Photo : Riad Pendant de longues années, la question des droits des détenus et des conditions de leur prise en charge au sein des établissements pénitentiaires algériens a longtemps relevé du tabou. Un black-out total était imposé aux représentants des organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales et autres médias sur ce qui pouvait se dérouler dans ces établissements. Ces dernières années, on assiste néanmoins à une ouverture de ces institutions au «regard extérieur», comme le démontrent les rapports des ONG étrangères, dont Human Watch Rights (HWR), qui a effectué plusieurs visites dans certains centres de détention du pays. Ces rapports sont souvent mitigés. En Algérie, c'est à la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) qu'échoit la mission d'observer et de rendre compte des conditions de détention de nos prisonniers. Dans son rapport datant de 2008, l'institution présidée par Me Farouk Ksentini constate «une réelle volonté de la part de l'administration pénitentiaire et des personnels de rééducation d'assurer leurs missions, en conformité avec les dispositions de la loi du 06 février 2005 portant code de l'organisation pénitentiaire et de la réinsertion sociale des détenus». Les différents textes juridiques en la matière, est-il ajouté, «œuvrent dans le sens d'une humanisation des conditions de détention dans le strict respect de la dignité humine du détenu et des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l'Homme». A ce propos, la CNCPPDH encourage la prise en charge médicale des détenus, l'initiative de la généralisation du réseau informatique à l'ensemble des prisons et, enfin, les avancées enregistrées en matière notamment de l'accès des détenus aux opportunités de la réinsertion sociale, de l'assistance sociale, de la protection sanitaire, à l'alimentation, à l'hygiène, aux loisirs et à l'information. Cela étant, ladite commission relève certaines insuffisances et quelques problèmes inhérents au secteur et ayant fait l'objet de recommandations. Parmi ces dernières, celles inhérentes aux ressources humaines, à savoir la nécessité d'accroître l'effectif des agents de rééducation pour arriver à un nombre suffisant leur permettant d'assumer pleinement leurs missions et dans de bonnes conditions, de régler le problème de distance entre le lieu de résidence des agents et leur lieu de travail, de réviser les affaires en instance dont les parties n'ont pas été réunies et, enfin, de revoir la lenteur dans le traitement des pourvois en cassation. En ce qui concerne les systèmes de réinsertion, il a été recommandé notamment d'admettre au bénéfice de la liberté conditionnelle un plus grand nombre de détenus et d'accroître le nombre de détenus bénéficiaires de la semi-liberté. Il est, par ailleurs, recommandé une meilleure humanisation des conditions carcérales et de meilleures prestations médicales. Même s'ils sont désormais autorisés à accéder à nos prisons, les journalistes algériens n'y effectuent cependant que des visites «guidées», le plus souvent en délégation ministérielle. Des visites qui sont, de surcroît, préalablement préparées, si bien qu'elles ne peuvent cerner et percevoir la réalité de nos prisons. Les ONG nationales, notamment les ligues de défense des droits de l'Homme affirment toujours que des cas de torture existent encore.