De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Les sports nautiques n'ont plus la cote en Algérie. Ce ne sont, pourtant, pas les potentialités qui manquent : une jolie côte méditerranéenne de près de 1 200 kilomètres, jalonnée de criques et de plages féeriques, une jeunesse remuante qui porte la mer dans ses veines, et des conditions climatiques et météorologiques favorables à longueur d'année. Tous les ingrédients sont là pour en faire une discipline forte. «Comment résister à l'appel de l'eau sous le ciel d'Algérie ? Elle est une invitation permanente à la fraîcheur, à la détente, à l'amusement et au sport», s'interrogeait Daniel Lliteras, ancien professionnel des sports aquatiques, dans un article datant de 1955 reproduit par le mensuel l'Algerianiste dans son numéro de septembre 1999. Mais l'absence de moyens et le manque d'intérêt des associations sportives et des pouvoirs publics se sont malheureusement traduits par un abandon quasi total. L'aviron, la planche à voile, le surf, la plongée sous-marine, le ski nautique, le jet ski ou le water-polo sont autant de disciplines sportives qui restent largement méconnues dans notre pays. Dans une wilaya comme Béjaïa dont le littoral s'étend sur plus de 100 kilomètres, il n'y a présentement ni club d'aviron ni section de plongée sous-marine pour encadrer les passionnés, ô combien nombreux, de la grande bleue et des fonds marins. Ces sports olympiques restent donc toujours à la traîne à défaut de prise en charge et d'encouragement. Il se trouve bien entendu des férus qui pratiquent individuellement ces sports. Ce sont généralement des groupes très réduits, qui se recrutent souvent dans le corps médical, et dont l'exercice relève tout simplement du loisir et de la simple remise en forme. On ne peut, par conséquent, parler dans ce cas précis d'activité sportive proprement dite. C'est plutôt quelque chose de privé et d'individuel. L'impératif de création d'une ligue des sports nautiques se fait sentir fortement pour populariser leur pratique. Ces jeux, complets et élégants, sont évidemment d'une grande importance pour la santé publique et la socialisation des sports aquatiques, mais aussi pour la promotion touristique à travers le lancement de tournois périodiques. Une telle association est indispensable pour la formation des jeunes athlètes et l'organisation de compétitions estivales. Ça faciliterait l'acquisition du matériel pédagogique et des équipements de compétition, comme elle permettrait de réunir les compétences et les bonnes volontés en la matière. Des sections peuvent être ouvertes dans les huit communes côtières que compte la wilaya, mais aussi dans d'autres circonscriptions qui disposent de plans d'eau adéquats. Il convient de citer à ce propos le barrage d'Ighil Henda à Kherrata et celui de Tichy-Haff dans la région d'Akbou, la retenue artificielle d'Ighzer Ouftis à Darguina et dans une moindre mesure le lac Noir à Adekar. Il faut dire que l'attrait pour ces sports de l'eau est énorme. Des dizaines de jeunes et de moins jeunes rêvent de devenir de grands champions en la matière. Depuis deux ans déjà, un constructeur local de petites embarcations de plaisance organise, en collaboration avec le mouvement sportif, un tournoi amateur pour la traversée de la baie de Béjaïa en canoë. L'initiative de la Sarl Iselman Impex, qui en est à sa troisième édition, a eu un succès retentissant en matière de participation et de mobilisation du public. Des dizaines de «bleus» viennent à chaque fois mesurer leur endurance face à des concurrents tous aussi novices. Cela pour dire que la pâte existe aussi. Avec autant de passion et d'atouts naturels, il suffit d'un minimum d'égards et d'encouragements pour voir éclore des rameurs chevronnés capables de prétendre sous peu à des distinctions. Ce serait aussi un grand facteur de promotion pour le tourisme estival. On a absolument beaucoup à gagner en subventionnant cette discipline. La direction de tutelle, les collectivités locales et le mouvement associatif doivent y réfléchir ensemble pour construire une dynamique durable dans ce sens.