Il apparaît étrange que la ville d'Alger n'ait pas un marathon annuel ou plutôt «son marathon» à l'instar de toutes les grandes capitales du monde. En effet, n'est-il pas enviable d'entendre aujourd'hui parler des marathons de New York, de Londres, de Paris, de Nagoya, d'Antalia, de Rome, de Chypre, de Séoul, de Bratislava, de Canberra, d'Anvers, de Zurich, de Belfast…de la muraille de Chine, de Riga, de Kigali…Rock n'roll de San Diego, de Barcelone, etc. ? Les plus illustres parmi les athlètes en activité, passés à la retraite, en devenir, des stars du foot, du showbiz, des hommes politiques de tous bords, des ministres, des hommes, des femmes, des enfants et parfois toute la famille, landau compris, des handicapés, toutes infirmités confondues, prenent le départ dans les plus grandes capitales du monde rien que pour le plaisir de le faire et, parfois, pour faire du tourisme au nom du principe d'endurance physique sans doute mais également pour répondre à un message de paix lancé, par le soldat athénien Phillipidès et qui sera, d'ailleurs, à l'origine non seulement de la seule discipline mais des jeux Olympiques. L'Algérie est en mesure de créer son circuit d'une quarantaine de kilomètres dans les grandes villes que sont Constantine, ville hautement touristique, Jijel et sa côte de Saphir, Annaba et sa mosaïque de plages, Oran, Tlemcen et nous en passons au cas où la capitale ne serait pas en mesure d'accueillir un tel événement. Evidemment, d'aucuns peuvent arguer que l'Algérie a son marathon des dunes et le flux de sportifs ponctuels et de touristes que constituent ces derniers mais, quelle serait la raison qui s'opposerait à l'idée d'avoir un autre marathon, voire deux, trois ou quatre sachant qu'il s'agit pour les Algériens de faire connaître le pays et ses cultures ? Mais les grands espaces ne faisant pas défaut en Algérie, et encore moins les lieux et sites merveilleux que recèlent le pays, l'hospitalité habituelle de ses populations, la bonhomie de ses habitants, il ne pourrait malheureusement que se poser la question des infrastructures auxquelles toutes les instances sportives nationales doivent réfléchir sérieusement à l'avenir d'autant plus qu'il n'y a plus d'arguments valables à avancer pour remettre aux calendes grecques un tel défi, voire une obligation parce qu'il ne saurait plus être raisonnable de se situer en dehors d'une telle manifestation sportive pour laquelle, ailleurs, des partis politiques, des associations, des sportifs se sont presque battus pour son institutionnalisation. Au cours de ce mois d'avril, la wilaya de Constantine a organisé deux semi-marathons, l'un au chef-lieu de wilaya et l'autre -du nom du martyr Chihani Bachir- plus régulier depuis 1987. Malheureusement, ces deux rendez-vous ont été à la limite de la clandestinité et semblent à chaque fois constituer une corvée pour les organisateurs qui bouclent la rencontre en un temps record, mettant mal à l'aise les populations plus qu'en les conviant à ce qui devrait être une fête. Nous croyons sincèrement que c'est surtout par là qu'il faudrait commencer et réfléchir à la question si un jour les autorités en charge du secteur du sport se décident à la mettre en pratique. Si, depuis près de six mois, en observe un engouement pour un match de football qui se déroulera en juin prochain entre l'équipe nationale et celle de l'Egypte, il n'y a pas de raison que la même fièvre ne s'enpare pas des amoureux de l'activité première et essentielle de l'homme, celle pédestre même si ailleurs, les culs-de-jatte n'hésitent pas à prendre le départ d'un marathon. C'est dire le nivellement des sentiments, des sensations, des passions et des liens que suscitent à juste titre les marathons du monde. A. L.