Medjahdi, vient de tirer pratiquement un trait sur sa carrière
professionnelle, pour mieux se consacrer à ses études de médecine. Samia ne disputant plus que les tournois locaux en France est classée 874e. La Tunisie ne compte plus que Selima Sfar (192e) pour avoir une présence internationale. Quant au Maroc, il est représenté par cinq joueuses, mais à des places bien modestes. Le tennis féminin n'est pas encore au bout de ses peines.
M. G.


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