Demander aux pays producteurs de pétrole d'augmenter leur offre est «illogique et irrationnel» a affirmé Chakib Khelil qui, comme argument, interrogera : «Va-t-on demander aux pays qui produisent des voitures, des ordinateurs, des panneaux solaires ou des turbines à gaz d'augmenter leurs productions sous prétexte que ces prix sont très élevés ?» Pour lui, les pays consommateurs, comme l'Australie, qui ont appelé à une augmentation de la production, devraient, à leur tour, augmenter la production de leurs matières premières, comme le fer, le phosphate ou encore le charbon dont les cours sont très élevés sur le marché international. Le ministre, dans l'entretien qu'il a accordé à l'APS, affirme que l'OPEP ne veut pas profiter de la situation du marché et obtenir des prix élevés. «Si elle [l'OPEP] l'avait voulu, elle l'aurait fait en 2003 lorsque la production du Venezuela [3 millions de barils par jour] avait complètement été réduite. En plus, le Nigeria a diminué, à ce moment-là, sa production d'un million de barils par jour.» Or, l'OPEP avait augmenté sa production pour pallier ce déficit. S'agissant de la position de l'Algérie quant à la rencontre de Djeddah, le ministre réaffirme qu'elle est toujours «pour le dialogue et l'échange d'idées sur une base rationnelle et logique». Cette rencontre, dont l'objectif principal est de «clarifier les positions concernant les raisons de cette hausse», doit se pencher, selon lui, «sur le problème de la spéculation pour approfondir encore plus notre compréhension du marché pétrolier». M. Khelil indique que l'OPEP n'a pas adopté une démarche commune en prévision de cette rencontre, «car elle n'a pas prévu de réunion dans ce sens». «Je suis invité en tant que ministre algérien de l'Energie et des Mines. Donc, je n'ai pas un mandat de l'OPEP pour une position de cette organisation», dira-t-il. Quant aux principaux facteurs haussiers, le ministre rejette l'idée soutenue par les pays consommateurs selon laquelle cette augmentation des prix est due à une baisse de la production. Il dira que la spéculation et les tensions géopolitiques, en plus des facteurs sous-jacents comme la capacité de raffinage limitée qui, combinée à l'introduction du bioéthanol, a généré une baisse de la disponibilité du gasoil et, par conséquent, une hausse des prix de ce carburant. Autre facteur : les taxes prélevées par les grands pays consommateurs comme la France et l'Angleterre sur les produits pétroliers. M. Khelil regrette que ces pays refusent de réduire ces taxes en arguant qu'une «telle mesure favoriserait la consommation du pétrole». Pour la France, à titre d'illustration, ces taxes constituent la troisième source de revenus et une bonne partie de ces revenus aurait due être versée aux secteurs les plus affectés par cette hausse, comme la pêche et l'agriculture, a argumenté le ministre. Comparant les prix du pétrole du premier semestre 2008 à la même période de 2007, il a souligné que les courbes des deux périodes sont parallèles, «sauf qu'il y a 40 dollars de différence entre ces deux courbes». S. B.