Photo : APS Par Ali Boukhlef Le Premier ministre français, François Fillon, a plutôt fait une bonne récolte à l'issue de sa visite de deux jours à Alger, même s'il n'a pas réussi à avoir l'avis définitif de Bouteflika quant à sa participation au sommet de Paris du 13 juillet. Si la seconde journée, celle d'hier, de la visite du responsable français n'était aussi chargée que la première, puisqu'au menu le protocole a prévalu, l'importance des activités l'est. Il n'y a eu que le dépôt d'une gerbe de fleurs au sanctuaire des martyrs, la visite sur le chantier du tramway d'Alger et l'entrevue, de plus de deux heures, suivie d'un déjeuner avec le président de la République. Et l'importance réside, justement, dans ce dernier point. Puisque le chef du gouvernement français a tenté de convaincre le président Bouteflika d'être présent le 13 juillet prochain à Paris. Mais de cette longue entrevue, rien n'a filtré. C'est tout juste si François Fillon parle, lors d'un point de presse animé au milieu de l'après-midi avec son homologue algérien, du «grand intérêt» que le chef de l'Etat aurait affiché à propos de l'union pour la Méditerranée. Sauf qu'à la pertinente question de savoir si Abdelaziz Bouteflika a dit «oui», le Premier ministre français a été plus politique que diplomate en répliquant qu'il n'est «pas le porte-parole de M. Bouteflika». Mais il se trouve que ce dernier a déjà répondu à la question laconiquement. Ou pas tout à fait, puisque, à une question claire, Bouteflika a préféré maintenir le suspense au maximum. «Chaque chose en son temps», a-t-il déclaré, coupant court à un journaliste français qui a pourtant posé la question au responsable français. Mais au-delà des questions et des réponses, Abdelaziz Belkhadem a donné le ton, déjà livré en partie dans une récente interview à un quotidien français, en parlant d'absence d'interlocuteur. «Au départ, il était question de projets entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Mais depuis un certain temps les choses ont changé. Nous ne savons même pas qui de Paris ou Bruxelles est notre interlocuteur», a asséné le chef du gouvernement. François Fillon ne pouvait pas à l'évidence afficher sa déception. Lui, qui aura certainement compris que Abdelaziz Bouteflika ne veut pas agir sous la contrainte et encore moins la sous la pression. Il est, certes, convaincu par l'idée d'un projet aussi ambitieux, mais ne vaudrait apparemment pas chambouler un agenda, national et international, établi depuis bien longtemps. Il est à noter dans ce sens que le président de la République a plusieurs rendez-vous pendant le mois de juillet, à l'instar du G8, du sommet sahélo-saharien et d'autres rencontres importantes. Sur un autre chapitre, En revanche, le Premier ministre français peut afficher sa satisfaction. Il a même livré une information que les autorités algériennes pourraient éviter. Il s'agit de la vente d'armes françaises à l'Algérie. Une première. Et cerise sur le gâteau, François Fillon a cité des hélicoptères de combat, tandis que d'autres sources diplomatiques françaises citent aussi quatre frégates, dont deux seront directement montées en Algérie. «Nous sommes intéressés à l'idée de participer au renforcement de l'équipement militaire de l'armée algérienne», précise Fillon juste avant de prendre l'avion pour Paris. Le chef du gouvernement français a aussi précisé que l'accord signé entre son pays et l'Algérie dans le domaine du nucléaire civil est «unique». Puisque, en plus de la fourniture de la technologie, la convention permettra, ajoute le responsable français, la construction d'une centrale électrique à énergie nucléaire. Ce qui «n'a rien à voir avec le contrat signé avec la Libye». C'est donc une visite contrastée qu'a effectuée François Fillon, «une première depuis 22 ans», aime-t-il à rappeler, dans notre pays. Sur la réussite économique, du fait de la concrétisation des engagements de Sarkozy notamment, se greffe le bilan mitigé du politique. Car, malgré l'insistance de François Fillon sur les vertus de l'union pour la Méditerranée, Abdelaziz Bouteflika préfère garder entièrement sa marge de manœuvre.