Photo : APS Par Ali Boukhlef Pour une fois depuis très longtemps, un responsable français en voyage à Alger n'est pas retourné bredouille à Paris. Le secrétaire général de la présidence française, Claude Guéant, a en effet été reçu, dimanche dernier dans l'après-midi, par le président Abdelaziz Bouteflika. Dans la matinée, il s'est entretenu avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il faut dire que cette énième visite de l'homme de confiance du président français Nicolas Sarkozy est loin d'être banale. Car, il y a tout juste trois mois, le 21 février dernier, Claude Guéant, accompagné du conseiller diplomatique de l'Elysée, était venu prêcher la bonne parole à Alger et tenter l'impossible avec Abdelaziz Bouteflika, en vain. S'il s'était entretenu pendant trois heures avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l'entrevue espérée avec le chef de l'Etat n'avait pas eu lieu. La crispation des relations entre les deux pays était loin de connaître son épilogue. Cette visite de M. Guéant a l'ambition de dégeler les liens rapports entre les deux pays, surtout sur le plan politique. «Nous avons parlé de l'amitié qui unit les deux pays», a simplement déclaré le collaborateur de Nicolas Sarkozy devant la caméra de la télévision nationale à la sortie de l'audience qui s'est déroulée dans la résidence d'Etat de Zeralda. Sans plus. Mais le fait de voir Bouteflika est un signe positif pour Paris. Puisque, depuis la visite en juillet 2008 du Premier ministre François Fillon, les portes de la présidence algérienne étaient fermées aux responsables français à tous les niveaux. A commencer par les ministres les plus importants du gouvernement de François Fillon, à l'image de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie et de Eric Worth, ancien ministre du Budget. Les raisons de ce boycottage sont nombreuses. Il y a cette histoire de la mémoire. Les déclarations de Bernard Kouchner, chef de la diplomatie. Mais il y a surtout l'affaire du diplomate Mohamed-Ziane Hasseni, toujours sous contrôle judiciaire malgré l'absence de preuve de sa culpabilité. Il est accusé, pour rappel, d'être derrière l'assassinat à Paris de l'avocat Ali-André Mécili en 1987. Le diplomate, lui, crie qu'il s'agit d'un homonyme. Quoi qu'il en soit, cette visite de l'émissaire de Sarkozy intervient à quelques semaines de la tenue, fin mai, du sommet Afrique-France à Nice, dans le sud de la France. Abdelaziz Bouteflika y était. Ce que le président français avait dit apprécier. Les relations entre l'Algérie et la France deviennent-elles, du coup, plus chaleureuses ? Seul le temps nous le dira. En attendant, les liens économiques, eux, n'ont jamais cessé.