«Compte tenu du calendrier international ainsi que des exigences internes, le chef de l'Etat a décidé de reconduire le gouvernement dans sa composition actuelle, à l'exception de M. Soltani Bouguerra qui quitte le gouvernement à sa demande.» Le président Abdelaziz Bouteflika a choisi la continuité. Pas seulement dans sa campagne électorale, mais également dans la composition du gouvernement qui gérera les affaires du pays au début de son troisième quinquennat.Après un suspense qui a duré une dizaine de jours, le président de la République a, en effet, décidé de reconduire le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et l'ensemble du gouvernement, à l'exception de Soltani Bouguerra, longtemps ministre d'Etat sans portefeuille, qui a quitté son poste, à sa demande.Le communiqué de la présidence de la République, rendu public au début de l'après-midi d'hier, est laconique. Concis et sans explications, malgré cette phrase qui justifie la reconduction de l'ensemble du gouvernement par «un calendrier électoral et des exigences internes». Sur le plan purement technique, Ouyahia se réunira donc avec les mêmes ministres et gardera le même ordre protocolaire, le président du MSP en moins. Derrière le Premier ministre, on trouve le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem. Vient ensuite un autre ministre d'Etat, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui garde et son statut et son poste. Le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, est le troisième dans l'ordre protocolaire, devant le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.Sur le plan politique, il n'y a que le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui perd un poste –et quel poste !- au détriment de ses deux rivaux, le FLN et le RND. De la même manière que les ministres technocrates, à l'image de Chakib Khelil et de Abdelhamid Temmar, pourtant éclipé un moment au profit du Premier ministre sur les questions économiques, gardent finalement leurs postes. Il en est de même pour le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui bat un autre record de longévité, malgré les scandales qui ont émaillé son secteur ces derniers mois. Le secteur de la communication se voit, lui, privé complètement de département, malgré les promesses électorales du Président. Azeddine Mihoubi est gardé, mais toujours dans ses fonctions de secrétaire d'Etat, auprès du Premier ministre, chargé de la communication.Malgré cette annonce, faite suite à un retard inhabituel, du moins sur le plan des usages, le mystère demeure entier sur les motivations du chef de l'Etat. Abdelaziz Bouteflika n'a-t-il pas donné des promesses de changement, du moins dans les pratiques ? N'a-t-il pas formulé des promesses de changer ce qui n'avait pas marché alors qu'il a reconduit les mêmes ? Sur toutes ces questions, le communiqué de la présidence de la République n'avait abordé qu'un «calendrier électoral» -dont la seule activité connue est la visite d'Etat qu'effectuera le chef de l'Etat en France- et des «exigences internes». Sans autres détails. Il est certain, par contre, qu'avec ce maintien, le chef de l'Etat est allé à contre-pied des pronostics avancés depuis quelques jours. Des noms de certains responsables ayant travaillé pour sa campagne électorale avaient même été cités comme probables ministrables. Une fois de plus, Abdelaziz Bouteflika a démontré que seul lui a la vraie information. A. B.