Photo : Riad Entretien réalisé par Ziad Abdelhadi LA TRIBUNE : La mise en place d'un réseau de fibre optique vers les foyers va nécessiter un gros budget. Comment compte s'y prendre Algérie Télécom ? Malik Hachelef : Pas nécessairement par un gros budget. Cela était valable jusqu'à une certaine période. Actuellement, des techniques nouvelles de pose de réseau ont été élaborées qui permettent de réduire considérablement les dépenses et faire avancer les travaux à un rythme appréciable. Dès lors, nous avons porté notre choix sur la technique appelée «micro-tranchée» car elle répond le mieux à nos exigences. De plus, elle n'occasionne pas trop de désagréments le long du tracé, c'est-à-dire sur la voie publique et à l'intérieur des cités. Car en plus de rendre la pose facile, la «micro-tranchée» n'agresse pas ou ne détériore pas l'environnement. Elle est des plus pratiques car nous opérons sur des surfaces réduites et à de faible profondeur (12 cm⊃2; et 15 millimètres) et nous pouvons atteindre aisément le kilomètre de pose par jour. En somme, les travaux d'enfouissement des fourreaux de fibre optique par ce procédé reviennent moins cher, contrairement à ce qui se dit ici et là. Je tiens à faire savoir aussi qu'avant de passer à la phase exécution du projet, toute une panoplie d'études a été menée pour permettre au réseau de fibre optique de se déployer selon les objectifs fixés. Un déploiement qui, d'ailleurs, va nécessiter, en plus des travaux d'enfouissement des câbles, la mise en place de toute une infrastructure pour le raccordement des clients. On parle de différentes architectures ou structures de réseau de fibre optique pour le raccordement. En quoi consiste le choix d'Algérie Télécom ? Il est utile de rappeler et sans trop entrer dans les détails techniques que l'architecture d'un réseau peut se faire de deux façons différentes. Un réseau point à point (ou P2P) où chaque abonné dispose de sa propre ligne jusqu'au central et un réseau point-à-multipoint ou PON (passive optical network). Les signaux venant des fibres de plusieurs abonnés sont rassemblés par un diviseur/coupleur optique au sein d'une unique fibre reliée au central. Dans un réseau P2P, le débit accessible à chaque abonné sera donc forcément plus important que dans un réseau PON. La construction d'un tel réseau coûtera, en contrepartie, plus cher. C'est pourquoi Algérie Télécom a opté pour la technologie PON qui consiste donc à mettre en place un boîtier de raccordement de la fibre en bas de l'immeuble. En d'autres termes, le réseau fibré s'arrête au pied de l'immeuble (FTTB), à un point de distribution (FTTN). Une même fibre sert donc pour plusieurs abonnés. La desserte des différents domiciles à partir du point de distribution peut se faire via divers moyens : DSL, Wimax voire VDSL... Le FTTN peut être vu comme une solution de transition entre DSL et FTTH : grâce à la réutilisation d'une partie de la boucle locale existante, les coûts de raccordement actuels sont moindres que le FTTH. De plus, l'évolution d'un réseau FTTB vers le FTTH est facile et relativement peu onéreuse. De plus, nous maîtrisons la technique, ce qui va nous faciliter la tâche pour un déploiement rapide du réseau de fibre optique et de se rapprocher le plus possible du client. Vous dites qu'AT s'est fixé des objectifs de raccordement de foyers. Peut-on en savoir un peu plus ? Pour l'heure, notre terrain de déploiement se situe dans les nouvelles cités urbaines en voie d'achèvement ou près d'être réceptionnées. Il s'agira donc de pré-câbler les logements neufs. Une opération pilote a été entamée dans ce sens dans la ville de Bordj El Kiffan et d'autres chantiers vont démarrer dans quelques semaines. Les logements existants seront aussi concernés par l'accès aux gaines de fibre optique, histoire de se rapprocher, comme je l'ai dit auparavant, le plus possible des abonnés. Jusqu'à aujourd'hui, 45 000 km de câbles de fibre optique ont été posés, essentiellement dans les grands centres urbains. On envisage de déployer la fibre optique à travers tout le territoire national. En outre, je tiens à faire savoir en ce qui concerne la capitale que AT dispose de plusieurs anneaux en fibre optique de capacité de 10Gbits/s permettant d'offrir à ses clients de la capacité à haut débit que ce soit pour l'ADSL ou pour le réseau Intranet privé. Algérie Télécom planche actuellement sur une action qui consiste en la mise en œuvre des réseaux métro Ethernet, d'abord dans la capitale avant de s'étendre aux wilayas d'Oran et de Constantine. Algérie Télécom compte aujourd'hui 300 000 clients en termes de connexion Internet ADSL et prévoit de doubler ce chiffre en 2009 avec la mise en service de la connexion haut débit via le câble de fibre optique. Algérie Télécom qui dispose actuellement de 500 000 lignes ADSL déjà installées et prévoit d'atteindre un nombre de 3 millions de lignes d'ici la fin 2009. Je dirai enfin que nous comptons raccorder, d'ici la fin de l'année, près de 4 000 logements. Nous restons optimistes dès lors que ce chiffre peut être atteint de par les services accessibles grâce aux performances avantageuses que permettent les connexions par fibre optique, notamment depuis que celle-ci est utilisée de plus en plus à l'intérieur des réseaux de télécommunications. Avec le boom de l'Internet et des échanges numériques, son utilisation se généralise petit à petit jusqu'à venir chez le particulier. D'autant que cette technologie devient un support efficace pour répondre à la grande demande nationale en connexion Internet dans un premier temps et à l'accès des chaînes de télévision par câble dans un second temps. Justement, sur quoi repose votre offre commerciale par raccordement au réseau de fibre optique ? Comme je vous l'ai dit auparavant, l'offre de connexion à Internet et aux services multimédias par fibre optique est une véritable offre commerciale et non un simple test de plus. Après l'installation à domicile d'un équipement unique, à savoir un simple Modem relié directement au réseau optique donnant ainsi une grande connectivité multimedia aux clients. Lesquels devront souscrire un abonnement pour avoir accès aux programmes TV haute définition d'une cinquantaine de chaînes, la télévision IP. Télévision digitale fait partie aussi de notre offre commerciale, ce qui va leur permettre d'accéder aux chaînes satellitaires payantes via le bouquet TPS et Canal Satellite par carte d'abonnement comme le fait actuellement la chaîne ART qui propose officiellement aux Algériens des abonnements de 3, 6 et 12 mois pour des montants respectifs de 3 000, 5 000 et 9 000 DA. Est-ce à dire que l'offre triplays que vous proposez aux clients sera moins chère et riche en programmes ? Notre valeur ajoutée réside dans le débit de connexion, il est actuellement de 80 Go et sera extensible à 120Go, ce qui va nous permettre de raccorder un maximum de clients. Par ailleurs les tarifs d'abonnement que nous comptons appliquer seront très étudiés. Tout ce que je peux avancer aujourd'hui, c'est qu'ils seront à la portée de tout le monde. Vous restez donc très optimiste quant à l'engouement que va susciter cette nouvelle offre... En effet, je le suis. Le marché est en ébullition. La demande existe. D'autant que, dans plusieurs pays, la fibre optique n'a jamais été aussi à la mode ces derniers temps. Nous devons donc déployer cette technologie. Comme il s'agit pour AT de prendre une longueur d'avance sur ses concurrents pour éviter de perdre des parts de marché qu'il sera par la suite difficile de regagner.