El Kadhafi tient mordicus à son projet de gouvernement de l'Union africaine. Il a encore appelé hier à accélérer la mise en place d'un gouvernement africain, à l'ouverture d'une réunion du Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) à Tripoli. «Nous ne pouvons pas créer les Etats-Unis d'Afrique sans un mécanisme qui travaille quotidiennement pour atteindre ce but [...] Nous devons en finir avec le chaos et le désordre existant, créer une seule autorité d'union et supprimer tout le reste», a déclaré le colonel Kadhafi. «Il n'y a pas de problème devant nous [...] Nous pouvons mettre en oeuvre facilement un projet historique», a-t-il encore dit à l'adresse de la réunion qui doit se pencher durant deux jours sur les modalités de la transformation de la Commission de l'UA en Autorité d'Union, selon l'ordre du jour. Pour le numéro un libyen, président en exercice de l'UA, «trois piliers de cette autorité sont déjà en place». Ainsi, a-t-il dit, le Conseil exécutif de l'UA, qui regroupe les 53 ministres des Affaires étrangères de l'UA, aura en charge la diplomatie africaine, tandis que le Conseil de paix et de sécurité l'UA se transformera en l'équivalent de ministère africain de la «Défense et de la sécurité». L'Economie extérieure et la coopération internationale sera confiée au Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), a ajouté le numéro un libyen. Le projet de gouvernement africain avait été au centre de désaccords lors du 12e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains à Addis-Abeba en février. Le sommet avait alors chargé le Conseil exécutif d'élaborer un rapport sur l'approfondissement de la réforme. Celui-ci doit être soumis à la décision du prochain sommet en juillet prochain, a précisé hier le président de la Commission de l'UA, Jean Ping. La réunion de Tripoli examinera notamment «les fonctions de l'autorité et sa taille» et «les incidences financières de la mise place de cette autorité», selon M. Ping. Si El Kadhafi regardait seulement du côté de l'Europe qui est en construction depuis au moins 1956 et qui a franchi des étapes énormes et importante puisqu'elle est intégrée économiquement à un niveau irréversible, mais n'arrive pas à se doter d'un exécutif, au sens constitutionnel du terme. Si au moins El Kadhafi regardait du côté de la Ligue arabe qui tourne en rond depuis 1945 et n'arrive même pas à se doter de statuts d'une organisation supranationale dont les décisions s'imposent à tous ses membres qui ont pourtant choisi volontairement d'y adhérer. L'Union africaine telle qu'elle est configurée aujourd'hui avec ses organes et son programme ambitieux, est déjà une avancée fulgurante pour un continent qui est la synthèse de toutes les misères de l'humanité. Un gouvernement n'est pas une formalité, encore moins un caprice. Un gouvernement est le couronnement d'un effort commun, de résultats palpables d'un programme applicable avec des moyens financiers disponibles. Le rêve est permis mais le réalisme s'impose. A. G.