Comme dans tous les pays ayant un accès à la mer, l'Algérie, dont la côte s'étend sur une longueur de près de 1 200 kilomètres, est riche en lieux propices à la plongée et à la pêche sous-marines. Beaucoup d'Algériens s'adonnent à ce sport, quelquefois sous l'égide d'associations ou d'organismes, donc, respectant toute la réglementation en vigueur, et, d'autres fois, seuls, ce qu'on peut appeler les «amateurs», qui, en général, «plongent» pour le plaisir de le faire ou bien pour rapporter quelques «prises» pour la consommation ou la revente, selon les cas. Ce sont ces derniers qui sont le plus répandus dans la majorité des villes côtières. En l'absence d'une véritable politique du sport qui prenne en charge ce volet, comme c'est le cas notamment dans les pays de la rive nord de la Méditerranée, les Algériens pratiquent la plongée ou la pêche sous-marines loin de tout encadrement. Il n'y a qu'à se déplacer vers quelques sites, en général loin des plages fréquentées par les estivants, pour se rendre compte de la chose. Munis tout juste d'un tuba, d'un casque et quelquefois d'une foëne, des jeunes et des moins jeunes sillonnent le littoral dans le but seulement de passer le temps ou de rapporter un poisson en guise de «trophée». L'exercice est dangereux dans certains cas, mais la majorité d'entre eux ne se soucient guère des risques qu'ils encourent. Le caractère agréable de la chose vaut cela, diront-ils. Quelques écoles font de l'apprentissage Dans le port de pêche et de plaisance d'El Djamila, ex-la Madrague, à l'ouest d'Alger, deux écoles de plongée sous-marine ont ouvert leurs portes, il y a quelques années déjà. L'affluence est «bonne», ce qui dénote l'intérêt que portent les Algériens, du moins une partie d'entre eux, à la plongée sous-marine. Les «élèves» apprennent comment plonger sous l'eau, notamment avec des bouteilles à oxygène. Toutes les techniques de la plongée en elle-même, de la décompression sous l'eau, de la remontée, leur sont inculquées. En plus du fait que les personnes qui se déplacent vers ces écoles puissent admirer ce qu'il y a sous l'eau, elles auront finalement appris toutes les techniques pour une plongée autonome. Il va sans dire que l'utilisation de la bouteille, en dehors d'un cadre réglementé, est interdite. Quiconque sera intercepté par les gardes-côtes muni d'une bouteille à oxygène sera sévèrement puni. L'interdiction est dictée par le souci de protéger la faune marine. Imaginons un seul instant que les pêcheurs sous-marins soient dotés de ce genre d'équipements. Dans un laps de temps très court, il n'y aura plus un seul poisson dans le littoral. C'est pour cela que la réglementation est très stricte par rapport à cela. Pour le reste, il faut dire que l'absence d'une véritable prise en charge de cette activité encourage sa pratique d'une manière anarchique. Il n'y a pas, par exemple, comme c'est le cas dans plusieurs autres pays, des compétitions et des concours de plongée et de pêche sous-marines. Les rares tournois qui existent sont souvent circonscrits géographiquement. Pourtant le potentiel existe. Quand il arrive qu'un Algérien prenne part à une compétition de pêche sous-marine, en France ou en Italie, il décroche une place honorable. Comment ne pourrait-il pas en être le cas alors qu'il y a 1 200 kilomètres de côtes et que les Algériens commencent à pratiquer la plongée et la pêche sous-marines dès leur très jeune age ? Il est à signaler que dans la majorité des cas, les férus de la plongée sous-marine sont souvent des jeunes qui plongent pour rapporter quelques prises. Ce genre de commerce est très lucratif. Pas pour ces amateurs bien sûr, mais pour les «mandataires» ou les intermédiaires qui achètent tous les poissons que les plongeurs rapportent pour les revendre aux commerçants. C'est un véritable réseau qui s'est constitué au fil du temps dans la majorité des villes côtières. Un commerce qui échappe à tout contrôle. Et c'est à ce genre de pratiques que sont mêlées la plongée et la pêche sous-marine. Même si les gardes-côtes font de leur mieux pour surveiller le littoral, il n'est pas évident de contrôler 1 200 kilomètres, d'autant plus que les communes côtières ne sont pas impliquées dans cet exercice. Tout le risque est là. D'ailleurs, périodiquement, des accidents surviennent en raison de la non-maîtrise des techniques de la plongée sous-marine. C'est pour cela que les autorités compétentes doivent se pencher un peu plus sur cette activité. Des risques récurrents De manière générale, la plongée sous-marine consiste à rester sous l'eau équipé d'un scaphandre autonome spécifique composé d'une combinaison, d'un masque, d'un tuba, de palmes, d'un lestage porté sur une ceinture, d'un gilet stabilisateur équipé de direct system et d'une bouteille de plongée reliée à un embout : le détendeur. En Occident, des instruments de mesure sont utilisés pour contrôler la plongée, en l'occurrence un manomètre et un ordinateur de plongée. «À défaut d'ordinateur, le plongeur devra porter un profondi-mètre», lit-on dans les manuels de la plongée sous-marine. Il est indiqué en substance que «les accidents dus aux variations anormales de pressions dans les organes creux sont appelés des barotraumatismes. Ceux-ci touchent les différentes cavités en contact avec l'air inspiré : oreilles, sinus, dents, intestin, mais aussi l'espace situé entre le masque et le visage. Lors de la descente, l'air contenu dans l'oreille moyenne du plongeur est en dépression par rapport au milieu ambiant, ce qui crée une déformation du tympan. Le plongeur doit volontairement insuffler de l'air dans son oreille moyenne via les trompes d'Eustache, afin d'éviter toute déchirure ou douleur. Il existe plusieurs manœuvres d'équilibrage, la plus répandue consiste à se pincer le nez et à souffler légèrement bouche fermée [procédé dit de Valsalva]». «On peut également équilibrer son oreille en faisant une béance tubaire volontaire qui consiste à bâiller bouche fermée en avançant la mâchoire inférieure. L'air inspiré pénètre sans traumatisme dans la trompe d'Eustache béante pour repousser le tympan contre la pression de l'eau et ainsi l'équilibrer. Lors de la remontée, le phénomène inverse se produit et l'oreille moyenne passe en surpression. Cependant, aucune manœuvre d'équilibrage volontaire n'est nécessaire. Lors de la remontée, l'air contenu dans les poumons du plongeur se dilate. Si le plongeur n'est pas attentif et n'expire pas ou pas assez [en cas d'apnée involontaire, de panique, de remontée trop rapide…], la surpression pulmonaire ainsi créée peut entraîner des lésions graves. Il est interdit d'utiliser la méthode de Valsava à la remontée, un barotraumatisme pouvant ainsi survenir», indique-t-on encore. Il y a aussi d'autres risques qui peuvent survenir comme le vertige alterno-barique, qui est dû à une différence de pression entre les deux oreilles moyennes, ou la toxicité des gaz, qui est l'augmentation de la pression sur le plongeur concerne l'impact des gaz respirés sur l'organisme. C'est pour toutes ces raisons que les différents responsables devraient prendre sérieusement en charge cette activité afin de limiter les risques d'accidents. A. A.