à l'invitation du chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, le Premier ministre français François Fillon entame aujourd'hui une visite officielle de deux jours à Alger. Il sera à la tête d'une délégation ministérielle comprenant, entre autres, Christine Lagarde ministre de l'Économie, Hervé Morin ministre de la Défense et Valérie Pécresse ministre déléguée à l'enseignement supérieur. Une vingtaine de chefs d'entreprise, à l'image de Total, Lafarge, EADS, Arianespace, accompagnera par ailleurs le Premier ministre français. Lequel aura demain des entretiens avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Pour le programme d'aujourd'hui, un entretien est prévu avec son homologue algérien. Par la suite, une séance de travail sera élargie aux ministres concernés avant un déjeuner officiel. Cette visite qui intervient sept mois après la visite d'Etat du président français, M. Nicolas Sarkozy, vise «au renforcement de la relation bilatérale». Dans ce cadre, le chef du gouvernement français signera aujourd'hui samedi un accord-cadre organisant la coopération nucléaire civile entre les deux pays. Ce qui ouvrira des perspectives de partenariat dans ce domaine entre les deux pays. Un protocole de coopération dans les domaines des impôts, de l'assurance et de la banque doit également être paraphé. D'ailleurs, l'hôte de l'Algérie se rendra aujourd'hui à l'Ecole supérieure des banques. Alger et Paris vont enfin signer un accord de coopération dans le domaine de la défense, comprenant notamment un important volet de formation. Cette visite, la première depuis 22 ans d'un Premier ministre français, représente pour la partie française une occasion de plaider pour le projet de l'union pour la Méditerranée. On s'attend en effet à ce que François Fillon réitère l'invitation faite au président Bouteflika d'une visite officielle à Paris pour la participation, le 13 juillet prochain, à la rencontre des chefs d'Etat du Bassin méditerranéen. Et ce, d'autant que la réponse officielle de l'Algérie n'est toujours pas claire. «Il n'est pas exclu que Bouteflika vienne à Paris», a déclaré M. Belkhadem dans un entretien accordé mercredi dernier au journal français le Monde. C'est en fait le doute sur la participation du président Bouteflika au sommet de lancement de l'UPM. «L'Algérie est favorable au rapprochement des deux rives de la Méditerranée», a encore avancé M. Belkhadem, avant de regretter que l'initiative «exposée en 2007 par le président Sarkozy n'est plus celle qui nous est présentée aujourd'hui». Sur le plan économique, le chef du gouvernement a, pour rappel, parlé de la nécessité d'aller vers le «raffermissement des relations» entre l'Algérie et la France. Cependant, a-t-il ajouté, «si nous voulons aboutir à un partenariat d'exception, il nous faut donner de la chair à ce partenariat. Nous souhaiterions, notamment, plus d'investissements français en Algérie, plus d'assistance technique et plus de souplesse dans la circulation des personnes». Une manière de rappeler la frilosité des hommes d'affaires français à venir investir en Algérie. Car, à chaque fois, les responsables et les hommes d'affaires français soulignent l'attractivité du marché algérien sans que les initiatives d'investissement suivent. La ministre française de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, Mme Christine Lagarde, est revenue jeudi sur ce dossier et a relevé, au même titre que Abdelaziz Belkhadem, la nécessité de renforcer les relations bilatérales. «Le marché algérien est attractif. Il intéresse de plus en plus les entreprises françaises. Aujourd'hui, je crois qu'il est nécessaire de renforcer davantage les relations entre l'Algérie et la France, à la fois dans le domaine des exportations et des investissements et dans les deux sens», a-t-elle indiqué à l'APS en marge d'une rencontre organisée à Bercy sur le développement durable dans les pays du Sud. Constatant que la balance commerciale est fortement constituée de matières premières du côté algérien et de biens d'équipements et autres produits manufacturés du côté français, Mme Lagarde a plaidé pour l'équilibre des flux de manière à développer «des investissements croisés» entre les deux pays. S. I.