La mercuriale semble ne plus avoir de limites dans sa course vertigineuse vers la hausse. Les prix des fruits et légumes ont atteint un seuil intolérable, s'invitant dans toutes les discussions. Alors qu'auparavant un seul produit était soumis à une telle pression, la pomme de terre habituellement, ce sont pratiquement tous les légumes et fruits qui sont devenus inabordables. Les citoyens avouent leur impuissance à faire face à une telle flambée. Lorsque l'on sait que les produits maraîchers constituent l'alimentation principale des Algériens, on comprend leur désarroi. Quelle alternative face à l'inaccessibilité de ces denrées devenues hors de prix ? Qui arrêtera cette «poussée de fièvre» qui avait touche les produits de la terre ? Jamais pareille situation n'a été vécue. Les explications ne sont pas convaincantes jusque-là. On prend parfois des raccourcis pour justifier de telles augmentations. C'est ce qu'a fait hier, sur les ondes de la Chaîne III, le directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l'Agriculture et du Développement rural, arguant que la pluie est, en partie, à l'origine de cette flambée. Il conforte ainsi les arguments fantaisistes qui circulent çà et là. Des arguments qui défient la logique. Il est difficile, en effet, de croire à ce raisonnement qui veut que les agriculteurs n'accèdent pas aux champs pour cause de pluie, et surprenant que des responsables puissent l'avancer. «A la faveur du retour du soleil, la pomme de terre sera disponible». Une affirmation qui pourrait être acceptable si elle sortait de la bouche d'un simple citoyen. D'ailleurs, même ce dernier a fini par comprendre les rouages des marchés de gros et la politique imposée par les mandataires. La marge bénéficiaire est excessive, les prix sont multipliés à l'arrivée des produits dans les marchés de gros. Cela, on le sait. L'invité de la rédaction de la Chaîne III en a convenu hier, affirmant que cette situation est tout à fait inadmissible. Ce que tout un chacun est en droit d'attendre, ce sont des actions concrètes de la part des pouvoirs publics. Par exemple, barrer la route aux maquignons et assainir l'activité pour mettre fin à la saignée. Limiter les marges bénéficiaires trop élevées qui font que les fruits et légumes arrivent sur les étals à des prix exorbitants. Le directeur de la régulation au ministère de l'Agriculture pense que l'organisation des producteurs en coopératives en viendra à bout. Il les encourage même à le faire. Il promet un excédent de la production de pomme de terre, sans qu'il y ait recours à l'importation, mais affirme en même temps que la quantité couvrira la période allant de ce mois à l'hiver prochain. Délai fatidique. Prions pour que les terres ne regorgent pas d'eau et permettent l'accès pour une récolte tranquille afin que le scénario actuel ne se reproduise plus. Mais, pour l'heure, les yeux sont rivés sur le tubercule qui se laisse pousser des ailes et sur la tomate et les autres légumes qui, eux, nous viendraient d'une autre saison, nous dit-on, pour justifier leurs prix inimaginables. R. M.