De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili Les candidats aux examens du baccalauréat semblent appréhender autrement les épreuves sportives comparativement aux années précédentes. Il est d'abord utile de souligner que, les épreuves étant devenues obligatoires, tout candidat a peu de propension à les éviter à moins de recourir à des expédients, lesquels ont malheureusement encore une longue vie via le certificat médical de complaisance qu'il est parfois difficile de remettre en cause et pour cause… les risques d'erreur venant infirmer le diagnostic établi par un médecin autre que celui relevant de l'éducation et qui parfois peut s'avérer authentique. Il est vrai que tout cela paraît compliqué mais les différents responsables des directions de l'éducation ont à tort ou à raison à chaque fois préféré regarder ailleurs et, par voie de conséquence, fermer les yeux pour ne pas dire tolérer des cas épars, certes, mais parfois relativement nombreux par rapport au nombre de candidats. Quoi qu'il en soit, nous avons tenté de comprendre les mécanismes certainement pas ordinaires incitant des candidats ou candidates à éviter cet écueil… parce que c'en est effectivement un pour certains, à telle enseigne que le stress accumulé les dissuade parfois de faire l'impasse sur toute l'épreuve. Au-delà d'une forme de complexe plutôt, pour une raison ou une autre, répandue parmi des candidates qui, quoique résolues à passer l'épreuve, tenaient à le faire plus harnachées d'un accoutrement anachronique que vêtues pour la circonstance ou encore d'autres peu enclines à s'essayer à l'effort parce que convaincues de leur échec pour des raisons physiques parfois avérées et parfois trop souvent exagérées. Sauf que, depuis deux ou trois ans, les réputés futurs bacheliers réfléchissent autrement et voient en ces épreuves (sportives) le moyen de multiplier leurs chances de succès à l'examen final en ce sens que «moi qui suis très alerte et pour avoir pratiqué de la gymnastique tout ne peut qu'être bénéfice sachant que je suis persuadé d'obtenir au minimum un ‘‘16'', lequel, quelle que soit la hauteur du coefficient, me permettra de gagner des points supplémentaires, voire de multiplier mes chances de passer ce cap. D'ailleurs, j'ai tout intérêt pour ce faire et cela me permettra de faire l'appoint avec l'épreuve de français où j'ai également de très fortes prédispositions», nous dira M. Mina, une candidate en sciences exactes. Ce qui ne semble pas être le cas toutefois pour Lamia A. qui est persuadée de passer à côté, elle qui repasse le baccalauréat. «L'année écoulée, j'avais réussi à me faire dispenser, je ne vous cacherai pas que ma mère qui est infirmière m'a beaucoup aidée et a fait jouer ses relations pour m'en dispenser alors qu'il n'y avait en réalité aucune contrainte particulière à ce que je participe. Je m'y suis refusée pour deux raisons, la première, j'étais persuadée d'être handicapée par mon hidjab, la deuxième est que, sur le plan pondéral, il m'était pratiquement impossible de faire une dizaine de mètres au trot sans risquer d'y laisser mes poumons.» En tout état de cause, Mina et Lamia, avec des fortunes diverses, vont devoir y aller. Nous avons enfin pris attache avec Farid Y. dont le cabinet médical a pignon sur rue dans la ville de Constantine. Ce dernier n'hésitera pas à nous confirmer qu'il délivrait effectivement des dispenses d'activité physique en grande partie justifiées et parfois sans être trop regardant sur d'autres. «Vous savez, ce n'est pas faire une entorse à la morale ou encore au serment que nous avons prêté en tant que médecin mais il m'arrive sans aucune mauvaise conscience de délivrer de telles attestations en estimant parfois rendre service à ceux qui les sollicitent. J'ai affronté les durs moments de tels examens et, quoique loin de moi l'idée d'encourager la roublardise, je me dis que c'est peut-être une manière comme une autre d'aider les autres à partir à chances égales. C'est ainsi mais c'est comme ça.»