La délégation Wallonie-Bruxelles (Belgique) et la Bibliothèque nationale (BN) invitent le grand public «à parcourir la Palestine d'aujourd'hui par ces itinéraires (Masarat) photographiques» à travers le regard de la talentueuse photographe belge Véronique Vercheval, lors de l'exposition intitulée «Palestine : carnet de notes, itinéraire, Masarat» qui sera inaugurée, demain, jeudi 15 mai, dès 14h à la BN. Cette exposition photographique est organisée à l'occasion de la 9ème édition du Festival culturel européen en Algérie, s'inscrivant dans le cadre de «2008, année européenne du dialogue interculturel», et dans le cadre de la commémoration pour la Palestine du 60ème anniversaire de la nekba avec l'organisation de la manifestation à Alger «solidarité avec le peuple palestinien». Par ailleurs, lors de la présentation de l'événement, les organisateurs belges ont annoncé qu'en octobre et novembre prochains, la Wallonie et Bruxelles accueilleront «Masarat», une importante saison artistique palestinienne. A propos de la genèse de ce projet, Véronique Vercheval explique, dans son livre intitulé Palestine, carnet de notes : «C'est la rage et le sentiment d'impuissance qui m'ont décidée à partir pour la première fois en Palestine en avril 2002. J'accompagnais une mission “100 artistes en Palestine” organisée par l'IETM [Réseau international des arts du spectacle] […] Mon appareil photographique m'a ouvert les portes des maisons. Nous avons parlé, tentant de nous comprendre malgré la barrière des langues. J'ai regardé, j'ai écouté. J'ai voulu réunir ici ces moments de rencontres, montrer une autre image de la Palestine et des Palestiniens.» Notons que cet ouvrage est accompagné d'extraits du journal de la photographe belge en Palestine, ainsi que de deux articles émouvants du sociologue palestinien Salim Tamari et du militant anticolonialiste israélien Michel Warschawski. A la publication de cet ouvrage dédié au combat des Palestiniens, le Monde diplomatique avait souligné qu'il «tombe à point nommé pour donner un visage à ces victimes de la démission internationale. Pudiques, les photos prises par Véronique Vercheval depuis 2002 témoignent des joies et des peines des hommes, des femmes et des enfants, de leur vie quotidienne meurtrie par l'humiliation de l'occupation et, malgré tout, de leur dignité». Photographe depuis 25 ans, Véronique Vercheval considère la photo comme une «arme de dénonciation». Ainsi, elle traverse la Palestine, de Ghaza à Ramallah, de Jénine à Hébron en passant par Naplouse. A travers son objectif militant, la photographe engagée témoigne d'une facette des combats du peuple palestinien grâce à des portraits d'une population qui continue à vivre, malgré le contrôle permanent et la pression de l'armée israélienne, loin des clichés habituels galvaudés par les médias avides de scoops et d'images-chocs. Elle montre ainsi que, dans une Palestine meurtrie par la guerre et la destruction, au-delà des champs d'oliviers ou d'orangers dévastés, à côté des nombreux check-points, persistent encore les universités, les théâtres, les cafés et les marchés. Des images fixées sur la pellicule, témoignant de la résistance courageuse des Palestiniens qui s'efforcent de vivre normalement, guidés par la foi de la libération des territoires occupés. Véronique Vercheval est née à Charleroi, où son père a créé et longtemps dirigé le Musée de la photographie. A 16 ans, elle entame des cours du soir de photo, parallèlement à ses humanités en sciences sociales. Elle avait confié, lors d'une interview à la presse belge : «Au début de mes études, je voulais faire de la photographie “artistique”, graphique, jouant sur la lumière… Puis, un jour, j'ai fait des photos d'une dame assise dans un bistrot. Et j'ai compris que c'était ça que je voulais faire : montrer des histoires, des photos d'“humains”, d'humanité. Pour moi, la photographie qui restera est celle qui parle de l'être humain, celle qui se demande comment notre planète fonctionne, quel est son avenir…» Dès lors, de 1979 à 1983, elle a été photographe reporter au magazine Voyelles où les sujets étaient avant tout liés à la condition des femmes en Belgique. Puis, de 1983 à 1999, elle a travaillé pour les Archives de Wallonie, où elle a participé à la constitution d'une mémoire photographique essentiellement liée aux entreprises, aux industries et aux mouvements sociaux. Depuis les années 1990, elle travaille aussi régulièrement pour différentes compagnies théâtrales et de danse et continue à réaliser des reportages sociaux. Elle enseigne également la photographie, depuis une quinzaine d'années, à l'Institut provincial des arts et métiers de La Louvière, en promotion sociale. Elle a aussi réalisé de nombreux reportages et expositions motivés par ses intérêts personnels de militante et de photographe engagée comme ceux réalisés à Haïti, au Rwanda ou au Congo. Véronique Vercheval est retournée plusieurs fois en Palestine depuis son premier voyage en 2002, avant de publier Palestine, carnet de notes, chez Labor en février 2006. Depuis, l'exposition sur le sujet a été organisée dans plusieurs villes en Belgique, en France et, dès demain, le public algérien pourra la découvrir jusqu'au 12 juin à la BN. Pour conclure, citons la photographe belge qui avait confié à propos de cette expérience : «J'ai rencontré en Palestine un peuple fier et digne. Privé de liberté depuis plus de 50 ans, humilié quotidiennement par un occupant arrogant et brutal, il a su garder l'espoir. J'espère avoir pu, à travers mes images, en apporter témoignage.» S. A